Abandon Humaine (PAUSE)

Partie 12: Guerir

- Tu peux rêver salaud, lança Elisabeth en retirant violemment son bras vers l'arrière.
Elle poussa Lorian sans trop de résultats et recula, haletante, vers son couchage. Sa machoire était serrée de rage, elle avait tous les muscles tendus.
Le sourire de Lorian disparut d'un coup. Il parut inspirer d'une colère naissante, relevant ses narines comme un animal furieux.
D'un coup, l'homme avança vers la jeune fille et lui flanqua un énorme gifle qui la balança violemment à terre.
La douleur!
Toute sa tête tourna sous le flot du choc! Bon Dieu! Mais que s'était-il passé? C'était si douloureux...
Elisabeth régna au sol, le visage entre les mains. Tremblantes.
L'homme l'insulta, mais elle ne voulut pas entendre. Il lui cria dessus, mais ses larmes brouillaient le visage déchiré de l'homme.
Elle vit soudain quelqu'un apparaître à ses côtés.
C'était Noa. Il l'attrapa chaleureusement par les épaules pour la relever. Son contact fit frissonner Elisabeth. C'était comme si toute l'énergie de l'homme traversait son corps d'un coup, avec une douceur
hypnotique qu'elle trouva formidable.
Noa cria quelque chose à Lorian, mais Elisabeth était trop sonnée pour le comprendre. Les mains toujours posées sur ses épaules, il la guida vers le ruisseau, près d'un grand arbre, un châtaigner.
- Tu as mal? demanda Noa en scrutant son visage.
- Non, mentit Elisabeth.
- Pourtant tu saignes, lui fit-il remarquer.
Elle passa une main sous son nez et vit le rouge couvrir ses doigts. En effet, elle saignait. Noa trempa un bout de tissus dans l'eau du ruisseau et le lui tapota sous les narines.
- Tu devrais faire attention à Lorian, conseilla l'homme de sa voix grave.
Elle baissa instinctivement les yeux.
- Si j'avais su que vous vous entendiez si mal j'aurais demandé à un autre de mes hommes de venir... mais c'est trop tard maintenant.
Il passa un dernier coup sous son nez et lui releva le menton pour qu'elle le regarde dans les yeux. Le souffle de l'homme lui envoya une décharge dans les poumons. Et si elle prenait en compte ses doigts sous son menton, sa voix rassurante, son corps si près du sien... Bon Dieu elle détestait cette magie de Dégénérés! Oh oui! C'était surement de la magie, rien d'autre ne pouvait l'expliquer. Cet homme manipulait ses émotions, elle en était certaine.
- Dis le moi si il t'embête encore.
Et il se recula.
Elisabeth le regarda rincer le tissu plein de sang et le ranger dans sa ceinture.
Quand elle vint de nouveau s'asseoir sur son couchage, le regard de Lorian avait changé. Il était dur maintenant, sévère et menaçant. Elle essaya tant bien que mal de ne pas y faire attention en mangeant ce que lui tendit Noa. Elle déglutit difficilement la viande. Personne ne parlait. Un silence malaisant lui donnait l'impression que chaque coup de dent dans sa bouche, se répercutait en échos dans la forêt.
Plus que bienvenu, Célestin se leva soudain pour proposer:
- Ça vous dirait un peu de boisson? J'ai de quoi remettre l'ambiance entre vos tronches déprimées!
- Pfff... déprimées... grommela Lorian.
- Avec plaisir, intervint Madeley, dont le goût pour l'alcool était déjà bien connu à Elisabeth.
Noa acquiesa également et s'allongea les genoux pliés.
- Et pour la gamine alors? demanda Célestin qui arrivait avec deux bouteilles.
- Donne lui en aussi, fit Noa, elle en a autant besoin que nous!
Elisabeth fut surprise qu'il veuille la faire boire, mais après tout, se disait-elle, elle en avait vraiment besoin!