Tableau

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ROUGE. C'est la couleur principale qui se dégageait de la scène... Au centre de la pièce on pouvait apercevoir un homme, allongé sur le dos, les yeux vitreux, éventré. À l'intérieur de son ventre béant, un bébé mort semblait avoir été méticuleusement placé de façon à ce que le spectateur de ce message sanglant ne puisse être immédiatement sûr de ce qu'il voyait, de faire douter la personne qui regardait cette triste scène assez longtemps pour qu'une fois qu'elle eut compris, cette image ne puisse plus jamais quitter ses pensées...

À droite du cadavre de l'homme, sur une longue table qu'on ne pouvait voir complètement, reposait le corps nu et mutilé d'une femme. De multiples lésions parcouraient la victime, commençant par le crâne, les cheveux ayant préalablement été rasés, on pouvait clairement voir de la peaux calcinée par endroits, prenant une teinte noire cendrée. Des entailles de couteaux marquaient presque entièrement son ventre et ses flancs. Plus bas, un manche de poignard dépassait du sexe de la femme, tandis que ses jambes semblaient avoir été broyées par un objet extrêmement lourd.

A l'opposé de ce corps se trouvait un autre cadavre, allongé sur le ventre, les mains et les pieds cloués au sol par des barres de fer incandescentes. Toute la partie arrière de son corps, partant de la nuque et se finissant au bout des jambes, avait été écorchée vive, tandis qu'à côté du corps, gisait un fouet sanguinolent, ayant  sans doutes servi à flageller le malheureux. 

Malgré tous ces éléments incarnant l'horreur au plus haut point, ce qui attirait le plus l'attention se situait au dessus de tous ces cadavres... Une silhouette enveloppée dans une longue cape rouge sang flottait au dessus de la pièce. La lumière semblait engloutie par cette immense forme aux yeux rouges et aux dents affûtées. L'imagination faisait le reste, certains pouvaient très bien y voir un autre cadavre, accroché par un lien invisible, tandis que d'autres y verraient un envoyé du Diable, un vampire prêt à se jeter sur la mer de sang coulant juste en dessous de lui... Cette seconde théorie paraissait d'autant plus crédible que le regard de l'étrange créature restait rivé sur le spectateur, donnant l'impression que ce monstre, tout droit sorti des pires horreurs pouvant être imaginées par les hommes, allait se mettre à bouger pour s'extraire du cadre et happer l'observateur de ce terrible spectacle à l'intérieur.

James Crowd se détacha du tableau. Il le regarda encore quelques secondes avant de s'en détourner complètement et de partir en direction de la sortie de ce musée des plus...particuliers. Allez savoir tout ce qu'on pouvait trouver dans les rues de New York... L'auteur avait quand même une façon de peindre très macabre, que ce soit au niveau des détails ou des couleurs utilisées. Bien que ce genre de tableau n'intéressa absolument pas James, celui-ci, dégageait tout de même une sorte d'aura, attirant l'oeil comme un aimant et empêchant le spectateur de s'en détourner, suffisamment longtemps pour que la peinture reste gravée dans sa mémoire jusqu'à la fin de ses jours...

Un téléphone portable vibra dans la poche de James. Il saisit l'appareil avant de regarder le numéro qui s'affichait sur son écran d'un air surpris. Des quatre appareils téléphoniques qu'il possédait, un seul était constamment avec lui où qu'il aille... Le premier lui servait à communiquer avec sa famille, tandis que le deuxième était un téléphone sécurisé pour les appels de témoins. Le troisième était quant à lui destiné à tous les messages plus ou moins important qu'il pouvait recevoir du FBI... Mais le téléphone qu'il tenait dans sa main était destiné uniquement aux cas exceptionnels, pourvus d'une urgence extrême nécessitant immédiatement l'aide de ces capacités pour le moins...particulières. Très peu de personnes avaient ce numéro. Certaines organisations secrètes pouvaient y avoir recours tandis que les plus hautes autorités de l'État pouvaient le dénicher avec un peu de mal. 

Ce téléphone portable à l'aspect classique, mais pourvu de multiples protection contre une potentielle tentative de piratage, enveloppé d'une fine coque noire lui donnant un air fragile mais pourtant à l'épreuve des balles, n'avait sonné qu'une seule fois en treize ans de métier. Et c'était pour l'entraîner dans la mission la plus horrible de son existence, suite à laquelle la femme qu'il aimait se fit assassiner. James Crowd décrocha.

Le Mal a un NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant