Last Laugh.

Près du but

"Était-ce vraiment nécessaire ?
-Tais-toi et mange. Nous ne pouvons nous permettre de nous arrêter trop longtemps.
-Que va devenir l'auberge ? Et le village ? Ce Hiouri ... Il a vu notre visage ! Si on nous retrouve, nous serons considérés comme des meurtriers !
-Et alors, je ne vois pas où est le problème ?
-Pardon ?
-Tu l'as dit toi même, "si on nous retrouve". Donc il n'y a aucune raison d'avoir peur.
-Tu es en train d'insinuer qu'on ne nous retrouvera jamais ?
-C'est ce que je dis.
-Et comment peux-tu en être aussi sûr ?
-Jake !"

Eliana venait finalement d'intervenir dans ce long dialogue qui perdurait depuis plus de dix minutes entre Antonin et Jake. L'asiatique sembla soulagé que son amie vienne à son secours, alors que cette intervention semblait énerver encore plus le blondinet.

"Arrête de râler et fais nous confiance, tu veux ? raisonna t-elle.
-Comment pourrais-je faire confiance à une idiote écervelée et à un assassin ?" lâcha le garçon.

Ce fut la goutte de trop qui fit déborder le vase. Jake venait une nouvelle fois de faire une réflexion discriminante. Il venait une nouvelle fois de leur cracher une insulte. Il venait de les traiter d'assassins. 

Eliana balança son poing de toute ses forces sur le visage de Jake qui recracha instantanément le morceau de sandwich qu'il était en train d'avaler. Il toussa, et porta sa main à sa joue, l'air sonné. Antonin lâcha un ricanement cynique.

"C'est déjà la deuxième fois que tu t'en prends une, j'espère que tu va finir par comprendre, dit-il.
-Vous êtes tarés ! s'exclama Jake.
-Est ce que tu crois qu'on avait le choix ? Est ce que tu crois qu'on a souhaité être ce que l'on est maintenant ? Toi ... Tu as toujours vécu heureux dans ton petit confort avec ton père, mais as-tu une idée de ce qu'on a pu endurer ? Nous n'avons pas choisit d'être des assassins ! cria Eliana.
-Je ... commença Jake.
-TAIS TOI !" hurla la rouquine.

Antonin se leva et se dirigea vers Eliana. Il posa une main réconfortante sur son épaule, alors que celle ci tentait vainement de retenir ses larmes. Jake faisait jongler son regard entre Antonin et Eliana, incapable de comprendre la réaction de la jeune femme.

"Que ... tenta t-il.
-Tu n'as pas entendu ? Tais-toi." le coupa Antonin.

Le reste de la pause déjeuner se déroula dans une ambiance tendue, ce qui contrastait avec le calme et la beauté de la plaine où ils étaient installés pour manger. Au loin, on pouvait apercevoir la montagne où était nichée la Capitale. Il faudrait peut être encore trois ou quatre heures pour y parvenir. Antonin avait un mauvais pressentiment. Quelque chose lui murmurait que sa mission était loin d'être terminée.

L'asiatique fouilla dans sa poche et en sortit la lettre qu'il relu pour la millième fois. Jake qui l'observait hésitait à lui demander ce qu'il lisait. Antonin remarqua cette curiosité qui s'était allumée dans le regard du blond. Il soupira et lui jeta la lettre au visage . Jake la rattrapa maladroitement et considéra le morceau de papier sans savoir s'il devait le lire ou non.

"Lis-la à voix haute." ordonna Antonin.

Jake le regarda un instant droit dans les yeux, comme pour demander une autorisation supplémentaire. Voyant que l'asiatique de réagissait pas, le jeune fermier commença sa lecture.

"Le vingt-et-un décembre 18XX, à onze heures, Monsieur Maximilien Heurlt s'est fait dérobé sa montre sur la Grande Place de Moelainea. Votre mission sera de retrouver la voleuse et la montre, et de les ramener au Terrier. La montre est un bijou pour femme de la marque SilverHours. La voleuse dont le nom est inconnu est une jeune fille de seize ou dix-huit ans, d'une classe sociale pauvre et dont les yeux et les cheveux sont très clairs. D'après le client, elle porterait une cicatrice sur l'une des joues. Çi-joint avec cette lettre, la somme de cinq cent Oz.
Bonne chance."