(En média un audio (que j'aime beaucoup trop) qui conforte l'atmosphère du chapitre).
Mon organisme étant habitué à se conserver et à se remettre rapidement, je pus rentrer chez moi et reprendre le lycée quelques jours plus tard. J'avais eu quelques bribes sur Mathieu. Son crâne et ses cervicales avaient pris un choc sérieux, et son pronostic vital était toujours engagé. D'après Elsa, ses amis avaient été renvoyés de Saint-Julien. Mais ça n'effaçait ni la situation du blond, ni les bleus sur mon corps et la légère douleurs quand je riais. J'avais vraiment eu de la chance, et m'en tirais avec une simple cote cassée. Le reste n'était qu'égratignures.
Le week-end qui suivit, ma mère m'installa sur le canapé, la lueur inquiète de son regard plus ravivée que jamais. Mes parents voulaient me parler.
- Liam, commença mon père. Nous t'avions demandé de nous dire si tout se passait bien. Pourquoi ne pas nous avoir avertis?
- J'ai... j'ai eu peur que vous culpabilisiez. Que vous vous disiez que vous avez mal fait les choses. Ou choisi un mauvais établissement.
- Nous allons faire les démarches pour que tu en changes.
- Quoi? Mais non, j'ai trouvé une amie, tout va bien maintenant.
- Comment être sûrs que tu ne mens pas encore Liam?
Je baissai les yeux, ne sachant que répondre. Je ne voulais pas quitter Elsa. Et surtout, je ne voulais pas casser les dernières bribes de liens qui m'unissaient à l'indien. Ma colère était passée, retombée. J'aimais sentir ses yeux sur moi, sa protection qui désormais se passait de mots.
Je ne l'avais dit à personne, mais il m'arrivait d'entrouvrir les yeux au soin de sa voix et il me semblait alors voir une ombre de vent s'éclipser hors de la chambre. J'avais quelques visites, bien sûr, mais celles-là, comme de doux rêves, me laissaient une boule de douceur au creux du ventre.
Et tandis qu'il m'avait semblé que tout cela n'avait été que le produit de mon cerveau malade, l'infirmière avait jeté lorsque j'étais sorti "Il était là tous les jours, mais il m'a dit de ne rien dire". Je ne voyais pas la logique de cette femme, si tant était qu'il y en avait une, mais j'étais heureux de le savoir.
Et dire que mes parents voulaient que je quitte ce lycée que j'avais mis tant de temps à apprivoiser....
- Je reste jusqu'aux vacances. Je partirai après le bal si vous le souhaitez.
- Si tu veux. Mais Maman où moi viendront te chercher tous les soirs. Et nous te demanderont de ne pas nous cacher le mal qu'on pourrait te faire. C'est compris?
- Oui papa.
Mes parents se relevèrent pour vaquer à leurs occupations, me jetant toutefois un air suspicieux. Je glissais les doigts entre les coussins du canapé, et sentit une matière souple. Je le tirais à moi. C'était une poignée d'affiches que j'avais agrippé ce fameux jour où mon chemin s'était séparé de celui d'Aponivi. Celui où j'étais allé chercher un cadeau pour ma mère.
Son anniversaire était le lendemain. Et je n'avais rien à lui offrir. Je décidai alors d'appeler Elsa, elle avait toujours des bonnes idées.
- Allo?
- Oui Elsa, c'est Liam
- Je sais qui c'est patate, ton nom est sur l'écran.
- Je n'appelais pas pour que tu te moques de moi.
- Non, tu m'appelais pour me demander un service parce que tu es dans la merde?
- Oui... mais arrête de deviner tout, c'est assez vexant.
- Toutes mes excuses.
- Bon bref je n'ai rien pour l'anniversaire de ma mère.
- C'est quand?
- Demain.
- Mais on est Samedi soir. Tout est fermé maintenant, tu m'a prise pour Mary Poppins? Tu as pensé à faire quelque chose toi même?
- Je suis aussi doué en travaux manuels que toi en maths.
- Aha, très marrant. Sinon....
Mon regard s'attarda su le papier que j'avais entre les doigts. C'est exactement ce qu'il fallait. Le numéro de téléphone était entier. Et ma mère adorerait, c'était sûr. Il fallait juste tout préparer, qu'Elsa m'aide encore une fois et ce serait parfait.
Je lui exposai mon plan et raccrochai, me demandant ce que j'aurais pu faire sans cette fille.
*
Le lendemain, très tôt elle vint toquer discrètement à la porte et je lui remis ma carte bancaire. Il fallait quand à moi que j'aille récupérer quelques affaires. Et j'avais besoin d'aide.
- Allo?
- Aponivi?
- Lui-même.
- Est-ce que tu pourrais venir m'aider s'il te plait? Il me faudrait ton savoir-faire manuel et tes outils.
Il y eut quelques instants de réflexion qui me semblèrent sans fin, et il accepta.
Une demi-heure plus tard, je vis au loin la silhouette de l'indien à la grille de la Villa aux Nasses. Je sentis une bouffée de stress monter. C'était vrai que je ne l'avais pas vu depuis longtemps. Mais imaginer qu'il soit venu, encore une fois juste pour moi me procurait une sensation étrange. Pas désagréable d'ailleurs.
Je lui exposait rapidement ce qu'il fallait construire, afin d'éviter le malaise qui s'abattrait sur nous à un moment ou à un autre. Ensemble, nous primes planches et clous et Aponivi sortit son matériel. Je lui tenait les planches, appuyait à un endroit, soulevait à un autre. Je me concentrai pour ne regarder que mes mains. Et surtout, surtout, ne pas réfléchir.
- C'est terminé.
- C'est très joli.
Je devinai un hochement de tête en guise de merci.
- Tiens, lui dis-je sans le regarder, lui tendant un billet de cinquante euros.
- Ce n'est pas ça que je veux.
- C'est quoi?
Il s'avança d'un pas, et posa ses doigts sur ma joue pour me forcer à le regarder.
- Je voudrais que tu lises dans mes yeux. Que tu saches que j'ai toujours été désolé Lionceau. Que tu saches que je te présente mes plus sincères excuses. Pas que tu les acceptes, non, je ne te demande pas autant, mais je voulais que tu les entendes. Et aussi... il vissa son regard dans le mien. Tu es la part la plus vivante de mon cœur, Liam.
Je restai abasourdi et le regardai s'éloigner, attendant Elsa, les bras ballants. Je gardais le fantôme de ses doigts sur ma joue gauche. "la part... de son coeur".
Et sans savoir pourquoi, je me mis à sourire sous un rayon de soleil complice.
Si Elsa avait réussi, la journée serait parfaite.
"la part... de son coeur".
***
Avez-vous une idée de ce que mijote Liam?
Et que pensez -vous de leurs réactions respectives?
Je me demande à quoi vous vous attendez étant donné qu'il restera au maximum 4-5 chapitres (#tristesseaumoinspourmoi).
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Le secret de Liam
Mystery / Thriller"Ça n'est pas parce que la souffrance vous a choisi une fois qu'elle vous évite ensuite." Liam. Quatre lettres. Quatre ans. Un secret inavouable. "Il y a quelque chose qu'on peut aimer bien plus que la richesse et les femmes, c'est la Terre qui nou...