Partie 11

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« Plus que 3 heures... » me dis-je en fixant ma montre solidement attachée à mon poignet. Face à moi, dans mon casier de la salle de repos, se trouvait la tenue qu'Emilie avait pris le soin de me préparer. En 3 jours, depuis l'annonce de la fameuse nouvelle, elle avait retourné le monde à la recherche de la tenue parfaite pour moi. Cette robe au style bohême me faisait rougir rien que de la regarder, bien que suspendue. Clairement, je ne savais pas distinguer d'où me venait ce mal être ... l'activité de poterie ou la robe. Je redoutais ce fameux moment de l'enfiler et de m'exposer à la vue de tous. De plus, je n'avais guère le choix. Ma très chère colocataire ayant pris le soin de subtiliser mes autres vêtements, je ne pouvais donc pas quitter l'hôpital dans ma tenue de travail. Sinon cela m'aurait value des regards suspicieux lors de l'activité. Je n'avais pas envie de passer une nouvelle fois pour la fille décalée et complètement introvertie. Mon biper sonna. Je refermai mon casier non sans bruit et je finis d'une traite ma tasse de café. En sortant de la pièce, je percutai Liam qui fut visiblement trop étonné pour me servir une réponse cinglante. Nous restions là à nous observer sans émettre le moindre de son à se jauger l'un l'autre. Comme si chacun de nous attentions que l'autre fasse le premier pas. Nous avions quasiment passé les deux dernières semaines à nous éviter, lui cherchant essentiellement à me narguer et à garder l'étiquette du mec arrogant et sur de lui. N'empêche que pour la première fois depuis longtemps, il semblait regretter notre éloignement. Finalement, il s'excusa en prenant soudainement le soin d'éviter mon regard. Attitude plutôt étrange venant de sa part, ce qui me laissa pantoise sur le seuil de la porte. Il me jeta un bref coup d'œil en la fermant, mais pour moi ce bref regard sembla durer une éternité et encore, il ne me paraissait pas assez long. Une petite pointe se manifesta dans ma poitrine. J'aurais aimé entendre d'autres mots que ce simple « pardon ». Quoi qu'en y réfléchissant, ces mots étaient peut-être plus adéquates que je ne le pensais au premier abord. Bien évidemment, j'aurais préféré l'entendre il y a plus d'une semaine, lorsqu'il m'avait traitée de « vieille fille abandonnée » mais ils étaient finalement sortis de sa bouche. Bien que sortant du vrai contexte, cela ne m'avait pas laissée indifférente. Et puis voilà tellement longtemps que je n'avais pas entendu sa voix... Mon biper sonna de nouveau, il était temps de s'activer. Je me dirigeai vers le bureau de sages-femmes pour retrouver Aurore installée dans son fauteuil.

- Que se passe-t-il ? Lui demandai-je calmement

- Tu m'avais demandé de te biper s'il s'agissait de Melle Gadon.

- Elle est en train d'accoucher ?

- Non, toujours pas ! Le médecin voudrait déclencher le travail par voie médicamenteuse mais elle refuse. Il a pensé que ça serait une bonne idée de la faire prendre l'air, on ne sait jamais si ça peut déclencher le travail ! Et puis tu as un sacré pouvoir de persuasion peut-être que ça la décidera à aller dans le sens du docteur.

- Bon d'accord, après tout ça me calmera peut-être un peu.

- Tu es tendue ? me demanda-t-elle sans arrière-pensée

- Un peu, j'accompagne Emilie à une de ses activités de rencontres et je ne te cache que j'ai un peu peur.

- Ma sœur a trouvé l'amour comme ça ! Avec le temps ces choses-là se sont améliorées, tu peux vraiment y aller sans crainte, tu ne croiseras pas de détraqués !

- J'ai peur qu'on me juge...

- Valentine, évidemment qu'ils vont te juger, le but c'est de trouver l'amour donc on regarde forcément les gens. Le but de la manœuvre reste de trouver quelqu'un qui te correspond, c'est une bonne chose que tu le fasses après ce qui t'ai arrivé... expliqua-t-elle en se rendant compte de son manque de tact. Excuse-moi si j'ai gaffé.

L 'Amour 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant