Le moral sous terre et l'esprit déjà en haut, j'attends qu'elle vienne. J'ai même pas de quoi payer le café que j'ai commandé en l'attendant, je vais devoir la faire partir avant et ensuite me tailler en courant de là. C'est qu'une question d'habitude. Je touille mon café qui doit déjà être froid depuis le temps que j'attends. 15 minutes de retard. D'habitude, c'était toujours moi qui la faisais tourner en bourrique. C'était toujours moi qui la faisais attendre. C'était toujours moi qui se faisais désirer. J'ai l'impression que depuis qu'elle a déserté je suis devenu elle, et qu'elle est devenue moi. J'ai l'impression que nos esprits ont échangé de corps. J'aime pas ça. J'aime pas ce que je deviens. J'aime pas ce que je suis devenu. Je suis l'ombre de moi-même, je me fais vieux, je tourne en rond, je bosse pas, toute ma thune passe dans l'herbe, mon esprit est ailleurs mais mon cœur toujours auprès d'elle. Il me manque un truc qu'elle doit me rendre, j'arrive pas à vivre sans elle, ou sans ce truc qu'elle m'a prit. C'est qu'une petite conne en plus putain, je la trouvais même pas belle au départ, juste mignonne, je voulais la sauter et puis c'est tout. Et aujourd'hui je me retrouve à l'attendre depuis plus de 20 minutes pour des explications, pour des excuses, pour une seconde chance.
Je merde toujours, et je m'en fou toujours. Les mecs comme moi s'en foutent toujours de tout et plus particulièrement des filles qui finissent dans leurs lits. Ils tirent leur coup et puis bye-bye. Et elle... Elle m'a fait tomber amoureux d'elle, mais j'reste moi-même. J'reste un homme. Je l'ai trompé, et elle l'a su.
J'enchaîne les textos envers son numéro et les joints en pensant à elle depuis plusieurs jours, hier elle s'est décidée à me répondre. Elle m'a donné rendez-vous ici il y a 25 minutes. Elle n'est toujours pas là. Mon téléphone vibre.
De : Mathilde
Mon absence auprès de toi en ce moment est comme ta présence auprès de moi tout le long de notre histoire. Je te souhaite une bonne continuation.
J'arrête de touiller mon café. Je verrouille mon téléphone que je range dans ma poche. Je me lève.
Et je m'en vais.