Chapitre 1

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Une brise me souffle sur le visage, je sens l'odeur de l'automne, les feuilles qui tombent autour de moi, elles me frôlent, elles meurent, elles tourbillonnent au rythme du vent. J'entends les branches des arbres craquelés, j'entends mon souffle, je sens mon cœur qui bat. Je ne suis pas morte, pas encore.

Je marche d'un pas tranquille vers la maison, où je sais que rien ne m'attend, que j'avance mais vers nulle part, j'avance parce que on me le demande, j'avance pour ne pas causer de peine, j'avance, mais à reculons. Je m'enfonce peu à peu dans un puits sombre que l'on appelle la solitude, le besoin d'être seul, le besoin de n'avoir besoin de personne. La solitude est ma meilleure amie et en même temps ma pire ennemie.

Je dépasse le seuil de la porte. Tout est mort, le silence règne. Je retire mon manteau et le pose sur le canapé noir en cuivre qui a finit son temps. J'avance vers le salon, maman est là, à coté de la cheminée, elle est de dos. Elle ne m'a pas entendu rentrer, elle ne veut plus m'entendre, elle ne veut plus entendre sa fille, ce fardeau qu'elle aurait voulu perdre ce jour là. Elle ne m'aime plus, si elle m'a seulement aimé à un moment de sa vie. Je ne me reconnais pas en elle, je n'ai rien avoir avec elle, appart deux fossettes à la commissure des lèvres quand je souris, mais cela fait bien longtemps que je ne souris plus. Elle à l'air tranquille, elle lit un livre, je ne vois pas se que c'est. Ces cheveux bruns sont lâchés, ils tombent sur ces épaules, elle les a mit derrière ses oreilles, elle ne supporte pas les avoir devant ses yeux. Je m'avance vers elle, je sens peu à peu l'odeur du bois qui brule et la chaleur qui m'entour :

-Je suis rentré, dis je.

Elle ne me regarde qu'un bref instant. Ces yeux verts, triste, entourées de rides, de cernes, ces lèvres cornées par le froid, son front couvert de rides, ces joues creuses. Ce n'est plus ma mère, plus celle que j'ai connu avant ça. Elle respire la tristesse, elle vit dans le souvenir, la douleur du bonheur passé, elle n'arrive pas à vivre avec le présent, elle s'enfonce comme moi dans la solitude, je ne peux pas l'aider, je ne veux pas, je ne veux plus. Elle baisse le regard.

Je monte dans ma chambre, les marches grincent sous mon corps, un corps inerte quasiment sans vie. Je marche dans ce couloir, où, autrefois, le bonheur régnait, où autrefois, je ne me souciais pas du lendemain, mais du présent. La tapisserie ce décolle peu à peu, corné, défraichie, morte. Je prends la deuxième porte à droite, je ferme la porte de ma chambre. La fenêtre est ouverte, les rideaux blancs se balancent aux rythmes du vent. Des feuilles de chaines sont posées en désordre sur mon lit noir. Je m'assois dessus, il grince aussi, un grincement familier que j'aime. J'ouvre le tiroir de ma table de nuit, où reposent ma lampe, un ciseau et une photo de moi avec mon frère. Je prends le ciseau, je le pose à coté de moi, j'enlève mes gants, je découvre les cicatrices, trop nombreuses, trop horribles. Je reprends le ciseau et l'appui sur ma peau froide et blanche. J'ouvre une vieille plaie, le sang coule, comme mes larmes. Je ne sens plus la douleur, plus rien ne m'atteins, plus rien... Je continue, plus profond, toujours plus profond, je ne veux plus avoir mal, mal d'avoir tout perdu, de n'avoir rien pu faire pour empêcher ce désastre. Je ne veux pas m'arrêter, mais j'entends ma mère monter. Je balance le ciseau dans le tiroir, je le referme, et remet mes gants. J'essuie mes larmes, je ne veux pas qu'elle sache que je souffre. Elle rentre. Son corps est encore plus maigre que je ne l'imaginais, ces jambes frêles, j'ai peur qu'elle se brise sous mes yeux, j'ai peur qu'elle me demande de la réconforter, de lui dire que tout va bien, parce que je n'en serais pas capable, tout ne va pas bien, rien ne va plus. Elle regarde ma fenêtre ouverte, mais ne va pas la fermer. Autrefois, elle l'aurait fait, et m'aurait dit que j'allais attraper froid, mais aujourd'hui, elle n'en avait plus rien à faire. Elle s'avança dans un silence de mort, je baissai le regard. Elle s'asseyait à coté de moi :

HopelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant