Apostrophe

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Séléné!
Allume toi. L'absence de ta pâle lueur me fait souffrir, Hélios est trop fort et je ne peux l'éteindre. Me suffit-il d'attendre pour que tu viennes enfin? Me suffit-il de m'allonger en attendant ta venue, guettant les yeux fermés cette ombre de pâleur lunaire? Mais je ne puis plus attendre : il n'y a d'autre endroit que chez toi où je me sente à ma place. Mon âme est nocturne et l'été me blesse, Hélios me fait souffrir et je dois encore t'attendre.

Et si je m'endormais, Séléné? Et si je te manquais, encore une fois? Cela fait présentement deux jours que je ne t'ai pas vue. L'été te fait de l'ombre et on ne te voit presque plus. Les deux nuits dernières, j'ai sombré dans le sommeil en t'attendant, et Hélios t'a rattrapée, encore, encore et encore. Ce soir encore, je t'attends, et ce soir encore, tu tardes à venir.

Séléné! Je t'aperçois enfin, tu te lèves dans ma fenêtre. Je peux sentir ton obscure lumière envahir l'atmosphère. Pâle, pâleur lunaire, ton reflet dans ce lac me bouleverse et les larmes montent à mes yeux. Enfin tu es là, Séléné nocturne, enfin je te touche tu bout des doigts. Enfin je peux plonger mon regard dans le tien et m'y noyer. Je t'ai tant attendu. Les minutes étaient des heures et Dieu sait combien je suis impatiente. Ce soir je ne m'endormirai pas, pas cette fois.
J'ai tant de choses à te dire.

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