Les deux voleurs

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"Au voleur ! Au voleur !" cria un marchand.

Le voleur s'enfuyait, bousculant des passants qui se trouvaient sur sa route, ne s'excusant pas si il en renversait. Le plus important, c'était de courir le plus loin possible jusqu'à que l'on arrête de le poursuivre. Certains passants tentaient de le stopper dans sa course, sans y parvenir. Ou plutôt par manque de volonté. Après tout, c'était le problème du marchand, pas le leur.

Il faisait plutôt beau pour un mois de décembre. Le soleil brillait, la foule était dense, c'était une belle journée pour voler.

Les grands marchés qui avaient lieu une fois par saison dans la Capitale étaient les meilleures occasions pour les voleurs de commettre leurs crimes. Celui-ci n'avait d'ailleurs pas manqué de saisir l'occasion. Et il avait bien préparé son coup : Il avait pris soin de se coiffer d'un chapeau et portait un foulard qui lui cachait une partie du visage. L'ample cape qui recouvrait ses épaules empêchait la distinction précise de sa carrure et il avait également prit soin de détacher ses cheveux longs, pour tromper les témoins sur son sexe. L'expérience dans le vol lui avait permis de mettre au point ce stratagème qui certes était simple, mais efficace.

Le marchand, après deux minutes de course-poursuite intense, finit par s'arrêter, à bout de souffle.

"En voici un qui était coriace." songea le délinquant en voyant le marchand abandonner.

Le voleur pu ralentir le rythme sans pour autant s'arrêter. Il était plus sûr de mettre une large distance entre les témoins du délit et lui. Il se rangea sur le côté, rasant les murs. Il était moins facilement repérable comme cela et il pouvait ainsi continuer à trotinner sans paraître suspect. Puis, le voleur disparu dans une ruelle, telle une ombre. Il s'y enfonça jusqu'à être suffisamment bien dissimulé et constata avec fierté son butin : Du pain et un morceau de fromage. Ce n'était certes pas le meilleur repas de sa vie, mais au moins il aurait de quoi tenir jusqu'au soir. Mais tout d'abord, il fallait préparer son repas dans les règles de l'art. Le voleur sortit un couteau de sa poche et découpa son pain dans le sens de la longueur. Il y fourra des tranches de fromage qu'il venait de couper et pu enfin croquer dans son sandwich improvisé.

"Tu ne m'attends même pas pour manger ?"

Le voleur jeta un bref regard à la personne qui venait de lui parler. Il soupira et prit une nouvelle bouchée de son festin. Le nouvel arrivant s'assit aux côtés de son compagnon et brandit son butin. Le premier voleur siffla :

"Waouw, tu l'as trouvé où ?
-Il y a un marchand au Nord Est qui vend ce genre de truc. Ça à l'air d'être de l'or vrai ... Je pourrais me faire beaucoup si je le revends tu crois ?
-Tu pourrais en tirer une bonne centaine d'Oz. Un médaillon comme ça, c'est assez dur d'en trouver."  déclara le premier voleur en haussant les épaules.

Le voleur du médaillon esquissa un sourire. Il allait avoir de quoi s'offrir deux repas par jour pendant un mois avec une telle somme. Il rangea précieusement le bijou volé dans une poche intérieure de sa veste et sortit un morceau de pain dont il prit une grosse bouchée.

"Tu n'es parvenu à voler que ça ? s'écria le garçon aux cheveux longs.
-Ouais ... J'ai pas vraiment osé aborder d'autres stands." répondit l'autre en baissant la tête.

Le premier voleur soupira et considéra son sandwich déjà entamé. Il en sortit la moitié du fromage qui restait et le tendit à son ami.

"Tiens ... Voilà la moitié.
-Mais, et toi ?
-J'en ai déjà mangé pas mal, et puis tu va pas tenir la journée avec un simple bout de pain. Si tu commences l'hiver comme ça, tu va pas tenir longtemps."

Le voleur du médaillon regarda un instant son ami droit dans les yeux. Puis son visage se fendit en un immense sourire.

"Merci Elmin ! Je te revaudrais ça, crois moi !" s'exclama t-il en passant son bras autour de l'épaule du généreux.

Last Laugh.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant