Cap de m'aimer à en mourir ?

Chapter Sixteen

Avec tout ça c'est l'heure de partir. Déjà? Oui. Déjà. Elles se prennent la main. Elles s'en vont euphoriques de quitter ce travail sinistre. Comme des enfants. C'est juste un petit bonheur de se promener à deux dans les rues de Los Angeles. À deux. Pas de couple. Pas d'amour. Officiellement. Dans un jeu il y a des règles. Dans un jeu il n'y a pas d'étiquettes. Alors on prend comme ça vient. Et on joue. Mais surtout on ne triche pas.

" Il fait froid. "

" On est bientôt arrivées. Je peux pas faire grand chose, je te tiens déjà la main. "

" J'ai faim. "

" Je viens de te dire qu'on arrivait. Tiens j'ai envie de pizza. "

" Je m'ennuie. "

" T'es chiante un peu. Non? "

" Non. Pas du tout. J'ai froid. "

" Tu veux me faire plaisir ? "

" Euh. Ouais ? "

Elles passent près de l'aéroport. Lauren a un mauvais pressentiment. D'un coup. Comme ça. Le sourire de Camila renforce cette impression. C'est maintenant une certitude. Trop tard.

" Cap de prendre le prochain avion qui arrive décolle? "

Lauren l'embrasse. Pression sur sa main. Un peu de chaleur. Avant quelques jours.

" Cap. "

Elle est déjà partie.

***

Les nuages défilent. Elle ne sait même pas où elle va. Miami ? Boston ? Elle en sait vraiment rien. Elle ferait n'importe quoi pour Camila. Pour lui prouver qu'elle peut faire n'importe quoi. Tout ça c'est pour elle. Dire qu'elle est dans un avion. Direction inconnue. Elle rit de cette situation. Tellement ridicule. Elle se sent bien dans ce ridicule. C'est tout ce qui lui importe. Elle appellera Camila quand elle sera à destination. Elle en profitera pour voir où elle est. C'est peut-être un message. Quelque chose comme "pars loin et ne reviens pas." Non. Elle pense pas. Elle espère pas. Et si c'était fini? Peut-être qu'elle aura pas le droit de revenir. 'Faut que j'arrête.' C'est juste un jeu. Un putain de jeu. Et c'est encore un pari débile. Les niveaux se corsent. La partie devient, certes, intéressante. Mais ça pourrait vite tourner au cauchemar.

Camila est rentrée à l'appartement. Elle ose pas dire leur appartement. Leur. Ca sonne trop vrai. Ca lui fait peur. Parce qu'elle sait pas si Lauren dirait leur appartement. Elle se demande où elle peut bien être en ce moment. Elle appellera sûrement. Elle espère en tout cas. Et si elle n'appelait pas? Camila se rend compte qu'elle a pris de gros risques. Ouais. C'était risqué de l'envoyer elle ne sait où. Elle verra bien. En attendant elle arrive pas à dormir. Ça la travaille. Elle ressent le manque de Lauren. Ca fait si peu de temps. Elle refuse de s'attacher à sa brunette. C'est un jeu. Un putain de jeu. Point barre.

'Décroche... Décroche...'

Clic.

" Allo? "

" C'est moi. "

" Lauren ! Tu es où? "

" Hum. D'après ce que j'ai compris... Miami. "

'Eh merde.'

Les parents de Camila. Ils habitent toujours là-bas. Quel mauvais coup de hasard.

" Tu rentres quand? "

" Je rentre pas. Rejoins moi dès que tu peux. Je t'attendrai. "

FIn de l'appel. Camila est rassurée. Lauren est rassurée. Aussi. Bien qu'elle ne sache pas si elle la rejoindra. Elle se donne une semaine. Si dans une semaine elle n'est pas là... C'était pas bon. C'était pas la bonne. Et ce jeu? Elle regrettera pas. Quand même. Tout se joue sur une semaine. Début du stress. Un stress continu.