your kidness touched me | 𝓭𝓪𝓻𝔂𝓵 + 𝓫𝓮𝓽𝓱

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« Ça fait trois semaines qu'on a quitté Atlanta, déclara Rick à l'intention de Daryl.

Le concerné ne lui répondit pas. Il continua à marcher et à tourner la tête de temps à autre pour voir les autres membres du groupe marcher comme lui, le cœur lessivé et l'espoir jeté à terre. Il se demanda même si dans leur démarche, ils ne faisaient pas aussi rôdeurs que les véritables.

-Je sais ce que tu as perdu là-bas, continua calmement Rick. 

Daryl avala difficilement sa salive. Le soleil tapait fort, ne facilitant pas leur marche de désespoir. Il tenta de ne pas bouger la direction de ses yeux. Il regardait droit devant. Il savait se contenir et sur le moment, il comprit que c'était une bonne qualité, pour vivre dans un monde pareil. Mais il passa au dessus de sa volonté et tourna la tête vers son ami. Il se demandait quel était le but de Rick de lui parler de ça. Comme si ce n'était pas assez difficile à supporter. Il était justement sur le point de lui faire une remarque agressive.

Non, en vérité, il ne savait presque rien.

Mais il vit Judith dans les bras de son père. Il ne savait guère pourquoi, mais cela l'obligea à s'abstenir de parler. Il regarda un peu plus longuement le bébé. Judith avait déjà de petits cheveux blonds, et des yeux aussi bleues que son père et son frère.

Bleus comme quelqu'un d'autre, également...

Beth aimait Judith. Elle s'en occupait énormément. Même parfois plus que Rick. Il l'avait même entendu dire qu'elle avait toujours voulu avoir des enfants. Judith était comme un point d'ancrage pour Daryl, la seule et unique chose qu'il pouvait voir et qui le raccrochait encore à Beth. Mais la petite fille commençait à s'agiter.

-Elle a faim, déclara Daryl en remerciant Judith intérieurement de l'avoir sauvé d'une discussion insupportable.

-Ne t'en fais pas pour elle, répondit Rick en serrant un peu plus Judith contre lui.

-Il faut trouver de l'eau et de la nourriture.

Daryl s'éloigna un peu sur le coté et déclara un peu plus fort pour que tout le groupe entende :

-Je vais faire un tour dans les bois. Je vais voir ce que je peux trouver.

Comme il s'y attendait, Carol proposa de l'accompagner. Il déclina. Elle ne broncha pas et accepta de ne pas partir avec lui. Elle comprenait. Elle s'approcha simplement et lui chuchota à l'oreille pour que personne n'entende son propos, excepté lui :

-On est pas encore mort.

Elle marqua une pause.

-Tu n'es pas mort, continua t-elle en lui tendant quelque chose.

Daryl prit l'objet qu'il ne reconnut pas tout de suite. Carol tourna les talons et partit rejoindre les autres. Il commença alors à s'engouffrer dans les bois, toujours avec cette chose entre les mains. Il comprenait pourquoi Carol était partit précipitamment après lui avoir tendu. Elle ne voulait pas lui expliquer ce que c'était, car il savait. Il l'avait assez vu. Il enleva la pochette de cuire qui recouvrait le couteau. Il était à Beth. Carol l'avait sans doute récupéré après tout ça, pensant qu'il devait être remis à Daryl. Il le garda en main pendant tout le trajet. Une vague étrange montait en lui. Il avait du mal à respirer.

Il se souvint alors de cette nuit horrible qu'il avait passé avec Beth dans le coffre d'une voiture. Il ne savait pas pourquoi cet épisode en particulier lui venait à l'esprit. Peut-être parce qu'il avait ressenti cette même peur, cette même angoisse et ce même mal être. Dans ce coffre où il était presque impossible de respirer correctement, il n'y avait qu'une petite ouverture qui permettait à Daryl de positionner son arbalète correctement, au qu'à ou un rôdeur arriverait à ouvrir le coffre. Ils restèrent des heures les yeux grands ouverts, avec la peur au ventre, à entendre les cris et les dents des marcheurs claquer. Ils passèrent des heures collés l'un contre l'autres, ne pouvant pas parler. Même si Daryl avait gardé un œil presque toute cette nuit sur son arbalète, il avait aussi regardé les yeux bleus de Beth, qui avaient été éclairés par la petite ouverture dans la carrosserie.