Partie 10

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La vue était splendide. Perchée sur la terrasse non aménagée de l'immeuble où j'habitais depuis plus d'un mois maintenant, je m'étais organisée un petit coin lecture douillet afin de retrouver un peu de calme et de sérénité. Installée au fond du vieux pouf, héritage de mon ancienne relation, j'observais le coucher de soleil sur notre belle ville. Une sensation de paix m'envahissait en ce lieu, ce qui me procurait la solitude dont j'avais besoin depuis ma confrontation avec Liam. Une petite semaine s'était écroulée depuis, hélas il me restait un arrière-goût désagréable en bouche. J'avais beau faire mon travail et m'occuper l'esprit le plus possible, ses mots m'avaient marquée au fer rouge. Heureusement pour moi, il avait eu quelques jours de congés ce qui m'avait épargnée une vie de fuites interminables telle une vagabonde. Etrangement dans l'hôpital, rien ne semblait me laisser croire que l'histoire était connue de mes chères collègues souvent bien trop curieuses. La preuve supplémentaire qui m'avait confortée dans l'idée que l'information n'avait guère fuité, venait de l'expression de surprise sur le visage de mon amie Emilie à l'annonce de la nouvelle. Pour une fois, les choses allaient « plus ou moins » dans mon sens. Emilie avait bien évidemment pris mon partie, peut-être un peu trop à mon goût, mais il était agréable de constater l'effet bénéfique que cela pouvait avoir sur mon moral que d'avoir une personne si loyale à mes côtés. Tout au long de la semaine, elle avait pris un malin plaisir à jouer au petit diable à l'hôpital. En effet, tourmenter Lucie et subtiliser les repas du Docteur Fresco étaient devenu son passe-temps favori. La narration de ses nombreuses péripéties animaient chacune de nos soirées ce qui m'étaient plutôt agréables. Elle m'avait racontée comment elle avait récupéré une couche usagée pour la cacher dans le casier de Lucie, ou encore comment elle avait inversée toutes les étiquettes dans le frigo pour que Liam ne retrouve pas son repas. Elle était friande de ces petits récits. Bien qu'elle se fût auto-proclamée ma « vengeresse », il était clair pour moi que ce petit jeu était devenu pour elle un moyen d'oublier son ancienne relation. Une sorte de thérapie personnelle. Je ne voyais pas où était le mal, après tout personne n'en souffrait à part peut-être les narines de notre collègue Lucie. Néanmoins je ne pouvais nier le fait qu'il m'avait touché en plein dans mon orgueil. Je devais me faire à l'idée que je n'avais pas été assez sur mes défenses, je sortais d'une rupture et j'étais faible, pour cela je ne méritais pas de tels propos. Je m'en voulais d'avoir été si faible. Pour dire vrai, je n'avais jamais eu une telle alchimie avec un homme et cette sensation de plaire à une personne complètement différente de mon environnement habituel, avait quelque chose d'enivrant. C'était surement pour ça qu'il m'avait attirée. Ce côté méchant garçon avait un pouvoir magnétique sur moi. J'avais beau lui en vouloir et de me sentir toujours autant blessée, le croiser dans un couloir ou dans la salle de repos réveillait toujours en moi une petite flamme. Je n'ai jamais été une fille agressive et rancunière, je sentais que son pouvoir sur moi continuait à s'exercer. Pourquoi, il avait fallu que je le rencontre et qu'il m'étourdisse autant. J'avais toujours fait en sorte de garder mes distances avec ce genre d'homme, séducteur, joueur et arrogant. Moi j'allais vers des hommes simples, très intellectuels avec un mode de vie très différent de l'ensemble des gens. Liam n'avait clairement rien à voir avec Christian. Christian... Son nom remplit soudainement toute ma tête. Je me demandai ce qu'il devenait, ce qu'il faisait, si son cabinet marchait bien... Je fixai mon téléphone sur la table improvisée avec des palettes en bois. Voilà bien longtemps qu'il ne m'avait pas servi à le joindre. Il n'avait lui-même pas essayé d'avoir de mes nouvelles. Malgré l'immense douleur que j'avais ressentie lors de notre rupture, dans ces moments où mon moral frôlait le sol, je regrettais notre relation. J'étais si bien. Je ne craignais pas l'avenir, je savais où j'allais. Je me rappelais chaque matin où je me levais le sourire aux lèvres à faire ma récolte de fraises tout en buvant mon thé fait maison. Par moment, je m'installais sur le balcon et je respirais à plein poumon l'air frais. Je regardai de nouveau mon téléphone. Un brin de doute emplit ma tête. Etait-ce la bonne chose à faire ? Je l'attrapai doucement mais je le gardai éteins comme si une petite peur me l'interdisait...

L 'Amour 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant