Partie 4

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« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Christian Pujaul, je ne suis pas disponible pour le moment mais laissez-moi un message et je vous rappellerai ultérieurement »

Ce message défilait en boucle dans ma tête. J'avais dû l'entendre une bonne douzaine de fois depuis notre séparation mais toujours sans recevoir de réponse. Ce petit moment de la journée était devenu pour moi une des rares occasions où je pouvais encore entendre sa voix... Je devais surement passer pour la vieille fille complètement folle qui n'a rien d'autre à faire que d'harceler son ex amant mais soit, j'en avais besoin. Je voulais entendre sa voix chaude prononçant chaque mot perceptiblement bien... Depuis cette fameuse matinée, j'avais prolongé mon congé maladie d'une semaine, cela m'avait permis de reprendre un temps soit peu mes esprits mais surtout pour me faire oublier le mal que je pouvais ressentir au fond de moi. Comme un bruit sourd qui résonnait dans ma poitrine, un manque incessant. La seule solution était de le noyer sous des litres de glaces à la vanille macadamia en regardant de vieux films à la télévision. Mes parents m'avaient accueillie gentiment chez eux en me proposant de m'héberger le temps que je puisse retrouver un logement. Le retour aux sources avait néanmoins été un peu pénible...

- Valentiiiiiiine ?! Chanta une voix derrière la porte. Je t'ai préparé ton petit déjeuner »

Hors de question de répondre ! Je ne veux pas quitter ma couette, au moins ici rien ne peut m'atteindre. Peut-être que si je fais semblant de dormir ...

- Mon petit bouchon il faut se lever, il est plus de 10h ! Il ne mérite pas que tu pleures pour lui ! Je l'ai toujours dit qu'il n'était pas fait pour toi, surtout quand j'ai vu qu'il ne mangeait que des racines ! Et puis franchement même pas un coup de fils ! 7 ans de relation et il te jette comme ça ! Imagine si vous aviez eu des enfants ! »

J'ouvris la porte d'un coup sec afin d'interrompre rapidement son monologue des plus irritants... Ma mère et son franc parler, quelle joie ! Comme si j'avais besoin de ça actuellement. Elle me fit son plus grand sourire et m'encouragea de la main à la suivre vers la cuisine. Ce que je fis. Sans un mot de ma part j'avançais pas à pas derrière ma mère qui visiblement n'avait pas fini de m'accabler de ses commentaires tranchants. Elle n'attendait même pas de réponses de ma part je le voyais bien, elle avait juste besoin de parler. Je m'installais nonchalamment à table tout en dévisageant ce qui semblait être le « fameux » petit déjeuner de ce matin.

- C'est censé être quoi ça ?

- Ce « ça » ma chérie, c'est des pépites fourrées au chocolat ! Tu adorais ces céréales quand tu avais 5 ans, tu m'en faisais des caprices, un vrai diable ! me répondit-elle

- Maman, je ne suis plus une enfant... Et puis des céréales... Question sucres ajoutés l'apport nutritionnel est très médiocre je ne mange que des fruits de saison ...

- Arrête ton charabia veux-tu ? Sors de ta routine de hippie, pesta-t-elle. Et souris un petit peu ! Ta sœur, elle, souris tout le temps...

- Je ne suis pas ma sœur, la coupai-je, ni une hippie. Je fais attention au monde qui m'entoure pour les générations futures.

- Valentine, s'il te plait, tu me donnes mal à la tête.

Elle mit fin à la conversation d'un revers de main. Non mais et puis quoi encore ? JE lui donne mal à la tête sérieusement ? Pensais-je. Edgar me regarda, enfin surtout ce qui était devant moi.

« Crois-moi-même toi tu n'en voudrais pas »

En guise de réponse, il miaula. Comme s'il avait compris le message, il descendit de table pour suivre ma mère hors de la pièce. Au moins un qui ne m'accablait pas.

L 'Amour 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant