Partie 6

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La neige était tombée sur la ville de Bordeaux. En une demi-dizaine de jours, elle avait revêtu une jolie robe blanche qui me rendait rêveuse. J'aimais cette ambiance qui me rappelait mon enfance. J'étais postée devant la fenêtre de la salle de repos, seule. Il n'était que 5 heures du matin. Après une nuit bien agitée par l'accouchement de jumeaux, j'avais enfin le temps de siroter mon café. Certains de mes collègues se reposaient dans les pièces dédiées pour l'occasion. D'autres étaient toujours de surveillance, quant à la majorité, ils étaient probablement encore chez eux dans leur lit.

Il ne s'était pas passé grand-chose en six jours. J'avais pris le plus grand soin d'éviter mon amie Emilie. Bien qu'habitant sous le même toit, nous nous n'étions que très souvent croisées.J'avais aussi pris le soin de fuir le chef de la pédiatrie, ce qui avait calmé mes journées. Elles avaient d'ailleurs été un peu plus ennuyeuses, je devais le reconnaître. Comme prévu, mon amie m'avait harcelée de petits mots pour me motiver à la rejoindre dans sa folle aventure ce qui avait eu l'effet inverse sur moi.... J'étais devenue une reine de l'esquive, aussi vive que l'éclair, j'arrivai maintenant à changer de sujet de conversation aussi vite que mon ombre. Quant à Liam, il avait tellement travaillé que je n'avais fait que l'apercevoir. Il n'avait pas vraiment cherché à me parler non plus d'ailleurs. Ceci m'avait confirmée que je n'étais pour lui qu'un simple jeu de séduction. Dans le fond, j'étais un peu déçue, je devais l'avouer. Toutes femmes souhaitent être uniques aux yeux d'un homme. J'espérais être un peu différente de ces filles qui lui disaient amen à tout et que c'était ce qui lui plaisait. Mais je voyais bien que j'étais un challenge, rien d'autre.

Mon regard se perdit sur un chat qui s'amusait avec les flocons un peu plus loin. Ça me rendit du baume à l'âme. Assister l'accouchement m'avait épuisée. Deux belles petites filles étaient nées cette nuit aux alentours de 3 heures du matin. Voyant le jour 2 à 3 mois avant leur vrai terme, nous avons dû nous en occuper au service des prématurés. C'était souvent le cas avec les jumeaux, mais elles se portaient bien. Je me dirigeai vers les fauteuils, traînant la patte. Je m'installai sur le siège le gros de la salle, celui qui tournait le dos à la porte. Je ne voulais pas qu'on me voit si quelqu'un venait à s'aventurer ici. Je me positionnai le plus au fond possible dans mon fauteuil, pieds sur l'assise, tasses à la main. Il faisait chaud, j'étais bien et je m'endormis sans crier gare...

***

Une sensation d'humidité me ramena de mes agréables songes. Une petite trainée de bave avait commencé à couler le long de ma bouche ce qui avait certainement déclenché mon réveil. Je l'essuyai vivement en espérant que personne ne m'ait vu mais je me rendis rapidement compte que la salle était vide. L'horloge indiquait 5h45. Rien ne semblait avoir bougé dans la pièce mais pourtant je remarquai que ma tasse avait mystérieusement atterrie sur la table basse devant moi, accompagnée d'un petit mot : « J'ai préféré vous retirer votre tasse de peur que vous ne vous brûliez avec. Je n'ai pas osé vous réveiller vous sembliez si paisible... J'espère ne pas avoir fait trop de bruits, vous méritez du repos vous avez bien travaillé cette nuit. L. »

Je m'étirai de toute ma longueur tout en me demandant qui avait pu me laisser ce message. « L. » Lucie serait-elle passée dans la salle ce matin ? C'était fort possible puisque nous avions travaillé sur le même accouchement. Ou bien Laurent, le jeune interne qui était de garde.... Pour dire vrai, la liste s'allongeait dans ma tête. J'essayai de me souvenir tous les noms de mon entourage qui avait travaillé cette nuit-là en me dégourdissant les jambes. Luke, Laurine, le docteur Luther... Je m'arrêtais. Sur une autre intervention, j'avais pu apercevoir le nom Liam sur le panneau d'affichage. Je restai sceptique. Il n'était pas de ces petites attentions, presque affectives. Je repris mon chemin en ajustant ma blouse . Ne rêve pas Valentine, il t'a ignoré presque la moitié de la semaine ça ne peut pas venir de lui , me dis-je, convaincue.

L 'Amour 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant