Nouvelle vie

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Mme Tornia regarda fixement l'adolescente, essayant de déterminer si elle serait vraiment à sa place chez elle. Puis son examen terminé, elle l'entraîna à l'intérieur de la bâtisse.
- Vous ne venez pas Sauro? demanda-t-elle à celui-ci qui était resté sur le pas de la porte.
- Non. Je n'en ai pas le droit puisque la maîtresse de cette demeure ne me l'a pas expressément fait comprendre.
- D'accord. A un autre jour alors.
- Oui. Bonne chance Solina et n'oublie pas que tu peux toujours venir me voir à la Maison des Affectations.
Elle acquiesça avec un sourire avant de refermer la porte.

La dame au poncho l'entraîna dans un long couloir aux multiples salles renfermant des odeurs pour l'instant inconnues pour l'odorat de la jeune fille, dont certaines étaient entêtantes et soporifiques ou au contraire désagréables et revigorantes.
La nouvelle botaniste se savait d'une naturelle curiosité et n'avait qu'une envie : pousser l'une des nombreuses portes pour découvrir ce qu'elles cachaient. Seulement, elle pensa que ce serait fort déconvenu de se laisser aller à une telle chose. Elle n'était que novice ici.

- Bon, Solina c'est ça?
- Oui, madame.
- Très bien. Je vais te donner la première règle que tu t'es engagée à respecter en venant ici : toujours m'obéir sans discuter mes ordres. C'est compris?
- Oui, madame, répéta-t-elle, docile.
- J'ai en horreur qu'on me conteste.
Elle mettait rapidement les choses au clair pour s'assurer qu'elle ne se ferait pas marcher sur les pieds et pour montrer son imposance.
- Deuxième règle : toujours prendre soin des affaires que l'on te donne ou que tu utilises, reprit-elle.
Sur ces mots, elle s'arrêta devant une petite porte marron dont on pouvait facilement ignorer son existence, tellement elle présentait un profil banal, et la dirigeante sortit une petite clé à l'image de la porte, et l'enfourna dans la serrure.
Un cliquetis se fit entendre puis Solina découvrit des innombrables piles de vêtements tous d'une teinte discrète et sans plis.
Mme Tornia se dirigea à gauche puis à droite, ramassant des habits par-ci, par-là avant de lui donner le tout dans les bras de sa nouvelle recrue.
- Fais-y attention. Je ne t'en donnerai pas tout les quatre matins parce que tu les a perdus ou abîmés.
Elle opina du chef.
La porte fut refermée à clé puis sa patronne repartit au petit trot.

Elles déambulèrent à travers des couloirs quasiment identiques sans prendre la peine de s'arrêter pour laisser le temps à Solina de reprendre sa respiration, faisant abstraction de toutes les odeurs alléchantes qui se trouvaient sur leur passage, montèrent quatre à quatre les marches d'un escalier en colimaçon avant de terminer enfin leur périple devant une petite porte en bois. Solina faillit percuter Mme Tornia de plein fouet, surprise de s'arrêter si brusquement.

Elle pénétrèrent dans une petite pièce qui baignait dans la lumière.
- Voici ta chambre, annonça la maîtresse des botanistes.
Aussitôt, Solina s'y sentit bien. Elle détectait des ombres positives, apaisantes. Les rayons du soleil passaient à travers une grande fenêtre, ornée de deux rideaux rouges. Rouges. C'était la première fois qu'elle voyait une teinte aussi vive et cela lui plut.
Autour d'elle, une armoire, une commode beaucoup plus grande et colorée qu'à la Maison des Affectations, deux chaises, une table et un lit trônaient fièrement.
Ce dernier était couvert de jolis draps à motifs et propres.
La chambre respirait l'harmonie et la joie de vivre notamment grâce aux couleurs qui étaient présentes.
- Elle te plaît? s'enquit la dame au poncho.
- Oh oui! dit-elle, le sourire aux lèvres.
- Tant mieux alors.

