Partie 5

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Un ronronnement dans mon oreille m'extirpa doucement de mes songes. Je découvris Edgar allongé sur la moitié de mon oreiller, heureux d'avoir réussi à me chasser de celui-ci. Depuis que j'avais emménagé il y a deux jours chez Emilie, je le sentais heureux. Enfin tant qu'on le nourrissait celui-là il pouvait devenir votre meilleur ami. Ce qui était étrange c'est que d'habitude il ne me réveillait jamais avant..

- Mon dieu il est déjà 8h45 !! Edgar je suis en retard !!

- Miaooooooh...

Je fis une petite cascade pour sortir de mon lit mais voulant me lever trop vite, mes pieds restèrent emmêlés au fond de la couette. Je finis donc mon chemin sur le sol de ma nouvelle chambre. Quelle maladroite je pouvais être. Je me démêlais rapidement pour regarder mon téléphone. Pas d'appels manqués juste un message d'Emilie :

« Je suis partie à 7h ce matin j'espère que tu dors bien je ne t'entends plus te lever la nuit, je pense que c'est bon signe . On se voit tout à l'heure j'ai une surprise pour toi. Bisou »

Ça pour bien dormir, j'en étais en retard maintenant. Mais il est vrai que je dormais mieux depuis que j'avais emménagé ici. Mes cauchemars incessants me retraçant mon ancienne vie s'étaient du jour au lendemain arrêtaient, ce qui avait apaisé mes songes.

L'avantage d'être sage-femme c'est de savoir s'habiller rapidement, à moi de le prouver ! J'enfilai mon bon vieux jean délavé traînant depuis la veille sur mon fauteuil, j'attrapai de volet un tee-shirt simple rose et bien évidemment, un de mes fameux pull molletonné à inscription. J'avouerai que sur le moment, j'eus une légèrement hésitation. Je ne voulais pas que le docteur Fresco me voit à nouveau ainsi. Depuis La conversation avec Emilie, quelques questions avaient tourné dans ma tête.... 

 Trêve de bavardages et met une vitesse Valentine !  me hâtai-je. Après tout ce n'était pas le moment de polémiquer sur ça, ce n'était qu'un vêtement transitoire avant d'enfiler ma blouse rose. Quelle chance avais-je de le croiser ? Il était bien trop occupé à travailler... Brosse à dents à la bouche, je tentai simultanément d'enfiler mes chaussures, non sans mal. Je jetai un rapide coup d'œil ma montre : 9h00. Heureusement qu'Emilie habitait tout près de l'hôpital, quelques coups de pédales et j'y serai en moins de 10 minutes. Si je prenais la voiture, chanceuse comme j'étais, je pouvais être sûr de tourner en rond pendant encore 30 minutes.

Arrivée à l'accueil, je me sentis soudainement l'âme d'un agent secret. Hors de question que le Dragon Muriel me voit arriver en retard. En deux jours, elle avait largement repris du poil de la bête et m'attaquait pour la moindre petite chose comme une mitraillette ! Et elle ne se contentait plus de son espace d'accueil... Cafétéria, salle de repos, couloir, si elle me croisait j'avais le droit à une remarque sanglante des plus réfléchies. Elle devait les écrire la veille, c'était impossible d'avoir autant de réflexions à dire à une seule personne ! Je me sentais comme en zone de combat, dès que je sentais sa présence dans les environs. Comme un soldat en plein conflit, je m'accroupis de manière à ne pas dépasser la hauteur de son bureau. Dès qu'elle se tourna vers le tableau d'affichage, j'activai le pas. J'avançai discrètement à moitié recroquevillée sur moi-même, pas à pas dans le silence le plus total. Certains patients attendant dans la salle me regardaient amusés tandis que d'autres se demandaient bien ce que je pouvais faire. De l'extérieur, la scène devait être plutôt étrange. Je sentais l'adrénaline couler dans mes veines, mon corps chauffait et mon cœur s'accélérait. Je devais vraiment passer pour une folle et j'en eus la confirmation quelques minutes après avoir franchi cet obstacle périlleux. En me redressant fièrement, un peu plus loin derrière une plante, j'entendis une sorte de bruit d'applaudissement. Je levai les yeux vers ce qui m'avait semblé jusqu'alors n'être qu'une simple masse, fixe au loin, immobile. Liam. Se servant du mur comme appui, il me regardait l'air amusé de ce dont il avait pu être témoin. Il applaudissait doucement. Il était visiblement difficile pour lui d'empêcher sa feuille de route de la journée de tomber au sol qu'il avait calé contre son aisselle. Il avait dû s'arrêter expressément pour me voir jouer au soldat... Zut. Démasquée. Je devais tenter le tout pour le tout et faire comme si de rien n'était... tête haute, dos droit, je repris une allure des plus normales en le saluant simplement d'un hochement de tête. Arrivée à son niveau, il se décrocha du mur pour continuer sa route à mes côtés.

L 'Amour 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant