La vérité, c'est tout.

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Tic Toc. 

L'horloge tourne.

Mon visage se cerne, mon regard s'éteint. Une douleur au cœur me vient. J'ai envie d'hurler, crier, pleurer. Mais rien ne vient. Pourquoi je ne n'y arrive plus.

Je t'entends meugler des bruits mais mon esprit est dispersé. Je sais que je dois revenir à notre conversation avant que tu te rendes comptes de mon absence mais je n'arrive plus à faire semblant, à sourire comme toutes les fois où tu as l'impression que je vais bien alors que je meurs à l'intérieur de moi, à te prendre dans les bras pour te prouver mes sentiments alors que je ne ressens plus rien. Ni pour toi, ni pour quiconque. Je meurs. Tu ne t'en rends pas compte mais je meurs de l'intérieur.

« Pense à ton futur ! Visualise toi dans 5, 10, 20, 40 ans ! »

J'entends tes mots, j'entends tes dires. Tu as réussi à capter mon attention et pourtant, au lieu de t'affirmer un faux futur que j'aurais imaginé dans l'instant je ne te mens plus.

« Je serai déjà morte à 60 ans ! »

C'est tout ce que j'arrive à hurler. Cette fois, je l'ai fait. J'ai hurlé ma vision des choses. Celle où je ne me vois pas vieillir, où je sais que mes jours seront plus rapidement comptés que ceux de mes voisins, amis, proches,...

Ton visage se décompose. Tu m'observes, le regard crispé. Je vois que tu te demandes pourquoi j'ai pu dire cela, le sortir aussi facilement. Tu te demandes si je suis sérieuse et sincère. Tu ne m'as jamais entendue parler de la sorte. Tu me connais, mais pour autant tu ne sais pas la vérité. Tu te demandes si c'est un appel à l'aide ou une futilité balancée sur le coup de la colère de notre dispute.

Tu te demandes tout cela et pourtant tout ce que tu es capable de me répondre est :

« Arrête de dire ça, c'est stupide. ».

Je te regarde, quittant la pièce dans laquelle nous nous disputions.

Tu ne comprends pas la réalité des choses. La réalité est que j'étais sincère, pour une fois. Plus de mensonges, plus de « je suis heureuse » dans le vent, plus de gueule de bois de fausses soirées pour te cacher ma détresse, plus de pacotilles pour cacher mes poignets, plus de larmes cachées, plus rien. J'étais prête à être entièrement sincère avec toi en te disant comment je voyais mon futur. La vérité est que je ne le vois pas. Tout n'est que noir, peur, angoisse, rejet.

Mais tu ne veux pas écouter qui je suis réellement. Tu préfères la façade que je me suis créée. Mon joli bouclier de petit bout de femme souriante et toujours prête à découvrir le monde.

Tu nous as laissés là, ma vérité et moi. Je n'arrive plus à bouger, je suis fixée au sol, incapable d'agir et de penser. Je me sens vide. De sens. De but. D'émotions. De tout. Je me sens comme un trou noir, ramassant chaque douleur et tristesse des autres.

Mon corps n'est plus mien. Ces doigts qui tapotent sur mon clavier sont dictés par mes démons. Ces bras sont brisés par toutes les blessures que je leur inflige pour calmer ma détresse. Ces épaules portent des secrets rendant mes pas plus lourds et ma tête exténuée. Cette gorge ne cesse d'être gonflée de haut le cœur et d'impression d'étouffements dans un monde qui me révulse. Ce foie est martyrisé par les quantités d'alcool ingurgitées pour oublier les soirées où je suis seule et oubliée. Cet estomac est détruit par le stress, l'angoisse et l'incapacité à me projeter ne serait-ce que trois mois dans le futur.


Et ces yeux. Oh ces yeux. 

Qu'aimerai-je leur faire ? 

Je le sais. Très bien. Trop bien. J'y ai pensé de si nombreuses fois.


Et ces yeux. J'aimerai les fermer. Pour l'éternité. 

De vous à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant