Partie 5: Esclave

64 8 2
                                    

  Le coq cria au levé du soleil. Élisabeth sursauta hors de ses rêves mais prit un certain temps avant de réaliser où elle se trouvait. Elle regarda autour d'elle et vit avec horreur qu'elle était toujours dans la hutte avec les autres filles. Elle ferma de nouveau les yeux puis inspira profondément. Elle allait s'en sortir. Elle allait trouver un moyen pour se tirer de là, rien n'était impossible. Elle fit rapidement le vide dans son esprit pour se concentrer sur l'instant présent. Son ventre gargouilla. L'instant présent lui demandait visiblement de manger, à en croire le trou de son estomac!

  Elle se leva pour aller chercher un fruit sur le tas de nourriture. Elle croqua dedans et le jus lui coula du menton.

- Merde, laissa-t-elle échapper en essuyant son décolleté.

- Tu dois bosser pour bouffer, fit soudain l'une des femmes. Si tu travailles: tu manges. Ça marche comme ça ici.

  Elle se retourna vers la grande rousse qui lui adressait la parole. Elle portait la même tenue qu'elle avec une nuance de déférence dans les couleurs. Son air grave lui fit presque avaler de travers le bout de fruit dans sa bouche.

- Donc ou alors tu te mets tout de suite à l'oeuvre, ou alors tu ne manges pas.

  Elisabeth regarda son fruit, puis scruta de nouveau la grande rousse.

- Me mettre à l'oeuvre?

- Oui. Ici nous fabriquons les tenues pour les prochaines esclaves en échange de nourriture...

  Elle indiqua les tas de vêtements.

- Tu as les tissus et les aiguilles à coudre juste là. Un fruit comme celui que tu es en train de manger te coûtera une tunique complète, avec les boutons. Et le travail doit être fini pour ce soir minuit en fonction de ce que tu veux manger, alors mets toi au boulot, c'est un conseil.

  Génial... Il fallait qu'elle joue la couturière maintenant! Son travail aurait pu être pire, se rassura-t-elle, en plus elle savait coudre, c'était elle qui façonnait toutes les tenues chez son oncle. Elle partie donc chercher le tissu, le fil et les aiguilles pour se mettre au travail. Tout le monde la regardait faire, comme si sa façon à obtempérer sans rien dire était exceptionnelle. De toutes façons, elle n'avait pas vraiment le choix: bosser ou crever de faim. Il serait tout de même idiot de mourir ainsi!

  Après quelques heures, et malgré des doigts meurtris par les aiguilles, elle termina rapidement sa première tunique et la posa sur le tas de vêtements.

- Et pour boire je dois bosser aussi? demanda sèchement Elisabeth aux filles du groupe?

- Non, juste me lécher les pieds, ricana une autre rousse étalée sur sa paillasse.

  Elisabeth la foudroya du regard. Mais qui était cette nouvelle peste? Elle la détailla rapidement. La fille était anodine, vulgaire et blafarde. Elisabeth ne répondit pas et partie boire. Les femmes jacassèrent en vieilles mégères les unes avec les autres. Elisabeth fit la sourde oreille, elle n'était pas d'humeur pour de telles idioties. Il y avait plus important que ces gamineries tout de même.

  D'un coup la porte de la hutte s'ouvrit pour laisser place à Charles, sa trop jeune femme et trois autres hommes. Charles ouvrit grand les bras devant les esclaves. Elisabeth ne pouvait toujours pas voire cet homme. Il la dégoutait au plus haut point! Elle remarqua alors que les jeunes femmes s'étaient toutes levées et penchées en avant. Sans trop comprendre elle fit de même, ce n'était peut-être pas une bonne idée de se faire remarquer.

- Bonjour mesdemoiselles, bonjour Blondine...

  Il vint lui embrasser la joue. Mais quelle horreur! Ce porc ne pouvait-il pas s'abstenir? Rester avec son adolescente trois fois trop jeune pour lui? Elisabeth déglutit.

Abandon Humaine (PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant