Chapitre 18 : Strasbourg

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13 mai 1918, à Strasbourg

La neige commençait se faire moins reine aux portes de la ville, la pluie était plus présente. Laure était là. Assise. Sur un banc. A attendre. Attendre là malgré le froid. Elle attendait sans aucune raison. Sans se soucier du froid, et de la douleur. Elle attendait.

Depuis la mort de sa mère, Laure avait perdu le gout de la vie. Sans la présence d'Alexander, elle ne trouvait aucune joie dans la vie qu'elle menait. Cela fessait deux bonnes heures, qu'elle était là sur ce banc et sous la fine neige. Sa robe noire, était aussi noire que le charbon. Son regard était sans vie, et ses pensées obscures. Lorsque les villageois passaient, ils la regardaient avec pitié et compassion.

Elle avait beaucoup maigrit. Elle ne mangeait plus. Ne dormait quasi plus. Elle semblait affaiblit et assoiffé. Assoiffé de vengeance. Une vengeance envers ses hommes qui défilaient devant elle, dans cet uniforme gris, avec leur air supérieur et fier. Fier de ce qui représentait. La terreur et la mort.

Madame Müllers, Claire et sa mère s'inquiétaient beaucoup pour elle. Ce jour là, ce fut Madame Tonne qui s'arrêta pour lui parler et essayer de la résonner. Elle avait beaucoup de peine qu'une aussi jolie jeune femme qu'elle, reste là sur un petit banc sans bouger et sans parler.


Pourquoi restes-tu ici Laure ? Lui demanda t-elle en la réchauffant.


Laure tourna la tête doucement, vers la femme, elle lui souri légèrement. Elle baissa la tête, jouait avec quelques plies de robe, tel une enfant. Elle soupira quand une section de soldats Allemand passa devant elle. Sa tête se leva et les regarda. Elle avait un air cruel. On pouvait y lire, toutes les injures, qu'elle avait pu leur dire. Toutes les balles qu'elle avait pu tirer avec ses yeux. Toute la tristesse de toutes les morts qu'elle avait subit.


Tu devrais rentrer au chaud, Laure. Elle lui prit le menton et le tourna vers elle. Viens à la maison, tu seras au chaud et tu auras autant de chocolat chaud que tu voudras. Laure lui prit la main et la serra avec les siennes. Elle souri doucement.

Je ne voudrais pas, m'imposer chez vous Madame Tonne. Expliqua t-elle. Je vous promets que je retournerai chez moi.

Tu seras toujours la bienvenue à la maison. Madame Tonne lui souri. Et je te crois. Elle lança son regard vers deux hommes. C'est de ces soldats que je me méfie. Âpres les récents événements, je n'aimerai pas te voir avec un des leurs.

Je vous comprends Madame Tonne. Soudain son regard fut nostalgique. Cependant, ils ne sont pas tous comme eux. Celui que j'aime n'est pas un monstre ou un animal, il a un cœur et une âme. Lui répondit t-elle, tellement persuasive. Sa voix devenait presque envoutante et d'une tristesse sans mots. C'est pour notre amour, que maman était dans la cathédrale ce soir la. C'est de ma faute. J'aurais du être avec elle. Être à sa place. Malgré sa tristesse aucunes larmes ne firent apparition.

Oh Laure...La femme la serra contre elle.


C'est alors qu'il passa. Un soldat. D'une trentaine d'année. Probablement un officier. Il n'avait aucunes cicatrices et aucunes marques des combats du front. Un peu rondouillard, le regard pervers. Il s'arrêta devant Laure. Et lui tendit la main avec quelques pièces au creux.

Laure leva la tête doucement. Lui lançant un regard violent. Madame Tonne se doutait qu'elle ne régirait pas en tant qu'adulte, elle avait tellement souffert. Qu'elle ne souhaitait que vengeance. La jeune femme fronça les sourcils. Son visage était dur et sans émotions. Elle avait reconnu l'uniforme allemand. Et alors qu'il lui fessait l'aumône, elle savait pertinemment que ce n'était pas par pitié. Il voulait quelque chose en échange. Quelque chose qu'elle ne lui donnerait jamais.

Alors elle se leva sans un geste brusque, délicatement. Elle le regardait toujours. Toujours avec le même regard. Remplis de haine. Toujours ce même regard.

Madame Tonne se leva à son tour, elle prononça le nom de la jeune fille avant de reculer de quelque pas vers l'arrière, elle regarda le soldat avec peur.

Laure lui lança un regard provocateur, et tendit sa main. L'homme souri. Puis en un coup droit et rapide, elle frappa la main du soldat. Et les quelques pièces, tombèrent au sol.

La Strasbourgeoise (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant