Runaway Train

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- Runaway Train -

La vitre froide du train collée contre mon front, je regarde le paysage défilé devant mes yeux. Que la nature est belle, Que le coeur me fend. C'est alors que je me mets à penser, à tout, à rien. Quand mes pensées se tournent vers mon collège et toutes ses personnes plus idiotes les unes que les autres. Toutes ces personnes qui m'ont appris qu'il fallait toujours se méfier de tout le monde et que personne n'était bon sans intérêt. Elles qui m'avait appris que faire passer les autres avant soi même ne servait à rien et qu'être simplement gentil n'existait plus. Je déteste tout le monde là-bas comme j'ai pris l'habitude de détester tout le monde partout. Je sens mes poings se serrer et mes ongles se planter dans ma peau, le mal que cela m'inflige me fait vite revenir à mes esprits. Je me m'éloigne lentement de la vitre et tombe nez à nez distingue mon reflet. Je me vois, moi, une adolescente à l'attitude nonchalante, aux joues creusées et au visage osseux. Le teint blême et irrégulier. Ma courte tignasse touffue recouvre mon front. Mes grands yeux tombants sont soulignés par des poches mal camouflées, pouvant témoigner de mes nuits difficiles. Mon petit nez retroussé est parsemé de tâches ocres qui s'étalent plus largement sur mes pommettes. Puis mes lèvres, supérieurement fine et inférieurement charnue. Elles donnent l'impression que je fais toujours la moue, cela me donne un air triste, maussade. Enfin mon menton, salit et abimé par l'acné. Quelle image je renvois au gens qui me croise dans la rue ? Je n'inspire pas confiance à mon avis. Les gens me regarde-t-ils avec mépris ? Ou avec méfiance ?

Je soupire longuement et pince fermement mes pommettes avec mes doigts pour me redonner un teint de vivant. Tout à coup, mon téléphone vibre faiblement dans ma poche arrière et me ramène à la réalité. Mon écran s'allume: " Batterie faible: 14% "
" 'manquait plu que ça... " je pense.

Ting ting. La cloche du train retentit à cet instant, annonçant mon arrivée imminente. Je regarde une dernière fois autour de moi, le train est complètement vide à l'exception d'un viel homme assis à l'avant. Quand le train s'arrête enfin, je me lève et file entre les portes. En sortant, je découvre avec surprise une gare vide, complètement vide et silencieuse. Le quai est étroit et le plafond extrêmement haut, la température y est très basse et le sol en béton semble vieux et abîmé. Je vois le vielle homme sortir du train et se diriger vers la sortie. Je le laisse prendre de l'avance et décide de le suivre, ne sachant pas où aller.

Une fois dehors, un vent glacial me fouette le visage, je referme ma veste jusqu'à mon menton et observe autour de moi. Je ne vois rien, seulement des champs, des champs à perte de vu. Je peux seulement entrevoir un néo grésillant au loin. Je me tourne vers la gare et y vois inscrit en gros " Gare Grand Nord ".
Toujours pas de Dylan à l'horizon. Je me lance alors d'une voix hésitante :
" - Dylan ? ", mais aucun son ne sort de ma gorge trop nouée. Je me racle la gorge et reprends alors une profonde inspiration :
" - DYLAN !? ", je cris. Cette fois-ci, ma voix avait porté et si quelqu'un était là, il m'entendrait forcément. J'attends une réponse, dix, quinze, trente secondes. Mais j'obtiens comme seul retour le chant des cigales. Je commence à avoir chaud sous mes multiples couches de vêtements, les battements de mon coeur se font de plus en plus fréquents: le stress commence à monter en moi. Je prends une énorme bouffée d'air frais pour reprendre mes esprits. Je ressors alors mon téléphone et regarde l'heure : "21:52" puis mon pourcentage de batterie : "9%" . Ma batterie baisse trop vite et il est trop tard. Je trouve Dylan dans mes contacts et l'appelle:
" Biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip biiiiiiiiiip... Salut t'es bien sûr ma messagerie laisse un message. À la fin de votre message, veuillez raccrocher. "
Je réessaie l'opération cinq fois et cinq fois elle échoue, cinq fois je tombe sur répondeur. Je me laisse tomber par terre en m'adossant au mur de cette gare désertique à l'ambiance pesante et angoissante. " - Espèce d'enculé ", je murmure entre mes dents, mes poings se serrent et je peux de nouveaux sentir mes ongles s'enfoncer dans ma peau. La douleur que je m'inflige me fais vite revenir à la réalité et je comprends que, peut-être, personne ne vendra m'acheter de l'herbe. Je comprends aussi que je suis seule, une jeune fille de quinze ans, moi Morgane, je suis paumée, je suis perdue dans une ville où je n'avais jamais mis les pieds avant. Je comprends que je n'ai plus un sous et que je n'ai plu de batterie. Je comprends que je n'ai plus rien à faire, ici dans le froid, la veille de Noël.

Glimmer of HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant