Plusieurs semaines ont passé. Rien ne s'arrange pour moi. Une fois de plus je pars vers le bowling. Ce train train me bouffe un peu plus chaque jour. C'est dimanche, derniers jours avant mon repos. Ça va faire du bien.
Je sais que Kiki va passer ce soir, ainsi que les habitués du dimanche. Une journée de plus dons mon interminable routine.Je gare ma 306 et m'avance vers l'entrée du bowling. C'est la seule activité intéressante du coin en attendant que les boîtes de nuits et là bar ouvrent sur la côte. En attendant le boulot est pour nous! Je salue les barmans et me dirige vers mon comptoir. Ma collègue me briefe en quelques secondes et se sauve. Son homme l'a invité au restaurant (encore). Je lui souhaite une bonne soirée avec un pincement au cœur et une pointe de jalousie. Elle en a de la chance, elle... j'ai vu plusieurs fois Antoine, rien ne change.
- encore dans tes pensées, princesse! Me fait remarquer Mathieu.
- oui je pensais à Antoine justement.
- étonnant ... raille-t-il.
- écoute, Mathieu, tu es de bon conseil, mais je ne peux pas me résoudre à le quitter. Je l'aime et j'ai cinq ans de souvenirs avec lui. Certes, notre relation n'est pas au beau fixe mais ça va s'arranger.
- Marie, tu es la seule à y croire. Ouvre les yeux, il y a des personnes pour qui tu compte. Putain, Marie, ouvres tes yeux! Lance Math.
- arrête, tu ne sais rien toi! Depuis que je te connais, tu me dit de le quitter, mais tu ne cherches même pas à comprendre.
- alors viens faire un rami ce soir et explique moi.
Et si je l'envoyais bouler?***
Mais qu'est ce que je fois la?! Je m'avance dans l'allée plongée dans la pénombre, la grande maison familiale de Mathieu trône fièrement au bout. Sa maison est immense et majestueuse. Le train autour est impressionnant: de vieux et majestueux arbres se tenaient fièrement au milieu d'un gazon entretenu, des massifs de fleurs donnaient de la couleur, une piscine creusée cachée par une haie. Je savais que Mathieu entretenait ce terrain des qu'il avait du temps libre. Il a encore beaucoup de boulot devant lui, mais il commençait à avoir de la gueule.
Cette maison, aussi majestueuse soit-elle, m'impressionne et me met mal à l'aise à la fois. Mathieu s'occupe de cette maison depuis le décès de ses parents il y a quelques années. Malgré qu'il ait des frères et sœurs, c'est le seul à entretenir cet héritage.
Je frappe à la porte. La lumière s'allume quelques secondes après et il m'ouvre la porte. Il porte un jogging et un t-shirt bien trop grand pour lui. Il est pieds nus et totalement décontracté. Contrairement à moi. J'ai beau me sentir anxieuse en sa présence, je suis pourtant là, plantée devant lui.
- tu arrives au bon moment, me lance-t-il en s'écartant de la porte, une lueur malicieuse dans les yeux.Bon, ok.
- ah oui? Pourquoi? Répondais-je en posant mon sac.
- le thé est prêt!Mes épaules se détendent instantanément. Je ne sais pas pourquoi j'ai peur de lui, pourquoi je suis mal à l'aise. J'en déduit toujours que c'est à cause d'Antoine, mais s'il y avait autre chose?
- vient princesse, dit il en s'engouffrant dans le salon.
- je ne suis pas une princesse! Je ne dois rien à personne.
Je croise mes bras et je le regarde d'un air de défi. Il se retourne et me dévisage. Son air est impassible, puis il se met à rire.
- en effet, tu es bien des choses, mais pas une princesse. Viens faire un rami, tu sera une multitude de choses qui aura pris sa branlée!Un défi? Je m'installe devant la tasse fumante et le regarde battre les cartes. Il a une aisance stupéfiante. Comme s'il ne doutait pas qu'une carte puisse sortir du paquet. Il distribue et je range mon jeu. Pas mal. J'ai pas mal de têtes. Je devrait m'en sortir. Il me parle de tout et de rien, il me met à l'aise. Puis me demande de lui expliquer clairement ce qu'il se passe avec Antoine. Je déballe mon sac. Je n'ai pas spécialement envie de me confier à lui, surtout pas à lui me dit ma conscience, mais le désir de parler est plus fort qu'elle. Je lui parle de tout, de tout depuis le début. Les sorties, les rigolades, les supers souvenir que j'ai avec lui. Et je passe aux moins drôles. Comme la fois où son amie d'enfance lui a proposé de me laisser de côté pendant les Ferias de Dax. Pourquoi? Parce qu'elle voulait seulement se faire baiser. Depuis je ne lui faisait plus confiance, à elle. Puis après elle lui envoyait des messages tendancieux. Et le soir de la saint Valentin qu'elle a passe avec lui alors que je bossais. Je lui en ai voulu pour ça. Même si je ne lui avait jamais dit. Je lui parle des vacances que nous avions jamais pris ensemble. Et de la fois où il m'a emmené en vacances avec sa famille. J'ai passe une semaine très longue en compagnie de sa mère avec qui j'ai passé mon séjour. De son indifférence. De ses remarques. Et même de ses réflexions jalouses envers Mathieu. Je me suis mise à pleurer inconsciemment. La partie s'est arrêtée d'elle même et Math est venu s'assoir à côté de moi. Il m'a prise dans ses bras.
- tu dois trouver le courage de t'en aller. Tu dois te sortir de cette situation, me dit il doucement.
- mais je n'arrive pas à discuter avec lui. Je n'arrive pas à le faire réagir!
Je ne contrôle plus les flots de larmes qui ruissellent sur mes joues. De la, tout se passe très vite. Il attrape doucement ma tête et s'approche à quelques centimètres de mon visage. Je plonge mon regard dans le sien, j'essaye de savoir à quoi il pense, mais je ne décèle rien. Jusqu'à ce qu'il colle ses lèvres contre les miennes. Je me dégage violemment.
- mais qu'est ce qu'il te prend?! Tu es fou? Je te parle de mes problèmes de couple et toi... toi tu en profites....J'ai déguerpi. Très vite. Je me suis enfui loin de ça. Pour une fois que quelqu'un fait attention à moi, c'est seulement pour essayer de me serrer? Tous ces mecs me gonflent. Je sanglote en m'installant au volant. Qu'ai-je fais pour les attirer? Je ne suis visiblement qu'un morceau de steak, une fille qui n'intéresse que pour écarter les cuisses. J'entends la voix de Mathieu qui m'appelle. Je démarre. Il crie encore mon prénom. Je recule et s'amarre en trombe. Je le vois dans mon rétro qui cours derrière la voiture.
- Marie!!! Reviens...
sa voix se perd dans la pénombre. Je veux rentrer chez moi. Dans mon cocon.

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Plus jamais seule
RomansaJe m'appelle Marie, et je suis heureuse. Mais ça n'a pas toujours été le cas. Je suis passée par un nombre incalculable d'épreuves pour avoir ce que j'ai aujourd'hui. j'ai été au fond du trou, j'ai même continué à creuser. Même si l'amour m'a enfonc...