Enora

III

La pluie passée, il était déjà samedi matin. Alors quand le soleil se décida à percer derrière les fenêtres de Lucas, il se réveilla, bien trop tôt d'après lui. Quel adolescent normalement constitué se réveillait si tôt le week-end ?

En balançant sa couette spiderman par terre, il grogna sur son oubli de fermer ses rideaux, et vint à son bureau. Un dessin d'Enora, pas encore fini, était posé en plein milieu, à côté de son matériel d'encrage. Sur le dessin, il avait retiré les petits défauts de la jeune fille. Les petits boutons sur son front ? Ils n'existaient pas sur la feuille de papier, au même titre que les cernes sous les yeux de sa voisine.

Encore ensommeillé, il contempla de longues minutes le dessin. Il était beau, ce dessin. Magnifique, même. Aussi beau qu'Enora. 

Elle lui manquait. C'étai bizarre, mais le peu de petits mots qu'ils avaient échangés lui manquaient. Alors, forcément, quand il eut l'idée qu'elle pouvait être réveillé, il courut dans la cour de la maison pour aller chercher quelques graviers et revint vite dans sa chambre.

Ce n'était pas la technique la plus sympathique pour prévenir la jeune femme qu'il voulait lui parler, mais s'en était tout de même une. Puis, c'était comme cela que leur premier véritable échange avait commencé...

Il ouvrit sa fenêtre, en essayant de ne pas trop la faire grincer, pour ne pas réveiller ses parents. Une fois qu'elle fut grande ouverte, et lui aveuglé par le soleil, il balança un des graviers en face. Mince. Il avait raté le lancer. Vite, il recommença encore et encore à lancer des petits cailloux sur le mur blanc, jusqu'à ce que la fenêtre d'Enora s'ouvre.

- Yes., se murmura-t-il à lui même.

Alors qu'il lui faisait un signe de la main, tout content, la brune bailla et se frotta les yeux. Ses cheveux n'étaient pas tressés comme à leur habitude, mais simplement lâchés et en bataille, signe qu'elle venait de se réveiller. La confirmation vint rapidement à Lucas ; un petit papier de la part d'Enora.

"Je dormais, désolée..."

La garçon fit un sourire encore plus énorme que l'autre avant d'écrire une courte réponse, et l'envoyer très vite.

"Tu m'as manqué"