Je viens de briser les règles pour réaliser mon rêve. Partir à la découverte du monde, celui qui m'effrayait mais qui maintenant m'émerveille. J'ose mes premiers pas sur le sol pavé. J'avance lentement, sous le regard curieux ou amusé des rares passants. Je ne sais pas où aller, plusieurs chemins s'offrent à moi. Je décide alors de prendre celui qui est en face de moi, comme s'il s'agit d'un signe. Je n'ai jamais cru aux histoires de destinée mais là, c'est différent. C'est différent parce que je deviens différent. Certes, j'ai l'air d'un gamin perdu dans une ville inconnue mais je ne regrette rien. Pourquoi m'avoir menti pendant ces longues années ? J'ai perdu trop de temps inutilement mais j'ai appris à mieux observer les faits et gestes de chaque passant. Du haut de ma fenêtre j'essayais de comprendre leur comportement. Je saisissais chaque détail. Et je m'amusais à les recopier, à agir comme eux.
J'entends un bruit derrière moi. Un klaxon. Puis des phares d'une voiture se rapprochant dangereusement de moi. Je réalise à cet instant que je suis sur la route. Je me précipite sur le trottoir, de justesse, mais avant le choc. Je mets une main sur ma poitrine et ressens les battements rapides de mon cœur sous mes vêtements. L'adrénaline.
Le vent souffle de plus en plus fort et je commence à grelotter. J'ai froid. Je boutonne ma veste jusqu'en haut et remonte mes mains dans les manches pour être le moins en contact avec l'air. En me sentant prêt, je reprends ma route. Les lumières artificielles et les rayons de la lune me permettent d'avancer dans le noir. Je marche rapidement pour me réchauffer tout en regardant autour de moi. Quelle belle architecture !
Je trouve que le monde extérieur est un endroit magique et qu'il y a tant de choses à découvrir, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. C'est tellement plus impressionnant de voir la réalité qu'à travers un bout de verre. Mais en y repensant, je revois ma chambre, ces visages familiers dans mon esprit. Pris d'un soudain élan, je me retourne mais ma maison est loin maintenant. Elle appartient à mon passé alors que moi j'appartiens au futur, à l'avenir. Je lève mon droit bras et essaye de la toucher du bout des doigts, en vain. Je laisse alors retomber mollement mon bras le long de mon corps et des larmes commencent à couler sur mes joues. Tristesse. Il faut que je rompe ce lien qui m'attache encore à ma prison. Alors rassemblant tout mon courage, je tourne le dos à la maison de mon passé une dernière fois.
Je traverse des rues désertes de moins en moins éclairées. Le vent frais devient glacial. J'ai froid et je suis fatigué. Mes larmes ont séché sur mes joues avec le vent. J'ai perdu la notion du temps et je suis loin de chez moi. J'aurais dû dire au revoir à mes parents au lieu de laisser cette lettre. En y rependant, c'est mieux ainsi. J'espère qu'ils comprendront ce que je ressens. Je ne pouvais plus vivre comme ça, il fallait que ça change. J'ai besoin de vivre réellement ma vie et pas me l'inventer à travers les livres. J'apprendrai à vivre par moi-même. Je ferai des erreurs au début mais je finirai par réussir. Je ne dois jamais abandonner, même après un échec.
Je continue de marcher le long des bâtiments, à la recherche d'un endroit pour me reposer. La fatigue et le froid m'affaiblissent et je ne sens plus mes mains ni mes pieds. Le froid les a engourdis. Je traîne maintenant des pieds, ralentissant par conséquent mon allure. Je finis par apercevoir un parc à quelques mètres de moi. Rassemblant mes dernières forces, je me dirige dans ce petit coin tranquille. Je fais le tour de la grille pour trouver l'entrée. La grille est rouillée par endroit comme le cadenas retenant le loquet du portail. Je tire dessus et il se casse dans mes mains. Je jette les débris par terre et entre dans le parc. Le vent agite les feuilles des arbres en faisant beaucoup de bruit. Mon ventre se tord avec la peur et j'enroule mes bras autour de mon corps pour me protéger. Je finis par remarquer un banc sous une pergola et m'y dirige. Je serai à l'abri de la pluie et du vent. Je m'installe alors sur le banc, sors la couverture de mon sac et m'enroule dedans pour me réchauffer. Je m'allonge sur mon lit de fortune et pose ma tête sur mon sac en guise d'oreiller. Je grelotte mais un sourire étire mes lèvres gercées. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis parti mais je suis heureux. J'ai surmonté ma peur du monde extérieur. Je ne regrette pas d'être parti même si je suis un peu triste. Mais demain, quand le soleil sera levé, je prendrai ces paysages en photo pour les immortaliser. Parce que je ne veux pas oublier tout ce que je verrai pendant ma fugue. Je veux me souvenir de chaque moment passé pour faire partager mes aventures avec d'autres personnes. Je trouverai peut-être un compagnon de voyage.
Je souris malgré le froid qui pénètre mes vêtements. Je fixe mes doigts devenus bleus et les ramène contre moi. Pour garder le maximum de chaleur, je me mets en position fœtale. Le froid pique mes yeux et mes joues me brûlent. Tous mes muscles refusent de se mouvoir et je me sens vraiment fatigué. Je ne retiens plus mes paupières lourdes et finis par tomber dans les bras de Morphée.
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You never walk alone
FanfictionOn m'a dit que le monde extérieur est dangereux mais j'ai envie de le découvrir. Je partirai ce soir. Je volerai vers la liberté. Qui sait ce que je trouverai sur mon chemin?