Chapitre 5

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Min Yoongi

Comment dire que j'ai fait un bon saut mental en voyant qu'il y avait quelqu'un assis contre la porte, plus précisément ce Jimin. Il se lève aussitôt, le visage teinté de rouge et me dit qu'il aimait ce que je jouais avant de partir. Bon, la surprise que j'ai eue quand il a dit ça a sûrement paru sur mon visage, personne ne m'a dit ça avant. En fait, plus personne ne m'a réellement parlé, pas plus que je leur ai adressé la parole depuis mon arrivée à cette école de snobinards.

Honnêtement, ça m'a fait quelque chose d'entendre une chose pareille. Comme si j'ai eu l'impression que j'avais enfin une certaine valeur. Mais bref, c'est pas grand chose et ce mec là avait sûrement rien à faire à part s'assoir le cul ici, il connaît rien ni personne.

Je sors de l'école mes écouteurs aux oreilles. Je marche quelques minutes sur le trottoir avant d'arriver à mon endroit habituel. J'ai fait ce trajet je ne sais combien de fois depuis que j'ai déménagé ici. C'est un lieu simple et calme, un peu un des seuls ou je me sens “entier”. Cela ne semble pour les autres être un rocher érodé par le sel de la mer et les vagues, qui le recouvraient anciennement. Pour moi c'est un siège gratuit avec le plus beau spectacle du monde : l'eau marine, glaciale, aussi changeante que le ciel. Tantôt lisse et paisible, tantôt écumante de rage et bouillonnante sous la force du vent. Parfois grise sous le ciel sombre et orageux et souvent d'un bleu sombre et profond sous le soleil brillant. L'image n'est que plus belle pendant le crépuscule, l'eau et le ciel se teintent de couleurs uniques et vives.

C'est sur le rocher anthracite veiné de quartz rose que je prend place et je sors mon cahier de mon sac. Ce cahier, ainsi que les 13 autres, déjà remplis que je garde précieusement dans un coffre, est un autre de mes échappatoires avec le piano. Tous les jours sans exception, je viens ici, peut importe s'il y a des intempéries pour écrire. J'écris chaque jour, mes sept pages et demie et pendant ce temps, ces présences semblent disparaître et stopper de ronger mon âme. Et après cela fait, dans un autre cahier, qui m'est tout aussi précieux, j'y écris des paroles de chansons. Ces paroles, personne n'en sait l'existence, tout comme mes sept pages et demie.

Ces paroles peuvent avoir aucun ou peu de sens pour la plupart, mais pour moi, elles me font toujours comprendre que je ne serais plus celui que j'étais avant, avant que tout soit bouleversé. Elles me font comprendre qu’ aimer un autre à nouveau ne sera trop sûrement qu’impossible. Elles me font comprendre que parler aux autres, juste leur dire un simple mot m'est également impossible, avec toutes ces voix qui parlent à la place de ma conscience dans mon esprit.

C'est donc environ une heure et demie plus tard que je reprend le chemin qui me mène à mon studio. Le soleil qui commence déjà à coucher, signe que l'hiver approche, colore doucement le ciel d'une grande variété de couleurs, du jaune clair au violet au rouge sang et au bleu si sombre qu'il en semble noir.

J'arrive devant la porte et la déverrouilla avec mon double de clés caché sous le pas de ma porte, vu que j'ai la flemme de sortir celles au fond de mon sac. J'entre et referme la porte aussitôt. Je fais donc ce que je fais toujours, ou presque. Je sors du frigo un repas à réchauffer au micro-ondes et le fait chauffer. Pendant ce temps, je vais prendre une douche rapide sous l'eau presque brûlante et m'habille de vêtements amples et sombres. Je mange lentement en lisant un livre quelconque pour un devoir. C'est très chiant, mais bon, faut le faire quoi. Vers 23h j’éteins finalement les lumières et va me coucher, en espérant que les cauchemars de cette nuit soient moins pires que ceux de la nuit dernière.




Contente que le nombre de mots augmente >•<

JUST LET ME BE SILENT Y.minOù les histoires vivent. Découvrez maintenant