On l'appellera Louis.
Louis m'a connue à mes 17 ans. 17 ans et 4 jours précieusement. Louis était gentil, consciencieux et à l'écoute. Louis était passionné. Nous avions des passions communes. La musique. Les animaux. Mais surtout l'écriture. On adorait parler livres, nouveaux auteurs et notre imagination explosive. On s'entendait bien, très bien. Probablement trop. Expliqué comme ça, on se demande où est la faille. Croyez-moi, elle était là.
Louis m'a connu à une époque où j'étais naïve, perdue et vide. Je m'étais lancée dans une nouvelle péripétie, une nouvelle aventure qui aurait pu combler ce manque. Ça avait l'air de fonctionner. Mais Louis a utilisé ma naïveté contre moi. Il était à la charge de cette nouvelle aventure. Un groupe de jeunes et moi l'écoutions tous les jours pendant une semaine, faisions ce qu'il nous demandait d'exécuter. Louis et moi étions plus proches, il se chargeait d'analyser mes méthodes, ma créativité et mon expérience. On était proches, certes, mais il a joué de cette proximité pour mieux comprendre ma personnalité et mes phobies de l'abandon et de la défaite.
Il mangeait matin, midi et soir avec moi, participait à mes pauses clopes pour "parler" autre que cette nouvelle aventure, venait me voir avant l'extinction des feux. J'aimais bien, à l'époque. Je me sentais valoriser par l'attention qu'il m'accordait. On s'intéressait enfin à moi.
Pendant plusieurs mois (et certaines fois, encore aujourd'hui), j'ai cru être la fautive de la suite de cette histoire. Peut être aurais-je dû mettre des barrières ? Rester plus professionnelle ? Peut être.
A la fin de cette nouvelle aventure, il a demandé mon numéro. Je lui ai donné. Pourquoi ? Pourquoi cette connerie ? C'était "pour de potentiels projets professionnels". Retour à la vie normale, retour au quotidien. Le téléphone a vibré. Avant même d'ouvrir le message mon cœur s'est arrêté, comme s'il savait qu'un danger approché. Louis le retour. Quelques jours après s'être dit au revoir, probablement même un adieu, le revoilà. Message basique. Salutation, cordialité. J'y répondais, naïvement.
Les messages gentils sont finalement devenus des menaces. J'ai cru à une blague. Faux. J'avais 17 ans, j'étais introvertie, sans confiance en moi et aux autres. J'aurais dû me méfier.
- Il faut qu'on se voit.
- Ne fais pas comme ci je n'étais rien pour toi.
- Tu me manques.
- Comment peux tu me laisser après avoir tout fait pour toi?
Il me mettait la pression, tentait de me faire culpabiliser, de me rendre encore plus mal que je ne l'étais à l'époque.
Louis m'a envoyé un message. Une vraie menace.
- Si on ne voit pas, je ruinerai tes projets. Cette semaine ne t'aura servie à rien.
Mes parents ont payé cette nouvelle aventure, je m'étais battue pour la réussir, j'ai confronté mes angoisses pour donner ce que j'avais. Mais surtout, je ne voulais pas décevoir ma famille. J'ai eu peur. J'étais terrorisée même. Terrorisée par l'image de Louis disant à ses supérieurs que je n'étais pas apte pour ça. Bête que je suis, je l'ai cru capable de faire ça, d'avoir le pouvoir pour.
Après plusieurs messages de sa part, j'ai craqué. J'ai accepté une rencontre autre que cette nouvelle aventure. On s'est vus. L'après midi entière. Au moment où j'ai croisé son regard j'étais perdue, absente de mon corps. Mais je pensais. Je n'ai rien dit à ma famille, à mes amis. J'y suis allée seule, sans aide, sans soutien. Quand il a croisé mon regard, lui, avait ce sourire vainqueur. Il me savait faible. Il a utilisé cette faiblesse. J'ai caché ma peur. J'ai souris, ris, mimé de l'intérêt pour cet être que j'avais admiré. Je ne l'écoutais pas, mais une chose est sûre, il aimait parler de lui. Narcissique, égocentrique, malveillant, manipulateur. Ces adjectifs ont remplacés ses qualités.
Je me souviens d'un sentiment. La peur. De ses mains il m'a enveloppé l'avant bras, comme s'il savait que mes pensées étaient ailleurs. Je me souviens avoir eu peur. Je ne pouvais pas rester là, je ne savais pas ce qu'il voulait. Je ne voulais pas le savoir. Et pourtant je n'ai pas bougé. Je suis restée là, à l'écouter, à essayer de ne pas penser à sa main entourant mon bras, à ses paroles de moi-je.
On s'est dit au revoir. Je suis partie rapidement. Toute la soirée il m'a envoyé des messages. Toute la soirée j'étouffais mes cris dans un oreiller.
Il a repris ses menaces. Des jours de menaces. Je me refusais d'y répondre.
Je ne peux pas dire quand a été le déclic, pourquoi l'ai-je enfin eu. Mais il est apparu. Je ne supprime jamais mes messages et croyez-moi, ne le faites jamais. Capture d'écran sur capture d'écran, la menacée est devenue la menaçante. Je lui ai juré que si ma nouvelle aventure se finissait en échec j'allais également ruiner ses projets.
A partir de cet instant, la menace s'est évaporée. Plus de messages, plus de contact. Disparition totale. Finalement ce Louis devait probablement être en manque et voulait le combler par tous les moyens possibles. Il avait juste trouver la bonne poire mais elle s'est rebellée.
Devine quoi Louis ? Quelques années plus tard cette nouvelle aventure s'est conclue en échec. Mais pas de ta faute.
![](https://img.wattpad.com/cover/45442502-288-k640387.jpg)
VOUS LISEZ
De vous à moi
Não FicçãoJe ne suis qu'une âme humaine sur les sept milliards d'autres sur Terre. Je ne suis qu'une voix n'ayant plus la force de crier pour proclamer ce que je ressens. Alors comme à mon habitude, j'écris pour me défouler. Nobody.