- Il est temps pour toi de te mettre au travail. Comme c'est ton premier jour ici, tu commenceras par quelque chose de facile, déclara Mme Tornia.
Solina sortit de sa chambre après l'avoir longtemps admirée dans toute sa fraîcheur. Elle suivit sa patronne qui repartait déjà d'une démarche dynamique et arrivèrent à une salle odorante. Des botanistes étaient déjà sur place, concentrés sur leur tâche.
Solina les regardait un par un, toujours curieuse de découvertes, observant des visages tour à tour crispés ou détendus.
Là-bas, une tignasse qui ne laissait pas inaperçue, accrocha son regard : Panya.
La jeune fille avait les yeux fixés sur ses mains, retenant son souffle pour ne pas les faire trembler et s'occupait à transférer des mélanges dans des récipients en verrre.
- Tu la connais? demanda soudainement Mme Tornia à qui le comportement de sa jeune recrue ne lui avait pas échappé.
Solina pensait avoir été plus discrète mais ce n'était visiblement pas le cas. Sa patronne était perspicace.
- Heu...oui, admit-elle, décidant qu'il ne fallait mieux pas qu'elle lui mente dès son premier jour. En plus, elle n'était pas très douée pour lui cacher des choses.
- Panya est une jeune fille qui se plaît beaucoup ici. Mais je trouve qu'elle se lie un peu trop facilement d'amitié. Ça lui retombera dessus un jour, crois-moi.
Solina le savait déjà, son amie lui en avait parlé et était même jusqu'à lui révéler qu'elle était une Villageoise.
- Je peux faire équipe avec elle?
- D'accord mais à condition que vous bossiez convenablement.
Elle acquiesça puis marcha à la hâte en direction de Panya. Arrivée à sa hauteur, elle marqua sa présence :
- Coucou Panya!
L'interpellée releva la tête et quand elle reconnut celle qui l'appelait ainsi, son visage s'illumina d'un sourire radieux.
- Solina! Tu t'es finalement décidée pour ce métier!
- Oui, comme ça je serais avec quelqu'un que je connais.
- Mme Tornia t'as mise au boulot?
- Oui, elle a acceptée que je vienne avec toi.
- Tant mieux. Viens par-là que je t'enseigne l'art de la botanique dit-elle avec de grands gestes.
Elle éclata de rire, vite reprise par son amie puis toutes deux commencèrent à travailler ensemble.

- Prends ce bécher-là, commanda la jeune rousse.
Elle lui désignait un récipient de forme arrondie tout en verre.
Solina s'en empara et le posa au milieu de la table de travail.
- J'étais en train de distiller des arômes de plantes et tu vas m'aider à continuer.
- Dans quel but?
- On peut ainsi créer des parfums ou des médicaments. Là, on va s'occuper des senteurs, c'est plus facile.
Elle plaça une drôle de chose qui avait la forme d'une mini-trompette, posa un papier opaque puis se saisit d'un bécher légèrement remplie d'un liquide envoûtant ainsi que d'un autre objet tout petit et fin.
- C'est une pipette, répondit-elle au froncement de sourcils de Solina.
- Et ça? s'enquit l'adolescente en désignant l'énigmatique instrument de musique.
- Un entonnoir. Regarde bien ce que je vais faire parce que tu vas le reproduire juste après.
Elle se saisit délicatement de la pipette, appuya sur son bout arrondie et le liquide remonta à l'intérieur, comme dans une paille.
Elle déversa son contenu dans l'entonnoir puis reposa la pipette sur la table de travail.
- A ton tour maintenant. Mets deux gouttes de plus.
Solina prit précautionneusement la mini-paille dans sa main puis reproduit les mêmes gestes. Tout se passa normalement, hormis le fait qu'elle avait failli verser de trop grosses gouttes dans l'entonnoir.

Mme Tornia s'avança vers elles pour vérifier l'efficacité de leur coopération et Solina retint son souffle : elle ne voulait pas la décevoir!
Elle inspecta minutieusement l'entonnoir et son contenu suffisamment longtemps pour faire perler des gouttes de sueurs sur le front de sa jeune recrue.
Finalement elle s'éloigna de son pas rapide après avoir lâché un : "pas mal!" pour les encourager à poursuivre de plus belle.
- Elle est toujours comme ça? s'inquiéta la jeune fille.
- Non, elle l'est seulement avec les nouveaux pour qu'il lui montre ce qu'il vaut. Au fur et à mesure qu'elle te côtoiera, elle s'adoucira.
- J'espère bien. Pour l'instant, elle reste froide avec moi.
- Ne t'inquiète pas. Ça ne durera pas. Elle était ainsi avec moi aussi. Mais tu peux compter sur elle quand tu as un problème, elle cherchera immédiatement comment le régler.
Sur ces mots, elles continuèrent leur oeuvre avec entrain.

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Désolé pour le retard, mais j'étais assez occupée et quand je voulais écrire, je n'avais pas forcément le temps. Sinon, j'espère que ce chapitre vous plaît. 😊😊
A +

Le Village (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant