Swann (part.1)

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"Eh bien ... Swann, quel est ce bruit que j'entends sur les fenêtres ?
-C'est juste la pluie.
-Quelle averse ! Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas plu comme ça.
-C'est vrai."

Swann était assise sur une chaise, sirotant un thé, observant la pluie par la fenêtre. Une vieille dame était installée au fond de la pièce, près d'un feu, dans une chaise roulante. Toutes deux gardaient le silence, écoutant la pluie qui martelait les carreaux. Aujourd'hui, nous étions le vingt et un décembre. C'était le premier jour de l'hiver. Swann détestait cette saison. Il faisait froid, humide, et les gens sortaient moins. Voler allait devenir bien plus compliqué une fois que le froid s'installerait réellement.

Swann était devenue une "gosse de rue". Lorsqu'elle s'est enfuie, elle a réussit par on-ne-sait-quel miracle à atteindre la ville voisine où elle a fait la rencontre d'autres enfants dans son cas. Ces mêmes enfants lui ont appris à vivre du vol. On choisit un passant, on le suit, et on trouve un moyen de lui voler son porte-feuille ou un objet de valeur. Ainsi, Swann a pu survivre un moment. Jusqu'au jour où ça a mal tourné. Un homme a tourné la tête au mauvais moment et l'a surpris en train de lui dérober son porte-feuille. Une course poursuite s'est enchaînée et le seul moyen que la jeune fille a trouvé pour échapper à l'homme fut de se réfugier dans une maison au hasard. Et c'est là qu'elle fit la rencontre de Maria.

N'importe qui aurait hurlé en voyant quelqu'un s'introduire de cette façon dans sa demeure. N'importe qui aurait fait sortir cette personne sur le champ par n'importe quel moyen. Mais Maria, elle ria. "Qui es là ?" a t-elle dit. "Êtes vous là pour me tenir compagnie, moi qui suis si seule ?" a t-elle ajouté. "Oui." a répondu Swann.

Maria était une femme que l'âge avait saisit. Ses jambes ne voulaient plus marcher, et ses yeux ne voulaient plus voir. Elle passait donc son temps assise sur sa chaise roulante, dans son salon face à une fenêtre. Sa famille lui avait rendu visite chaque jour pour la nourrir, s'occuper d'elle, la doucher ou bien même l'habiller. Mais un jour, elle a arrêté. Maria avait faim, Maria était sale, Maria était seule. Alors Swann a fait un marché avec la vieille dame. Si elle la laissait vivre ici, Swann s'occuperait d'elle. Évidemment, la vieille femme a accepté.

Cela faisait donc cinq ans que Swann et Maria vivaient ensembles. Maria était pauvre, elle n'avait pas d'argent. Swann elle, savait comment s'en procurer. Cela fait donc cinq ans que les deux vivaient des vols de Swann.

Maria ne savait rien de la jeune fille, et Swann ne savait rien de son hôtesse. Maria ne savait pas comment Swann arrivait à se procurer de l'argent. Et elle ne savait pas non plus pourquoi elle en était arrivée à s'introduire dans sa maison cette fois là. Mais malgré tout, elle la laissait vivre avec elle. Et vous ? Préféreriez vous vivre seule ou accepter la présence d'un inconnu ?

Swann se leva de sa chaise et se dirigea vers la cuisine. Il n'y avait rien à manger. La jeune fille soupira et retourna dans le salon. Elle regarda par la fenêtre et constata que la pluie s'était calmée. Elle ouvrit un placard où se trouvait son manteau, son écharpe verte et ses chaussures. Elle s'habilla et se chaussa avant de se diriger vers l'entrée de la maison.

"Je vais travailler, Maria. Je serai de retour dans une ou deux heures, annonça Swann.
-Va mon enfant, va." répondit Maria.

Ainsi, Swann sortit de la maison et marcha en direction de la place centrale de la ville. C'était là-bas qu'elle avait le plus de chances de voler.

Une fois arrivée, elle scrupta la place du regard, à la recherche d'une proie. Swann s'était fait cette promesse : toujours voler aux plus riches. Il fallait trouver la personne qui portait les vêtements les plus somptueux. Enfin, après avoir analysé chaque passant, elle repéra la cible idéale. Un homme grand, l'air jeune et élégamment vêtu. Il portait une redingote en satin noir sur un gilet de la même couleur orné de boutons dorés. Une cravate noire  était également nouée à son cou et contrastait avec le blanc de sa chemise. Un pantalon peu large retombait sur ses bottes vernies. Ses cheveux tout aussi noirs que ses vêtements étaient coiffés d'un chapeau haut-de-forme. Il se déplaçait lentement sur la place, une canne à la main. Cet homme était sans aucun doute un noble, et il était également la meilleure cible imaginable pour Swann.

Last Laugh.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant