Tard dans la nuit, il lui arrivait souvent de pleurer.
Pas tous les soirs, juste par période.
Quand elle s'était engueulée avec ses parents, son petit-ami, sa meilleure amie, son frère...
Elle était entourée, elle était aimée, disaient-t'ils.
Elle passait ses journées en cours, à dessiner, a gribouiller, a trop penser.
Elle était entourée, elle était aimée, disaient-ils.
Elle s'enfermait chaque jour un peu plus dans sa solitude, dans sa dépression.
Ils ne voyaient rien.
Elle était entourée, elle était aimée, disaient-ils.
Elle pleurait de plus en plus souvent. Tous les soirs, en fait.
Elle serrait son oreiller fort contre elle comme si c'était la présence qui lui fallait, celle qui pouvait comprendre et panser toutes ses souffrances intérieures.
Elle pleurait sa vie. Elle pleurait son entourage. Elle pleurait sa stupidité. Elle pleurait son incompréhension. Elle pleurait sa bêtise. Elle pleurait cette rencontre. Elle pleurait ses actes jamais assez biens pour quiconque. Elle pleurait sa vie ratée à un si jeune âge.
Elle était entourée, elle était aimée, disaient-ils.
Tout le monde était autour d'elle, ils la voyaient, la surveillaient, l'aimaient presque des fois, mais jamais assez pour entrer dans cette carapace forgée depuis tant de temps qui recouvraient tant de souffrances et de secrets inavouables.
La peur du ridicule.
La peur du jugement.
La peur du rire.Elle était entourée, elle était aimée, disaient-t'ils.
C'est ce qu'ils dirent lorsqu'ils eurent du faire un discours le jour de son enterrement.Elle s'était suicidée.
Elle était entourée, elle était aimée, disaient-t'ils.Mais pas assez.