Pour toujours et à jamais

VILAINES, TRÈS VILAINES JALOUSIES...

Victoire

Mercredi après-midi, j'ai rejoins Diana et Leslie qui m'attendent au centre commercial. On a prévu tout un après-midi spécial filles, rien qu'entre nous, avec shopping à volonté. Si j'ai bien compris, Alexandre et Yannick ont prévu de leur côté de jouer ensemble aux jeux vidéos. Chacun son truc ! Perso, je préfère faire les boutiques, surtout que Mamita, avant de me laisser partir en cours, m'a glissé plusieurs billets dans mon sac, si rapidement que je n'ai pas eu le temps de protester ou de refuser.

- Pour tes achats, m'a-t-elle murmuré au creux de l'oreille. Avec ça, tu pourras te ramener de jolies choses que tu me montreras ce soir...

Je lui ai sauté au cou en guise de réponse, incapable de la remercier autrement que par cette manière.

Depuis que je vis avec ma grand-mère, je n'ai jamais été aussi bien depuis longtemps. Plus de cris, plus de disputes, pas de frère dans les pattes... Le bonheur ! Je suis traitée comme une petite princesse, mais je crois que mamie me gâte uniquement pour que j'oublie un peu les ennuis qu'il y a à la maison. Lorsqu'elle a su que maman est devenue alcoolique et que sous ses effets, il lui est déjà arrivé de lever la main sur moi, elle a piqué la plus grosse colère que je n'ai jamais vu. Sans me laisser finir, elle s'est jetée sur le téléphone pour appeler ma mère, puis s'est enfermée dans sa chambre. Mais j'étais quand même curieuse alors je suis allée jusqu'à la porte pour écouter. Je n'ai pas très bien entendu parce que les sons étaient quand même vachement étouffés mais j'ai bien compris qu'elle était furieuse contre maman au ton de sa voix tremblante.

À la fin de la conversation, le ton a considérablement monté, se terminant en hurlements. La dernière phrase que Mamita a prononcé a été :
- Tant que tu ne te prendras pas en main et que tu ne te soigneras pas correctement ma fille, Victoire restera vivre chez moi parce qu'elle s'y sentira plus en sécurité qu'avec toi !!

Et elle a raccroché. Je suis vite retournée dans le salon m'assoir sur le canapé pour me donner l'impression de faire quelque chose avec l'un des magasines puis j'ai attendu qu'elle revienne. Quand elle m'a retrouvé, elle n'a pas fait comme si de rien n'était, mais elle n'a pas évoqué non plus leur grosse dispute. Elle m'a juste dit :

- Tu as bien fait de venir ici ma grande. Tu peux rester autant que tu veux, ici c'est chez toi. Et si jamais les garçons veulent nous rejoindre, ils le pourront aussi.
- Merci Mamita, je lui ai répliqué même si je savais au fond de moi que, à part Stefan peut-être, mes frères n'abandonneront pas maman et la laisser seule à la maison.

Et personnellement, ça me convient tout à fait. Un peu de solitude et de l'attention, c'est pile ce qu'il me fallait ! Je compte bien en profiter tout le temps que ça durera !

C'est donc le coeur beaucoup plus léger que je pénètre dans la première boutique du centre commercial, là où sont déjà les filles. Elles sont penchées sur une paire de chaussures que je ne distingue pas très bien de là où je suis et elles semblent discuter à voix basse.
- Salut les girls ! je lance, toute guillerette. Comment ça va depuis ce matin ?
Je n'avais pas l'intention de leur faire peur, pas du tout même, mais elles ont toutes les deux fait un bond de trois mètres en m'entendant. Je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire devant leurs mines déconfites.

- Eh bien ! J'aurai voulu vous faire peur, je n'aurai pas fait mieux ! C'est que moi, hein ! Pas de quoi s'affoler !
- Excuse-nous, Vic, sourit Leslie, un peu gênée. On était concentrées sur ce qu'on faisait et on n'a pas remarqué que tu étais arrivée.
- Ça, je l'ai bien vu ! je me moque gentiment, les mains sur les hanches. De quoi parliez-vous pour être à ce point concentrées ?