( En média un air qui reflète ce qu'aurait pu être le point de vue d'Aponivi sur ces évènements.
Au passage mes excuses pour la non-longueur du chapitre, le retard et vous saurez quoi.)
Aponivi était déjà là lorsque j'arrivai ce lundi matin. Mais je ne voulais pas lui parler. Ni même le regarder. Il avait profité de ma mère pour connaître mon passé. Peut-être, pire encore, avait-il compris ce que j'étais. Ce qui me poussai à agir ainsi. Je ne voulais pas savoir ce qu'il avait trouvé. Plutôt rester dans l'illusion que mon secret était toujours aussi bien gardé.
- Liam? demanda-t-il doucement en arrivant vers moi.
Je l'ignorai et passai devant lui pour rejoindre la salle de classe et m'assis près d'une des filles qui me paraissait sympathique afin d'être certain qu'il ne reste pas auprès de moi.
- Tu t'es disputé avec Aponivi? me demanda-t-elle quelques minutes après que le cours ait commencé.
- Non. Je me suis seulement rendu compte de ce qu'il est réellement.
- Tu veux dire un menteur et un tricheur?
- Quelque chose comme ça par exemple.
- Ca nous fait un point commun comme ça. Au fait moi c'est Elsa.
- Liam.
- Je sais.
- Je sais que tu sais.
Elle me sourit doucement. Je ne pus m'empêcher de regarder en arrière, en direction de l'indien. Il semblait fulminer dans son coin et je réprimai difficilement une bouffée de satisfaction. Je ne savais pas réellement que penser. Bien sûr, c'était aussi de la faute de ma mère, mais je savais que sans mon intervention, il aurait continué à lui tirer les vers du nez.
Il n'avait jamais voulu me protéger. Seulement savoir ce que je cachais. Et ça faisait mal de ne jamais avoir compté comme un être humain. Mais ça ne faisait que continuer le "processus" de toute façon. Alors peut-être étais-je né pour ça?
Je passais mon repas en tête à tête avec Elsa. J'avais rarement plu aux filles que j'avais rencontré. Peut-être jamais en fait. Mais Elsa était différente. Solitaire. Douce. Peut-être qu'elle parviendrait à rendre cette fin d'année moins pénible. En tout cas, le courant passait entre nous.
Une silhouette s'approcha de nous, et déposa son plateau comme une ombre.
- Liam, je suis désolé...
- Je pensais que je comptais un minimum pour toi. Qu'il n'y avait pas que "ça".
A ces mots, je remontais brutalement ma manche. En plus des coutures qui le laçaient, ainsi que des morceaux de chair manquant qui creusait des trous sous la peau, mon bras était gravé du terme "des roses".
IL n'avait pas eu le temps de finir de le calligraphier.
- Putain c'est immonde.
Je ne sais pas quel élève avait parlé, mais ce fut le déclic: je baissais hâtivement ma manche et me ruai dehors. Je me rendis devant la salle de cours et priais pour qu'Aponivi ne me parle pas de ça. Ni personne d'autre d'ailleurs.
Je mis mes quelques précieuses minutes de solitude à profit pour réfléchir. Et la vérité me sauta au visage.
Aponivi n'y était pour rien.
C'était moi qui était aller le chercher. Moi qui lui avait demandé de le payer. Moi qui m'était attaché, en espérant qu'il ferait de même. C'était moi qui avait merdé, qui avait faux sur toute la ligne. Il était un cœur sauvage, que rien n'atteindrait jamais.
Ca me rendait plus furieux encore, d'avoir été aussi naïf. Bien sûr ça ne servait à rien de rejeter ça sur mon camarade. Mais il me semblait qu'il n'y avait rien d'autre à faire quand les torts étaient partagés. Après tout il s'était débrouillé pour que je crois qu'il avait quelque chose à faire de Liam, tout entier.
Je passai donc l'après-midi à rire avec Elsa, tentant de ne pas voir que l'indien détournait la tête à chaque fois.
Quand enfin la fin des cours arriva, je pris un détour pour éviter mon faux presque-ami. Je me retrouvais brutalement au sol.
- Alors, La pétoche, on fait moins le malin quand son petit ami n'est plus dans les parages?
Je voulais laisser échapper la rage qui m'habitait depuis trop longtemps. Lui dire de fermer sa grande gueule. Et lui montrer que non, je n'étais pas faible. Mais les anciens mécanismes se mettaient en place tous seuls, et je baissais la tête avant de m'immobiliser totalement. Comme avant.
- Mais c'est que tu es un agneau bébé Liam, et un agneau ça se mange, n'est ce pas?
Je ne répondis rien, attendant la suite en tremblant légèrement.
- Tu parles jamais hein. Pas grave. Donne ta montre. Et ton téléphone.
Je tendis docilement mon bras, sans faire attention à sa brutalité quand il me retira le bracelet. Mes parents allaient me tuer s'ils découvraient ça. Cette montre avait une grande valeur familiale. Enfin familiale j'en doutais.
- Qui c'est qui t'as soumis comme ça La Pétoche? Ton ex chéri?
C'était ce qu'il ne fallait pas dire. Jamais. Sous-entendre que Lui et moi...
Tout à coup, sans plus rien contrôler je le poussais violemment en hurlant, d'un cri animal, rauque, étranglé, retenu depuis tout ce temps. C'était tout rage et non humain. Je n'avais seulement pas prévu la marche, derrière lui. Et son immobilité qui suivit.
N'importe quel individu avec un minimum de bon sens aurait été chercher un responsable pour appeler les urgences. C'est donc naturellement que les acolytes de mon tortionnaire se jetèrent sur moi. Je me repliais, et amortit les coups. j'attendais vaguement, avec cet air quasi résigné des habitués à la souffrance.
C'est ainsi qu'ils nous laissèrent, leur "ami" et moi. C'est ainsi que nous trouva Elsa, en revenant de son cours de dessin. Elle hurla et des adultes accoururent. En quelques instants le couloir désert se changea en une ruche grouillante.
Mais il me semblait que je n'étais plus dans ce corps de souffrance. Il me semblait même que je partais.
VOUS LISEZ
Le secret de Liam
Mystery / Thriller"Ça n'est pas parce que la souffrance vous a choisi une fois qu'elle vous évite ensuite." Liam. Quatre lettres. Quatre ans. Un secret inavouable. "Il y a quelque chose qu'on peut aimer bien plus que la richesse et les femmes, c'est la Terre qui nou...