FAITS DIVERS
Disparition d'un jeune homme de 17 ans nommé P... R..., le jeudi 19 Mai 2... alors qu'il se rendait à son accoutumé au club de musculation de T.... D'après nos premiers renseignements, nous perdons sa trace à partir de 17h30, heure à laquelle le garçon sortit de chez lui. Les parents suggèrent un enlèvement mais les enquêteurs n'écartent pas l'hypothèse d'une fugue.
Appel à témoin : de race blanche, P... mesure 1 m 70 et pèse environ 75 kilos, ses cheveux sont bruns et ses yeux sont bleus. Il portait un survêtement blanc de marque Adidas et des chaussures noires. Si vous avez des informations à communiquer, contacter la gendarmerie de T... au ...
1.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je suce mon sang !
- Attend, je vais prendre un pansement !
Edouard venait d'écorcher l'un de ses doigts en coupant un oignon. Il mangeait chez moi, comme à son habitude, le vendredi soir. Nous étions collègues de travail dans une usine agroalimentaire. Nous mettions de la viande dans des barquettes mises par la suite sous vide. Du pur travail à la chaîne ! La cadence était vraiment infernale, d'autant plus que nous étions en pleine période estivale. Comme chaque année, la consommation de saucisses avait explosé.
Nous nous retrouvions donc en fin de semaine, car nous avions les mêmes horaires. Nous pouvions parler de nos projets pour le lendemain.
Edouard vivait seul. De mon côté, je venais de me marier avec Catherine. Une jolie jeune femme brune. Une amie d'enfance.
Pour moi et Catherine, le weekend est sacré, et nous avions réservés nos vendredi soirs et samedis pour nos amis. D'autant plus que nous n'avions pas encore d'enfants, nous jouissions ainsi d'une grande liberté.
- Un peu de vin ?
- Très volontiers !
Ca oui, Edouard aime le vin ! Il en boirait des tonneaux si on le lui accordait le droit.
Ma Catherine s'était absentée. Elle assistait à l'une de ses séances où une amie essaye de vendre des ustensiles de cuisine à de nombreuses connaissances, dans une atmosphère cul-cul. Mon épouse me disait qu'elle se fichait de ses babioles mais que d'être entourée la satisfait.
- Tu as vu les courbes sur les prévisionnels au travail ? Demandai-je dépité.
- Oui ! Ils vont nous faire bosser ces enfoirés !
- En plus, il va faire beau toute la semaine prochaine ! Tout ce beau temps gâché à aller bosser! Raillai-je.
- Tu verras que samedi prochain, il fera mauvais, Soupira Edouard alors en train d'engloutir la bouteille de vin.
Je voulais l'empêcher de se détruire à l'alcool. Je comprends que vivre seul n'est pas une partie de plaisir, mais il fallait qu'il remonte la pente.
- Tu devrais arrêter de boire !
- Pardon ?!
Edouard me lança ce genre de regard noir à faire frémir le plus teigneux des hommes. Il était trapu, costaud. Valait mieux ne pas trop l'embêter.
- J'veux dire... diminuer ta consommation d'alcool !
- On en a déjà discuté ! Je bois parce que j'en ai envie, à point c'est tout !
Je ne m'engageai pas dans un débat. Après tout, il est maître de son corps. Mais c'était aussi parce que je n'avais pas prévu assez de bouteilles. On était en fin mois, et en fin de mois les temps sont dures.