Chapitre 3 : l'assemblée

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Le jour de l'assemblée. Falnaele quitta sa demeure avec la ferme intention de faire bouger les choses. Sa détermination se lisait dans sa démarche, et elle n'échangea pas un mot avec Damien lorsqu'il prit le temps de l'équiper de ses armes et pièces d'armures en cuir. Un simple regard entendu leur suffit, et l'homme comptait sur la femme pour renverser la situation. Falnaele ne reviendrait pas avec une déception, elle refusait d'accepter toute issue malheureuse.

L'aube perçait à travers les arbres lorsque la féline arriva en bordure de la grande forêt entourant le territoire des Eknatel. La clairière abritant les huttes de sa tribu n'offrait pas le moindre bruit, comme pour chaque assemblée. Aucune activité n'était permise ce jour-là, les jeunes félines restaient enfermées, avec les guerrières ne faisant pas parties du cercle. Le calme était le mot d'ordre à respecter pour toutes.

Les mâles comme toujours demeuraient confinés à l'écart des autres huttes, et ne reçurent pas la moindre visite depuis la veille. La coutume dicte qu'aucune féline ne doit partager sa couche avec un homme à partir du crépuscule de l'assemblée. Un point que Falnaele ne respectait jamais, elle prenait plaisir chaque nuit dans les bras de Damien, assemblée ou non.

Au centre du village se tenaient déjà assises en cercle une vingtaine de guerrières. A même le sol, certaines posaient leurs armes sur leurs cuisses dans un souci de confort, alors que d'autres les fixaient à leur dos à l'aide de lanières en cuir. Toutes prenaient soin à ce que leur partenaire de bataille ne soit pas au clair, ce qui constituerait une provocation au cours de l'assemblée. Une seule féline se démarquait du groupe. Debout sur un rocher, Siroele la noire observait les membres de sa tribu prendre place, et prenait le temps de saluer chacune d'entre elle d'un mouvement de tête.

Les félines ne s'asseyaient pas au hasard. Leurs positions dans le cercle dépendaient de la hiérarchie de l'assemblée, définie par la force de la guerrière et le respect qu'elle inspirait aux autres membres. Une féline proche du rocher de la chef de clan se targuait ainsi d'une haute position dans la tribu, et était reconnue par toutes comme une guerrière avec à ne pas prendre à la légère. Ces positions changeaient régulièrement selon les accomplissements d'une féline, et Siroele en tant que chef demeurait la seule à décider de leur arrangement.

La féline aux cheveux courts d'ébène prenait en compte plusieurs critères pour promouvoir ou déchoir une féline de sa position. Une proie difficile ramenée au village, des coups d'éclats réalisés lors de combats avec un clan rival, des menaces éliminées avec brio, ou des rituels menés sans accroc selon les traditions d'Eknatel. Parfois une féline pouvait lui demander le droit à une danse pour gagner une position sans attendre l'assemblée, et elle acceptait à chaque fois. Les félines Eknatel reconnaissaient toutes la justesse de Siroele.

Certaines chefs félines par le passé refusaient les danses. Deux guerrières qui s'affrontaient dans des combats, tournants souvent très mal, affaiblissaient le clan plus qu'il ne le renforçait, et seulement pour une place près d'un rocher. Siroele voyait les choses autrement. En encourageant les danses, elle poussait les félines à continuer de s'entraîner toujours plus, à parfaire leurs compétences, leurs techniques de combats et leurs magies. Les pertes pesants dans les cœurs de toutes renforçaient leur foi en Burzmau, le dieu de la guerre que chaque féline priait ardemment. La bataille faisait vibrer l'existence même du peuple d'Yseitora.

Parcourant les guerrières d'un regard, Falnaele aperçue Elanora s'assoir à la droite du rocher de Siroele, posant son immense hache sur ses genoux, en plaçant volontairement le tranchant en direction du sol, afin qu'elle ne soit pas pointée vers l'une des autres participantes. La féline qui donnait l'impression d'être la jumelle de Falnaele, servait de bras droit à Siroele, ayant acquis cette fonction grâce à ses talents de guerrière et ses jugements souvent éclairés.

Falnaele l'acharnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant