Falnaele l'acharnée

Chapitre 6 : Le clan Eknatel

Falnaele échauffa ses muscles avec quelques mouvements silencieux. La nuit à présent bien avancée, le moment de frapper approchait. L'immense reptile en contrebas dormait d'un profond sommeil, sa respiration faible semblait s'apaiser, malgré le poison des gobelins qui rongeaient ses entrailles. Entre ce mal et les blessures de son dernier combat, le dragon consacrait toute son énergie à régénérer sa chair, sans pouvoir maintenir un quelconque niveau d'attention contre d'éventuelles menaces. L'heure était venue de se débarrasser de la menace.

"Je vais le tuer," se répéta-t-elle avec toute sa concentration focalisée sur le cou déjà mutilé du colosse. "Je lui tranche la nuque, je rentre au village, je retrouve ma famille. Cette proie est à moi, sa sensibilité à la magie ne le sauvera pas si j'enchante mes épées qu'au moment de le découper. Sa taille importera peu lorsqu'il se videra de son sang."

La féline laissa parler son instinct, et se mit naturellement dans la position d'attaque la plus adaptée à la situation. Au bord de la saillie, la féline se laissa tomber en avant. Tête vers le bas dans sa chute muette, la prédatrice entama son mouvement d'attaque visant la faille dans la carapace d'écailles de sa proie. En une seconde elle franchit la distance entre son perchoir et sa victime, sa nature de féline lui hurlait de frapper, de recourir à toute la violence enfouie au fond d'elle pour abattre une créature d'une telle grandeur.

"Magie du vent – Enchantement !" Conjura Falnaele au moment où ses lames entraient en contact avec leur pâture.

Le dragon s'éveilla en un violent sursaut alors que Falnaele abattait ses lames, les pouvoirs de la féline ne pouvant échapper à une créature magique de son importance. La guerrière aux deux lames sentit ses bras baigner dans le sang du monstre, avant d'être propulsée violemment en arrière. Son corps virevolta, et elle eut bien du mal à atterrir sur le sol rocailleux sans se briser un os dans la manœuvre. Avant même qu'elle ne puisse lever la tête pour confirmer la situation, elle fut à nouveau projetée par un vent violent qui l'envoya s'écraser contre le perchoir rocheux duquel elle s'était élancée. Lâchant un cri douloureux alors que son corps se trouvait plaquée contre la paroi, elle comprit que ce souffle anormal provenait des ailes du dragon.

La créature poussa un rugissement redoutable en prenant son envol. Le colosse, d'une envergure comparable à celle du village Eknatel, dessinait à présent des cercles au-dessus de son plateau.

— Merde, il peut sentir la magie dans son sommeil ! Jura Falnaele en se laissant glisser au sol, libérée des battements d'ailes de la créature. J'ai lacéré sa nuque aussi profondément que je le pouvais sans atteindre la moindre artère, c'est comme si je l'avais à peine éraflé... Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que je fais ?

La guerrière aux deux lames n'eut pas le temps de décider de sa prochaine manœuvre, l'ombre du dragon cacha les lunes de Meiralys, alors qu'il fondait droit sur elle la gueule grande ouverte, ne cachant rien de son son intention de la dévorer en une bouchée. La féline vit des crocs aussi grand qu'elle s'approcher, et ils étaient prêts à se refermer.

— Magie du vent, Laisse-moi bondir à travers les cieux ! Cria Falnaele en sautant avec toute la force dont elle disposait.

Poussée par ses muscles et sa magie, elle s'éleva assez haut pour éviter son adversaire, qui passa seulement un mètre sous elle. Les bourrasques suivant le passage du reptile perturbèrent la féline dans les airs, si bien qu'elle s'écrasa à nouveau lourdement au sol sans pouvoir rétablir sa position.

A peine sur ses appuis, Falnaele se mit à courir aussi vite que ses pieds nus lui permettaient. Un torrent de flammes s'écrasa derrière elle, d'une intensité assez élevée pour la réduire en cendres en un instant, si elle venait à se faire toucher. Le dragon à présent immobile dans les cieux cracha plusieurs boules de feu sur la montagne pour se débarrasser de l'intrus qui avait osé troubler son sommeil, et violé son abri.