Chapitre 2

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Mon téléphone me réveille en sursaut. J'ai tellement peur de ne rien entendre quand je dors que je met toujours les sonneries au maximum.
- Allo?
- coucou marmotte! Tu es chez toi? Je peux passer? Je reconnais instinctivement la voix d'Antoine. Je m'assoie dans mon lit en lui répondant qu'il peut arriver quand il veut. Après tout il a les clés de chez moi. Au moment où je répond oui j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre et la communication est coupée.
Antoine pose son casque et enlève sa veste en cuir ainsi que son foulard. Je le dévore des yeux. Il en est conscient puisqu'il me fait un clin d'œil. Je suis toujours en vieux t-shirt et petite culotte, les cheveux en bataille et la tête enfarinée. Il ôte ses baskets et s'approche du lit.
- tu es encore habillée? Me lance Antoine en enlevant son haut.
Je ne peux pas détacher mes yeux de son corps. Je regarde son tatouage qui démarre de sa poitrine monte sur son épaule et redescend dans son dos. Il n'a pas un gramme de graisse. D'habitude je me sens énorme à côté de lui. Mais quand nous sommes tous les deux j'oublie l'image que j'ai de moi-même. Je chasse cette pensée de ma tête et me concentre sur son corps. Il enlève son pantalon et vient se blottir contre moi. Il est frais. Il me fait remarquer que je suis toujours habillée, et maintenant que son corps est caché par la couette je peux m'exécuter. Pendant que je termine d'enlever ma petite culotte, je sens ses mains monter de mon ventre vers ma poitrine. Il a les mains douces et déclenche une vague de frissons. Sa bouche vient au contact de la mienne. Il cherche ma langue. Je répond à son baiser avec passion. Mais comment j'aime ce mec! Ses doigts jouent avec ma poitrine, mais ça ne lui suffit plus. Il descend sa main vers mon entrejambe, je ferme les yeux et apprécie le contact de sa peau contre la mienne. Je sens son désir et glisse ma main dans son caleçon. Mais ça ne lui suffit pas, et à moi non plus. Je le pousse et me met à califourchon sur lui. Je veux lui montrer à quel point je l'aime. Je laisse s'enfoncer en moi et nous gémissons à l'unisson.

***

Je m'essore les cheveux. Je les enroule dans une serviette et je sors de la salle de bain. L'air frais du salon me fait frissonner. J'allume la PlayStation et active ma playlist. Rammstein se lance et je monte le son. Ce groupe a le don de me mettre la patate. Antoine est reparti. Même si sa visite a été courte, elle a été intense. Rien que d'y penser un frisson de désir me parcourt. Son corps est vraiment loin de me laisser indifférente. Mais le souci est toujours le même. On se voit, on s'envoie en l'air mais on ne parle pas. On ne parle jamais. Il a toujours un truc à faire pour esquiver les conversations, et ça m'énerve. Je rêve d'une vie avec lui mais on ne parle jamais d'avenir. Ses paroles me reviennent en mémoire "je ne te garde que parce que tu sais cuisiner et que je m'éclate au lit avec toi". C'était il y a longtemps et je ne les oublies pas. Je n'arrive pas à effacer ce regard plein de dégoût qu'il m'avait jeté. Une larme solitaire coule le long de ma joue. Je la balaie d'un revers de la main. Je dois m'occuper de mon appartement avant d'aller travailler. J'enfile un jogging et un vieux t shirt, ça ira pour le ménage. Mon téléphone sonne pour m'annoncer un texto. C'est Antoine.
Tu fais quoi?
Ce message me fait rire.
Le ménage, l'appartement en a besoin je crois. Je te vois ce soir?
Je redoute un peu sa réponse mais qui ne tente rien n'a rien.
Oui je crois bien. Et non tu finis à 3h, demain j'ai promis à mon petit frère de jouer avec lui.
Je répond que je comprend et lui souhaite un bon courage pour son après midi de boulot. Je me dit qu'on ressemble plus à des amis qui baisent ensemble qu'à un couple. Tant pis, une nouvelle fois je prends sur moi. Et mon après midi solitaire avance.

Une nouvelle fois mon téléphone sonne. C'est Mathieu.
Salut Princesse, tu payes ton café?
Avec plaisir 😊

Pourquoi j'ai accepté? Il est plein de bonnes intentions et très prévenant à mon égard. J'ai pas l'habitude de ce comportement. Ça me plait mais ça m'effraie en même temps. J'en ai marre de me sentir seule, mais est ce que c'est suffisant pour faire entrer cet homme chez moi? Mes doigts ont répondu plus vite et ma conscience m'engueule. Je flaire le piège à plein nez, mais ma solitude me pèse tellement que mon corps agit plus vite que ma tête. Après tout ce n'est qu'un collègue. Qu'est ce que je risque? Il ne m'a jamais dragué, que je sache. Il m'appelle seulement princesse, ce n'est rien de méchant. Pourtant, j'angoisse. Sa présence me plait, mais j'aime Antoine. C'est avec Antoine que je veux construire quelque chose. Pas avec Mathieu.
Mon corps continue d'agir sans le consentement de ma conscience. Me voilà dans la salle de bain, je me change vite fait et attache mes cheveux encore mouillés. Putain Marie! Mais qu'est-ce qu'il te prend? Ça ne te ressemble pas. J'allume une énième cigarette et m'assoie sur le canapé. Je prends ma tête entre mes mains. J'ai l'impression de faire quelque chose de mal, pourtant ce n'est qu'un collègue. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. On ne peut pas dire que je sois attirée par lui. C'est l'opposé d'Antoine. Pas de tatouages, chauve, barbu et assez costaud. Je n'aime pas son physique, il ne m'attire pas. Alors pourquoi j'agis comme si je recevais mon petit copain? Et si je le rappelais? Je lui dit que j'ai un truc de prévu au dernier moment. C'est mal ce que je fais. Mais je ne sais toujours pas pourquoi.

On frappe à la porte.

Plus jamais seuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant