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Itoe

Après le film, en chemin pour rentrer au dortoir, nous nous sommes arrêtées chez un vendeur de livre et nous avons quelque peu fait des folies. J’ai complété ma dernière série d’achat, Dark Visions par L.J. Smith, et elle en a commencé une nouvelle, Sweep par Cate Tiernan. Nous en parlons chacune avec passion jusqu’à ce qu’on arrive devant ma porte où un silence de plomb s’immisce entre nous.

J’ai envie qu’elle entre, mais je n’oserai jamais réellement lui demander, je ne sais même pas si elle s’en souvient. Je deviens nerveuse à cause de ça et je n’arrive pas à ouvrir la porte. J’échappe même mes clés qu’elle ramasse pour les déposer délicatement dans ma main.
-C’est bon soit pas stressée pour ça, je ne reste pas dormir si tu ne veux pas, me dit Uta d’une douceur inouïe.
J’ai changée d’avis, je veux absolument qu’elle reste et je vais faire de mon mieux pour y arriver !
-C’est tout le contraire, je te l’ai dit, je n’arriverai pas à dormir seule.
-Soit pas stressé alors, je t’avais dit que je resterai, commence-t-elle en riant. C’était ta condition et je vais pas trahir ta confiance, pas après avoir tant travaillé pour la gagner. De toute manière, je préfère dormir accompagnée.

Elle me fait un clin d’œil et je lui souris en retour.
J’ouvre la porte cette fois du premier coup et je laisse passer devant, je vérifie que personne ne nous a vues et je referme derrière moi. Elle est déjà installée calmement dans mon lit et elle commence à lire le tome un de ses achats. J’ai toujours été admirative face à sa façon de se soucier de rien et de prendre ses aises si facilement chez les autres. Moi, je m’inquiète toujours de tous les problèmes que je pourrais rencontrer. Je suis toujours sur mes gardes et trop peu à l’aise quand je ne suis pas dans mes choses.

Je dépose ma sacoche et je sors les pâtisseries que j’ai achetées récemment. Je n’ai même pas besoin de dire un mot, elle les a déjà vu et les dévore du regard. Je lui tends la boite et je ne peux m’empêcher de rire quand je la vois les engloutir.
-Quoi ?
-Rien, j’avais juste oublié que tu les engloutissais aussi rapidement, répondis-je entre deux fous rires.
-C’est pas de ma faute, c’est un de mes nombreux péchés mignons !

J’en mange quelques un aussi et je m’installe contre elle. Nous décidons de lire chacune un peu nos livres et ce dans un presque silence. Uta est du genre à tout commenter à voix haute alors de temps en temps j’ai un fou rire.

Finalement, nous arrêtons bien plus tard que prévus et Uta me propose de nous coucher maintenant, mais elle n’a pas du tout l’air d’en avoir envie. Elle la sans aucun doute proposée à cause de ce que je lui ai dit ce matin et je dois avouer qu’au moment où elle a arrêté de lire, j’allais m’endormir. J’étais si bien contre elle et si détendu que je n’avais pas envie de me relever.
Elle se dirige vers la lumière lorsque je m’adresse à elle pendant que je fais son lit improvisé.
-Si tu veux, tu peux la laisser allumer encore quelques heures pour continuer de lire, ça ne me dérange pas.

Elle ferme la lumière et m’aide à faire le lit.
-Non, c’est bon, ça ne peut pas me faire de mal de me coucher plus tôt.

Je ne vois strictement rien, mes yeux ne sont pas encore habitué, mais son ton est rieur. En effet, elle n’en a pas l’habitude, elle se couche toujours aux petites lueurs du matin et ne dors que très peu sans aucun problème.
-Tu es sure que c’est ok ?
- Oui, ne t’inquiète pas.

Elle a pesé ces mots, ce qui est très rare, elle est donc sérieuse.
Je suis vraiment reconnaissante qu’elle m’ait fait sortir ce soir et pour toute cette soirée, mais je ne me sens pas en paix. Je n’arrive pas à dormir car elle n’est pas avec moi dans ce lit. Je dois dire quelque chose, je dois trouver un moyen qu’elle s’incruste. Je prends une grande inspiration pour emplir mes poumons et je me lance.
-Est-ce que tu es installée confortablement ?

Je suis débile ? Je sais bien qu’elle va dire oui, peut-importe la vérité.
-Tu t’inquiète encore ? Combien de fois je t’ai dit que c’était pas nécessaire. Je te le dirais s’il y avait quelque chose, me répondit-elle d’un ton faussement endormi.

Faux. Tu ne me le dirais pas, tu fais toujours tout pour que je ne préoccupe de rien et que je sois le moins nerveuse possible. En plus, bien sûr que c’est nécessaire, tu ne le fais jamais toi ! Je dois m’inquiéter pour deux et c’est angoissant ça.
Maintenant, je dois trouver autre chose.
-C’est pas toi qui voulait t’incruster dans mon lit tantôt ? Je te donnais juste une opportunité, tant pis, dis-je sans réfléchir ce qui me fait monter le rouge aux joues.
-C’est ce dont tu as envie ? dit-elle surprise, avant de se reprendre d’un ton vicieux. Tu n’avais qu’à le dire.

Mais qu’est-ce que je fais ! Mon dieu, non ! J’essaie de me reprendre, mais la gêne m’empêche de bien tout enchainer.
-Non! Ce-- n’est pas ce que-- tu crois ! Je-- n’aime juste pas l’idée de-- laisser dormir quelqu’un par terre--, surtout toi car on est proche--, que ce soit-- confortable ou pas. Et puis--, je n’arrive pas à-- dormir car j’ai peur-- toute seule dans ce-- grand lit.

J’ai fait de mon mieux pour me reprendre, mais je me suis plus justifiée qu’autre chose, ce qui est pire. Et je n’ai même pas un grand lit, c’est un lit simple ! J’ai empiré les choses au lieu de les améliorer et elle en rit, d’un rire franc et mélodieux à mes oreilles.
-C’est bon je sais, je rigolais, dit-elle en me rejoignant.

Je me recule pour lui laisser le bord, j’ai toujours aimé être entre le mur et elle, ça me donne l’impression d’être sa prisonnière. Elle se glisse dans les couvertures et mes yeux enfin habitués voient son regard m’observer. Je me tourne rapidement pour être dos à elle afin de cacher mon visage que j’imagine cramoisie. J’y perçois une chaleur comme si j’étais dans un Onsen*.
(*Onsen : (温泉?, litt. « source chaude ») est un bain thermal japonais. Il s'agit de bains chauds, généralement communs, intérieurs ou extérieurs, dont l'eau est issue de sources volcaniques parfois réputées pour leurs propriétés thérapeutiques. (Définition Wikipédia) )

Je la sens me prendre dans ses bras et coller tout son corps contre le mien. Son souffle chaud sur ma nuque, son énorme poitrine contre mon dos, la peau nue de ses jambes sur les miennes et nos bassins unis me donne des envies, des pensées et ça m’excite énormément.
Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça et c’est la question qui m’accapare l’esprit, mais j’en profite tout de même grandement vue que ça fait longtemps que ça ne s’est pas produit. Je prends une de ses mains que je place sur mon cœur et je la tiens fermement. Je me sens tellement bien, en sécurité et tout à coup si fatiguée que je dois lutter pour rester éveiller.
La perception de son souffle sur mon cou me procure des frissons d’envies et c’est pour cette sensation que je veux rester éveillée. J’ai souvent envie d’elle, mais il y a trop peu d’opportunité de ce genre alors j’adore les savourer.

J’ai eu l’impression d’avoir lutté un long moment avant que le sommeil ne me gagne et je crois bien qu’elle était encore éveiller lorsque je me suis retrouvée dans les bras de morphée.

Intempérance EnivranteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant