Chapitre 2 : D'heureux souvenirs.

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Eren :

Cela fait maintenant cinq jours que je suis enfermé dans cette geôle froide et lugubre. J'essaye de compter les jours grâce aux tours des gardes. Et aussi grâce à ce caporal Livaï.
En parlant de lui, il vient souvent me voir, je ne sais même pas pourquoi. Pourtant, je ne l'appelle jamais.

J'ai froid. La seule chose qui me sert à m'habiller ne me réchauffe en aucun cas.
De plus, les chaînes qui me retiennent, sont froides et sentent le métal mélangé au sang. Je ne veux même pas imaginer ce qu'il s'est passé ici avant. Rien que le fait d'imaginer ça me donne la chair de poule.

C'est dans ce genre de moment que j'imagine autre chose. Cette fois, j'imagine la maison où je vivais, celle perdue dans le désert où la chaleur était étouffante, où le vent venait caresser le sable brûlant avant de le faire danser jusqu'à le laisser tomber. Cette maison était tout un regroupement de souvenirs d'enfance. J'aimais jouer dans la sable jusqu'à m'en brûler la plante des pieds, j'aimais sortir dehors lors des nuits dégagées où les étoiles brillent, m'invitant à les rejoindre.
Mais tout ça c'est fini. Maintenant je suis dans une pièce minuscule maculée de traces de sang. Chaques recoins étaient usés et salis par je ne sais quoi.

- Tu t'es remis de tes coups de jus ? Lança une personne à travers un microphone.

- Je me porte en meilleur forme que vous après ce que je vous ai dis.

Pitoyable cet homme. Il cherche désespérément une excuse pour pouvoir me parler. Je suis aussi sexy et irrésistible que ça ?
Et puis, il n'est pas mal non plus. Le seul bémol c'est ça petite taille,  pourtant il a l'air d'être un dominant.

- T'as finis de faire ton malin ? Je te rappelle qu'entre nous deux c'est toi qui est en plus mauvaise situation.

- Qu'est ce qu'on parie ?

Mon sourire s'agrandit et mes yeux cherchèrent son doux visage.
Son regard était froid et sûr de lui. J'aimais ça à vrai dire. Il m'en donne des frissons à me scruter comme ça.

- Vous êtes plutôt sexy.

Il haussa un de ses sourcils avant de me rendre un sourire plutôt flippant.

- Je suis sûr que tu es juste un puceau qui se fait plaisir dans son lit en regardant des vieux pornos.

- En plus vous avez une bonne répartie, je vous aime bien. Mais pour votre plus grand malheur, je suis plutôt expérimenté dans ce domaine, les vieux pornos c'est pour les débutants dans votre genre. Je me trompe ? Dis-je en le provoquant.

D'après ce que je vois, il a l'air de mal le prendre. Je pense que ça l'a légèrement touché. Pauvre chou.

Son poing se serra brusquement. Ce garde me regardait froidement et me dévisageait. Il relâcha la pression du bouton et s'en alla.

- Eh ! Attends !

Il s'arrêta et se retourna vers moi.

- Depuis quand t'ai-je autorisé à me tutoyer ?

Après des mots, il reprit son chemin me laissant seul à nouveau dans cette cellule froide.

Son sourire ainsi que sa façon de parler me déstabilisaient. A travers sa voix, il ne laissait paraître aucune émotion, ce qui avait le don de m'énerver. J'hésitais entre vouloir l'encastrer dans un mur et le baiser contre un mur.

Ressaisis toi.

Il me fait peur ce garde. Il me regarde comme si j'étais de la viande fraiche, comme si j'allais le rassasier. Et puis, ce carré m'oppresse, j'ai l'impression d'étouffer et de mourir à petit feu. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici. D'après ce que j'ai entendu, je suis accusé de plusieurs meurtres de personnes que je ne connais pas. Sauf peut-être Grisha Jaeger. Ce prénom m'est familier, pourtant, je n'en ai jamais entendu parler. De plus, je ne me rappelle plus de grand chose, à part cette grande maison et mon enfance heureuse. Comme on le dirait, je vivais la vie parfaite avant d'atterrir ici.

L'air frais me manque, la sensation du vent caressant mon visage me manque. Je donnerais tout pour pouvoir revoir les cerisiers en fleurs et les pétales flottant dans les cours d'eau. La nature me manque, la nourriture aussi. Celle qui est servie en prison n'est autre qu'une sorte de purée flasque ainsi qu'une chose ressemblant à du jambon. Le goût de la dinde faite par ma mère ne me semble maintenant qu'un lointain souvenir, comme si je n'en avais jamais mangé. Pourtant, j'en mangeais tous les dimanches midi. Puis, j'imagine la douce musique sillonnant chaque pièces de la maison. Une musique douce et triste à la fois, faisant jouer les violons dans une valse lente et hivernale qui n'était autre qu'un simple morceau de Chopin s'appelant Tristesse ainsi qu'un autre morceau joué au piano qui est Nocturne.

Avec ma mère, je me revoyais danser doucement dans le salon sous le regard de mon père souriant. La musique ne s'arrêtait que lorsque nous en avions assez de danser, mais pour la plupart du temps, nous nous en lassions jamais. Ces mélodies étaient toujours agréables à entendre. Parfois, il m'arrivait même d'essayer de reproduire ce morceau à mon piano enfantin. Par manque d'expérience et de méthodes, j'y arrivais très peu. 

A cet instant, je me pris à fredonner la douce mélodie. Elle me détendait, j'aime ça. J'ai encore cette impression d'être dans un autre monde, beaucoup plus agréable que celui-ci.

Dans celui-ci, la vie se résume à naître, vivre, travailler et mourir. Et peut-être parfois être heureux dans sa vie, ce qui est de plus en plus rare. Aujourd'hui, presque tout le monde se réfugie dans la drogue, l'alcool, le tabac et le sexe. Un bon résumé de la vie. Quoique, ça ne me dérange de vivre dans une boucle dans ce genre. Le tabac me détend, la drogue me fait voyager, l'alcool me fait oublier et le sexe me fait vivre. J'aime tout ça. D'ailleurs, je ne sais même plus pourquoi j'ai commencé toutes ces conneries. Peut-être étais-je désespéré ? Ou alors dévasté ? Maintenant j'ai un énorme la de crâne à force de réfléchir à tous ça.

Shank You. [ ereri ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant