- Wendy's -
Après un long moment d'attente pour être sûre que personne ne viendrai au rendez-vous, je me décide enfin à me lever. Je pénètre de nouveaux dans la gare lugubre qu'est la Gare Grand Nord et je lance sans espoir : " Hé ho ! Il y'a quelqu'un ? " mais seul mon écho me repond, un long frison parcourt mon corps tout entier. Je regarde le tableau de train et y lis le dernier tain pour Rimbaud : " 22:51 ", puis je lis l'heure sur mon téléphone "22h10" . Je ne peux pas me permettre de perdre plus de temps, je commence donc marcher en direction du néo que je vois au loin. Je traine des pieds avec difficulté puis commence à trainer d'un pas lourd vers un sentier de terre qui me mènera, du moins je l'espère, à la lumière lointaine. En marchant, je songe à ma situation. Je n'ai plus un sous, plus rien et je suis bloquée ici, dans ce coin paumé qui m'est inconnu. Comment ça va finir pour moi? Je ne peux même pas repartir en train.
J'arrive enfin à la fin du sentier de terre. En levant la tête, je me retrouve nez à nez les néons qui m'avait guidés jusque là, ils trônent sur le haut de se me semble être un bar, fait tout en bois. Les lettres lumineuses indiquent que le bar s'appelle Wendy's, seule le "d" est en bon état, quand au "e" et au "'s", ils ne marchent même pas. Je sors mon téléphone mais en appuyant sur le bouton l'écran reste noir. "Merde il s'est éteint..." dis-je pour moi même. Je pousse donc la lourde porte en bois du Wendy's. Une forte odeur de renfermé prend mes narines en grippe. Je balaye la salle du regard, tout l'intérieur également fait de bois, de la fumée de cigarette flotte dans la grande salle. Un vieux bar miteux, un cafard. Derrière le comptoir, une femme de la cinquantaine avec tablier rouge des cheveux noirs attachés en chignon au sommet de sa tête. Un vieillard assis sur un des huits tabourets alignés devant le comptoir fixe son verre comme s'il était hypnotisé par la vodka par qui le remplis. Sur une table au bord d'une fenêtre, je reconnais l'homme qui avait pris le train avec moi et sur une autre table un peu plus loin, une femme aux cheveux blonds en batailles porte un gros mentaux en fourrure et se tient sur les genoux d'un homme que je ne peux pas vraiment voir. Personne ne fais vraiment attention à moi, ni même ne détoune le regard pour savoir qui est entré. Peut être ne m'avait-ils pas entendus? Je me dirige vers le comptoir et dis à la femme au tablier rouge :
" - Vous auriez un stylo s'il vous plait ?
- Oui mademoiselle, elle pose devant moi un stylo."Je prends place sur un tabouret et essaye de rallumer mon téléphone. Après plusieurs tentative, l'écran s'éclaire enfin : code pin 0000, contacts, Dylan. Je m'empresse de noté le numéro sur mon bras gauche. Quelques secondes après, mon téléphone se reéteint.
" - Heu... madame ?, elle lève les yeux sur moi.
- Tenez merci, je lui tends son stylo, je pourrais avoir un téléphone ?, elle sort un téléphone fixe de derrière le comptoir en bois.
- C'est dix centimes la minute.
- C'est que... Je n'ai pas d'argent madame. "
Elle soupire puis me dévisage de haut en bas. Elle me répond enfin:
"- Un seul appel alors ma grande.
- Merci beaucoup m'dame !, je réponds avant même qu'elle n'ait totalement finie sa phrase. "Elle a sûrement dit ça en voyant que j'étais une pauvre adolescente dans la galère. Je compose le numéro écrit sur mon avant bras en croisant les doigts. Biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip... Mon espoir s'efface au bout de la troisième sonnerie, je sais que ça ne répondra pas. Biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip... Je garde tout de même le téléphone à l'oreille, avec le sombre espoir qu'un miracle s'accomplisse. Biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip... Je regarde la serveuse plus attentivement, je remarque alors un badge clipsé sur son tablier avec inscrit en grande lettre "WENDY". Biiiiiiiiiip biiiiiiiiip biiiiiiiiip, Salut t'es bien sûr ma messagerie laisse un message. À la fin de votre message, veuillez raccrocher. Je repose sèchement le téléphone sur son combiné et je reste planté là à regarder dans le vide, droit devant moi, sans savoir quoi faire. J'entends seulement la musique de fond qui passe dans le bar.
"She said
She'd take me anywhere
She'd take me anywhere
As long as she stays with me
She said
She'd take me anywhere
She'd take me anywhere
As long as I stayed clean..."Ce genre de choses n'arrive qu'à moi. Les galères comme ça, il n'y a que moi pour me foutre dedans. Je pense à comment aurait pu être ma soirée de réveillon si je n'avais pas écouter Dylan. J'aurai simplement rejoins mes amis à la gare Rimbaud et nous nous serions amusés, mais j'avais trop besoin d'argent. Et si j'étais resté avec ma mère pour les fête de Noël? Et si nous avions réveilloné ensemble? Non ce n'était pas possible, il faut que je chasse cette idée de ma tête.
"...Kiss kiss Molly's lips
kiss kiss Molly's lips
kiss kiss Molly's lips
kiss kiss Molly's lips "Jentends toujours la musique en fond. Mes angoisses commencent à refaire surface, les nerfs me montent, mes respirations se font plus courtes. Je me lève brutalement et cours jusqu'à la lourde porte en bois. Une fois à l'extérieur, je respire, de l'air frais remplit mes narines. Mes poumons me font mal mais je commence à me calmer.
Tout à coup, un bruit me fais sursauter, le bruit de la porte en bois. Au début, je ne bouge pas, je reste tanquée à ma place, regardant droit devant, dans la nuit noir qui enlace les champs à perte de vue. Quand une main se pose délicatement sur mon épaule mon sang se glace :
" - Salut comment tu t'appelles?, c'est une voix féminine et cassée, même railleuse, qui m'avait posé la question.
- Morgane, je réponds en pivotant vers elle."Je la scrute de haut en bas et elle fait de même avec moi. Elle doit avoir la quarantaine et me dépasser d'une demi tête avec ses talons hauts. Son corps semble très minces et osseux et son attitude négligée. Son visage est un peu ridé et ses joues creusées. Son visage ovale a un teint fatigué et blanc comme de la porcelaine qui fait ressortir ses pommettes sur dosées de blush rose. Elle a tout de même un air rassurant qui donne envie de lui faire confiance. Ses cheveux blonds sont mis long et tombent en bataille sur ses épaules. Malgré son front aplati et ses yeux rouges, elle a un regard bienveillant. Son nez camus fais pensé à celui d'un petit enfant et ça bouche mince est peinte en rouge sombre.
" - Tu m'as pas l'air bien, dis moi qu'est ce qui a? "
Peut-être allait-elle m'aider? Ou peut-être qu'au contraire, je ne devrais pas lui en dire plus sûr moi, après tout je ne la connais pas. Je décide finalement de tenter ma chance et réfléchis à comment je pourrais lui exposer ma situation:
"- Je devais rejoindre quelqu'un qui me devais de l'argent puis prendre le dernier train, rejoindre mes amis et faire la fête de pour Noël. Mais on m'a mis un lapin et je n'ai plus un sous. J'explique à la femme.
- Tu veux mon téléphone ?, e propose-t-elle avec compassion.
- Oh oui s'il vous plaît !
- Et tutoie-moi, m'ordonne-t-elle en me tendant son téléphone, je t'attends à l'intérieur, rejoins moi quand tu auras fini"Je la regarde pénétrer dans le bar. Elle venait de me laisser seule avec son téléphone. Je ne sais pas quoi en penser: était-elle juste gentille ou inconsciente ? Pourquoi me faisait-elle confiance?
Quoi qu'il en soit, il faillait que Dylan me réponde ! Je recommence donc la même action, je tape le numéro inscrit sur mon bras gauche et attends la numérotation :
Biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip... Salut t'es bien sûr ma messagerie laisse un message. À la fin de votre message, veuillez raccrocher.Je recommence à nouveau, puis une deuxième, puis troisième fois. "Cette fois c'est la dernière, me dis-je, Si à la quatrième il ne répond pas, je laisse tomber pour de bon..."
"Biiiiiiiiiip, biiiiiiiiip. -Allô ?"
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Glimmer of Hope
Short StoryUne adolescente paumée ayant perdu toute foi en l'humanité, trempe dans des petites magouilles pour se faire son argent de poche. Quand à la veille de Noël ses plans instables semblent avoir euent raison d'elle, elle se retrouve seule dans une situ...