Chapitre 14: Lionceau, où es-tu?

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(Je ne sais pas si l'audio correspond mais il est parmi mes préférés. Au fait, écoutez vous l'audio? Si oui avant/après ou pendant? Si non, pourquoi?)


Peu à peu, je rassemblais mes affaires. J'avais fais une liste secrète de ce que j'embarquerai avec moi. Par peur de la réaction de ma tante si elle tombait dessus, je la gardais toujours sur moi.  

J'avais essayé de repartir, lorsque je n'avais que quinze ans. Mon argent de poche économisé avait permis de payer le billet. Mais Halona (je n'arrivais pas à l'appeler Hélène) avait tout découvert, du sac jusqu'aux réservations, en fouillant sur mon historique.

J'avais ris jaune en pensant que si j'avais été n'importe lequel de ces ados libidineux, l'histoire aurait pris une tout autre tournure.

Libido ou pas, elle m'avait traîné par les oreilles jusque chez un psy. J'avais fais quelques séances en baillant, lui avait dis ce qu'il avait voulu entendre et il m'avait rendu à ma tante tout sourire, assurant que j'étais "un très bon petit".

Cette fois, mes bagages n'étaient pas tout prêts: j'avais compté mes économies.

J'achèterai donc un grand sac la veille du départ. J'irais en même temps récupérer de la nourriture sèche et les essentiels pour tenir un campement: tente, couverture, casserole et bien d'autres choses. Bien sûr, j'irais étudier à Quito, mais je comptais auparavant faire un tour par mes chères Andes. J'avais peu de chance d'y retrouver beaucoup de monde, mais j'espérais du fond du cœur qu'ils se souviendraient de moi autant que je me souvenais d'eux. Et qu'ils m'aimeraient de nouveau.

Plus le temps passait, et plus je sentais mon sang bouillir. Mon sang appelait ma terre. Il serait comme un soldat que sa femme attend éplorée après la guerre: il reviendrait lui dire que jamais plus il ne la quitterait.

Intérieurement, je remerciais Liam de me permettre de vivre mon seul rêve.

Mais le pacte avait dépassé nos accords. Et j'étais forcé de reconnaître que je m'étais bien trop attaché.

Le lundi matin j'attendis, une boule au ventre, la rage au cœur. Est-ce que je détenais enfin la clé qui ouvrait sur l'âme de Liam? Et surtout, avais-je le droit de l'actionner?

Mais je brûlais de savoir, de comprendre enfin comment tout s'était passé.

Je l'attendis donc, impatient. Elsa me passa devant, un regard indescriptible s'attardant sur moi. Est-ce qu'elle savait quelque chose?

Lorsque je fus le dernier à rentrer, j'espérai encore la venue du brun. Le professeur se frotta les mains et sembla chercher du regard quelque chose dans la classe. Ne le trouvant pas, il essaya de garder une certaine contenance.

Ses doigts s'agitaient, nerveux et je le crus sur le point d'éclater en sanglots. A la fois inquiets et intrigués nous dévisagions Mr Lane, le silence qui pesait sur la classe se faisant de plus en plus lourd.

Enfin, il se décida à parler et articula d'une voix chevrotante

- Votre camarade est décédé.

Je crus que mon monde s'arrêtait de tourner. Non, c'était un cauchemar. Impossible.

Lionceau, où es-tu?

- Une cérémonie en la mémoire de monsieur Mathieu Baron sera célébrée mercredi à la chapelle Saint-Julien.

A la douleur qui m'avait vrillé l'estomac se succéda le soulagement. Bien sûr, malgré sa déficience intellectuelle établie, je n'étais pas mauvais au point de souhaiter la mort d'un de mes camarades. Mais à côté de la peur que j'avais eu pour Liam, c'était de la crotte de castor.

L'ascenseur émotionnel avait été si fort que pour la première fois depuis mon départ des Andes, j'avais senti mes yeux s'humidifier. Ce garçon n'était pas bon pour moi. Il s'était glissé sous mon écorce et avait atteint mon cœur.

Je voulais que tout cela cesse, et redevenir comme avant. Une fois que j'aurais parlé à Liam, tout redeviendrai normal, me disais-je. Qu'est ce que j'étais naïf.

Le lendemain fut comme pris dans une bulle. La cérémonie se préparait dans une atmosphère quasi religieuse, le lycée plus silencieux que jamais.

Certains bruits couraient sur la culpabilité de Liam et sur les parents Baron qui auraient, soit disant porté plainte, mais il était vite apparu que sa mort était purement accidentelle et que même la petite bagarre tenait du dérapage collectif. De plus Elsa avait fait une liste d'élèves prêts à témoigner de la violence de Mathieu en cas d'affaires judiciaires et tout s'était arrangé à l'amiable.

"Pas de vagues". Comme d'habitude.

Envie irrépressible de partir. Comme d'habitude.

Liam ne revint que le jeudi, et par peur sûrement, je décidai d'attendre la fin de sa scolarité à Saint-Julien. Ensuite, nous irions là où le vent nous mènerai. Sans doute loin, très loin l'un de l'autre. Là où Lia resterai un nom sur une douleur abyssale.

***

Ce fut en tremblant que je me préparai pour le bal. Costume noir, chaussures noires, nœud papillon. Enfin, je démêlais mes longs cheveux noirs que je finis par nouer en catogan à l'aide d'un ruban sombre donné il y a bien longtemps par Nokomis. Je l'avais gardé comme l'une des choses les plus chères à mon cœur, l'une des rares à laquelle j'avais voulu tenir.

Il fallait y aller. Je crois qu'à n'importe qui on disait au même moment qu'il était charmant et qu'il avait fière allure. Mais je me foutais d'avoir l'air impeccable. Il fallait juste que j'ai l'air normal, pour que personne ne se doute que dans moins d'une semaine je serais loin d'ici.

Mon oncle et ma tante me regardèrent. Quelques compliments sortirent de leur bouche, auxquels je répondis par un merci atone.

Nous arrivâmes très vite au lycée. Trop vite à mon goût. Je voulais que tout ça passe vite et s'efface aussi rapidement. Et surtout, je voulais rester seul avec Liam. Je voulais lui dire ce que je savais.

Il était là, au bras d'une Elsa radieuse dans une robe bleue qui le regardait des étincelles dans les yeux. Elle l'accaparerait certainement toute la soirée, ce qui contrarierai mon plan.

Je guetterai toute la soirée.

J'attendais.

J'étais prêt.

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La fin pointe le bout de son nez, après vous avoir fait mariné quelques chapitres.

J'espère que vous avez aussi hâte de la connaître que moi de vous la révéler.

Sinon n'hésitez pas à voter et commenter, à me transmettre vos dernières hypothèses et votre vision de la fin ici ou en message privé, histoire d'évaluer ma prévisibilité et vos talents d'enquêteur.

A très très bientôt pour déchirer le voile sur Liam.

Pingouin.



Le secret de LiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant