La Capitale

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Cela faisait déjà trois jours que Swann avait quitté son domicile. Depuis qu'elle s'était enfuie du village ennuagé, elle avait contourné toutes les autres communes qui se dressaient sur sa route, ce qui allongeait son trajet. Sa jument était épuisée, tout comme elle. La jeune fille consulta la montre qu'elle avait volée. Elle indiquait une heure de l'après midi. Son ventre émit un gargouillement bruyant. En plus de la fatigue, la faim venait. La Capitale ne devait plus être très loin. Swann espérait l'atteindre avant la fin de la journée. Le vieux Fernand lui avait indiqué que le trajet durerait entre deux et trois jours à dos de cheval.

La jeune fille se perdit dans ses pensées, observant le ciel grisé. Elle s'amusa avec la vapeur due à la condensation qui s'échappait de sa bouche. Il faisait de plus en plus froid, et aucun rayon de soleil ne parvenait à traverser l'épaisse couche de nuages qui surplombait le ciel. Après avoir quitté les plaines dans lesquelles se situait le village ennuagé, elle s'était enfoncée de plus en plus loin dans la montagne, ce qui pouvait expliquer cette affreuse météo.

Swann songea à Maria et à Joshua. Faisait-il son travail correctement ? Ça, elle ne pouvait le vérifier maintenant. Elle le découvrirait quand elle reviendrait. Mais quand reviendra t-elle ? Swann avait décrété vouloir s'engager dans l'Armée sans savoir ce que cela impliquait. Tout ce qu'elle savait, c'est que l'Armée était aux ordres du Roi et qu'elle occupait les fonctions militaires et de sécurité du pays. L'Armée était partout, dans les villes, dans la campagne, ici comme ailleurs. Elle avait déjà entendu parlé des différents métiers qu'un membre pouvait exercer. Il y avait la Milice, chargée du maintien de l'ordre public, l'Unité Spéciale qui s'occupait des cas extrêmes et les Inspecteurs qui résolvent les enquêtes. Les connaissances de Swann étaient maigres, mais ce qu'elle savait suffisait à sa mission. S'infiltrer, gagner la confiance des autres, et se venger. Certes, cela était certainement plus facile à dire qu'à faire, mais Swann était confiante. Elle allait réussir, et ce peut importe ce que cela impliquait.

La jeune fille fut tirée de ses pensées quand elle reçut une goutte de pluie sur le front. Elle l'essuya aussitôt du revers de la main et leva les yeux au ciel. Les gouttes de plus en plus nombreuses s'écrasaient sur le sol terreux. La jument secoua la tête, l'air mécontente du mauvais temps.

"Ne râle pas, au moins on a droit à une petite douche." optimisa Swann.

La jeune fille ne tarda pas à regretter ses paroles quand une violente averse de pluie glacée se déversa brutalement. Elle tira sur les rênes de sa jument pour la faire se ranger sous un arbre situé au bord du chemin. Malgré son absence de feuillage, les branches étaient suffisamment épaisses pour partiellement les abriter. La jeune fille descendit de sa monture et observa les nuages. Quand est ce que la pluie allait se calmer ? Swann se refusait de patienter ici trop longtemps. Elle avait déjà fait plusieurs détours, hors de question qu'elle attente plus d'une demi heure sous cet arbre. Elle jeta un oeil à sa jument.

"Qu'en penses-tu ? On reprend notre chemin malgré la pluie ou on attend ?" demanda t-elle.

Sa monture tourna la tête vers elle, comme si elle souhaitait répondre. Swann soupira et s'appuya contre l'arbre. Elle remonta son écharpe sur son nez et profita de la chaleur de sa propre respiration en fermant les yeux, tout en écoutant le son de la pluie. Une fois arrivée à la Capitale, comment allait elle s'y prendre pour se faire recruter ? Les gens semblaient la prendre pour un homme et ne se doutaient pas de sa véritable identité, mais est ce que cela allait également fonctionner avec l'Armée ? Swann réfléchit aux signes qui pouvaient la trahir. Ses seins n'étaient pas très développés, il seraient donc imperceptibles sous l'uniforme. Elle n'était pas particulièrement petite, mais face à un véritable homme, elle serait considérée comme un gringalet. Au niveau de ses traits, elle ne s'inquiétait plus : les aubergistes l'avait prise pour un garçon alors elle estimait son déguisement réussi. D'ailleurs, pourquoi ces aubergistes avaient tenté de la tuer ? Swann se souvînt alors de ces histoires que les "gosses de rues" lui racontait. Certains propriétaires d'auberge tuent leur client pour leur pillier leurs richesses. Plusieurs cas avaient déjà été recensés, mais jamais la jeune fille n'aurait imaginé qu'elle serait confrontée à l'un d'eux. Elle songea avec amertume à tous les gens que ces fous avaient dû tuer.

Last Laugh.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant