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Uta

Cependant.... Elle m'ignore à nouveau ! Ce n'était qu'un pauvre câlin douillet bon sang ! Je comprendrai si je l'avais embrassé, mais là elle exagère !
Je vais mourir de manque, c'est certain.

Je lui ai encore laissé une tonne de messages aux quels elle ne répond pas alors cette fois, je dois la forcer à réagir autrement, ça ne marchera pas deux fois le coup des mathématiques. Je dois lui parler à tout prix aujourd'hui, quitte à manquer les cours. Quarante-huit heures sans elle c'est suffisant après les deux dernières semaines. Je me suis levé à trois heures du matin, je ne dors plus vraiment de toute manière depuis qu'elle m'ignore à nouveau, et je l'attends à son laboratoire.

Je me rends compte que je m'étais assoupi assise quand je la vois debout, furieuse, devant moi. C'est à peine si elle me regarde quelques instants de plus et tente d'ouvrir la porte. Je baisse les yeux sur mes pieds alors que je me recroqueville. Je pose ma main sur l'intérieur de sa cuisse et j'accote ma tête contre elle. Je la sens se tendre et poser sa main dans mes cheveux.
-Pourquoi tu m'évites encore ? Tu sais, si tu avais vraiment voulu que je te lâche, tu m'aurais repoussé plus que ça et tu me l'aurais dit. Alors.. S'il te plait, ne me fais pas souffrir comme ça, parle-moi, lui dis-je la voix tremblotante.

Elle s'accroupit et regarde mes yeux emplit d'eau. Elle semble réellement surprise, elle ne s'attendait pas à ce que je réagisse ainsi, j'imagine. Plus aucune colère ne se lit dans ses yeux, seulement de l'incertitude.
-Depuis combien de temps es-tu là ? s'inquiète-t-elle.
-Je sais pas, je suis ici depuis trois heures du mat.

Ces yeux s'agrandissent et elle semble s'en vouloir car elle a la manie de se mordiller la lèvre inférieure dans ces moments là. Si je ne me sentais pas aussi mal, ça m'aurait fait beaucoup d'effet.
-Uta, dit-elle d'une grande douceur, il est quatre heures de l'après-midi.
-Et c'est juste maintenant que tu te pointes ?
La surprise me réveille entièrement.
-Quand je t'ai vu à six heures, j'ai tourné les talons, à midi tu étais encore là et je me suis dit que tu cherchais à me voir alors... Je ne savais pas que tu dormais là. Pourquoi...
-Parce que je manque de sommeil, je ne dors plus, j'y arrive pas, la coupai-je croyant deviner sa question.

Je tourne mon regard vers le sol, quelques instants, je me sens maussade.
-Oh.. Je suis désolé... Elle s'arrête quelques secondes et en levant les yeux, je la vois hésiter en se mordant fortement la lèvre. Mais je demandais pourquoi ça t'affecte autant.

Elle n'a pas l'air de vouloir réellement savoir, alors je détourne la tête et hausse les épaules. Elle insiste alors je l'affronte du regard.
-Et toi, pourquoi tu ne me dis pas ce qui ne vas pas ? Pourquoi tu me fuis ? De quoi as-tu peur ?

Elle ne dit rien et fuis mon regard en tournant le sien vers le couloir, l'air de réfléchir. Elle finit par soupirer et s'assoit à coté de moi. Elle se mord encore compulsivement la lèvre et me jette des regards croyant être en douce car je l'observe attendant la suite. Après un court moment, elle soupire à nouveau et glisse sa tête sur mes genoux en m'ordonnant de lui caresser les cheveux. Je ris légèrement et je lui obéis sans délais. Je ne comprends peut-être pas pourquoi, mais je sais que c'est sa façon de laisser tomber ses projets et de se faire pardonner. Peut-être même une façon de s'abandonner à ce qu'elle cherche à réprimer.

Il vient un temps où je me suis presque endormi et elle s'est subitement excusée, ce qui m'a fait revenir à moi. Je lui réponds que ça n'a plus d'importance, mais je vois dans ses yeux qu'elle pense le contraire.
-Je t'inquiète et je te fais souffrir alors que moi, j'essaie justement de l'évité. Ça marcherait bien si à chaque fois que tu souffres, je ne souffrirai pas.
-Pourquoi tu ne me dis pas ce qu'il se passe tout simplement, je pourrais t'aider, tu sais.

Elle se redresse, raide comme une corde de piano, et met ses bras autour de ses jambes, renfermer sur elle-même.
-Et si s'était le contraire ?
-Prend une chance.
Elle réfléchit un long moment qui me parut interminable avant de secouer la tête négativement.
-Pourquoi ? Bon sang ! Qu'est-ce qui te fait si peur ?
-C'est trop pour moi, je ne peux pas, désolé.

Je la prends par les épaules et je la secoue plus violemment que voulu, mais sans tout de même lui faire mal. Je n'en peux plus de son malheur, elle doit réagir. Elle doit me dire ce qu'il lui arrive, ce qu'elle pense, ce qui l'effraie.
Elle me regarde apeuré, mais pas par moi et je sais qu'elle devine ce que je fais. Elle secoue la tête encore une fois. Ce qu'elle est têtue bordel !
J'en ai marre qu'un pas en avant me ramène deux pas en arrière !
Ou plutôt dix millions de pas en arrière !    

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 29, 2017 ⏰

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Intempérance EnivranteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant