Samedi. Huit heures cinq du matin. Tout est calme et pourtant, je n'arrive plus à dormir. J'ai les idées dispersées, perdues et emmêlées. J'ai eu une nuit assez courte à cause d'une migraine infernale. La cause ? Indéterminée. J'ai simplement passé la nuit à me tourner et à me retourner dans mon lit sans raison. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu le droit à ce genre d'insomnie. Deux ou trois mois, peut-être. Oui, c'est quelque chose que je connais bien, les nuits blanches indésirées. Je les connais trop bien, même.
Je me sens vide ce matin. Complètement vide. Ça aussi, ça m'arrive souvent. D'après un forum pourris que j'ai trouvé en jouant l'hypocondriaque il y a quelques semaines, ils disaient que c'était fréquent chez les adolescents. Que le cerveau travaille beaucoup, qu'on ressasse tout un tas de choses et que c'est pour ça que nous avons du mal à dormir. Je ne sais pas si c'est vrai, mais ils ne donnaient aucun remède pour inverser ces insomnies. Alors j'ai jugé que tout ça n'était qu'un tissu de mensonges et je n'en ai pas tenu compte.
De toute manière, la seule chose qui marche lorsque je suis dans cette situation, c'est de me défouler. D'ailleurs, j'ai envie de le faire. J'ai envie de courir. De courir jusqu'à en vomir mes poumons et remettre mes idées en place. C'est la seule chose que je désire en ce moment.
Il ne m'en faut pas plus pour me lever afin d'enfiler une tenue de sport alors que le réveil n'affiche que huit heures quinze. Je ne tiens plus allonger, ça me rend folle. Je sors donc de ma chambre une fois habillée, munie de mon téléphone et d'une paire d'écouteur. Mes parents dorment encore. C'est plutôt normal, je les ai entendu rentrer à deux heures moins quart. Je serais certainement revenue de mon jogging avant qu'ils ne se réveillent. Donc, pas besoin de leur laisser de note. Dans le pire des cas, ils m'appelleront.
Je descends les escaliers, chausse une paire de basket et sors de chez moi. Il fait beau ce matin. Un peu froid, mais le soleil illumine le ciel sans nuage. Je respire profondément, ravie de quitter cette chambre sombre dans laquelle je me suis ennuyée toute la nuit. Je descends les quelques marches du perron et m'attache les cheveux en une queue de cheval assez haute. Je branche mes écouteurs sur mon téléphone et m'apprête à envoyer ma playlist spéciale sport lorsque j'entends une voix féminine m'interpeller à ma droite. Je lève la tête de mon téléphone et découvre Madame Sands qui se dirige vers moi. Elle est déjà réveillée, celle-là ?
-Bonjour, Alexie ! Elle me sourit de toutes ses dents et je fais de mon mieux pour lui répondre aussi jovialement que possible.
-Bonjour, Madame Sands.
-Comment vas-tu depuis hier ?
-Ça va très bien, merci. Et vous, votre soirée s'est bien passée ?
-Ma foi, oui. Elle était très agréable. J'espère que celle que tu as partagé avec Jérémy l'était tout autant ?
Je me remémore les événements de la veille et je jette inconsciemment un coup d'oeil au balcon qui a bien faillit être le témoin d'une crise d'angoisse. Je souris à ce souvenir et reporte mon attention sur ma voisine.
-Oui, votre fils est très sympathique, dis-je sincèrement. Pour être honnête avec vous, je ne l'imaginais pas comme ça.
-Je suis ravie de l'apprendre, Alexie !
Elle me regarde de la tête au pied, un sourire radieux aux lèvres :
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Ne T'attache Pas
Ficção Geral" -Oh ! Mais qu'est-ce qu'il se passe bordel ! De quoi parlaient-ils, putain ? Je cris. Il ne répond pas et se contente de me fixer en reprenant sa respiration. Il contracte fermement sa mâchoire de temps à autre comme pour extérioriser sa rage. -Jé...