Songe Troisième : Le Complexe des Banshees

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Nuit 13/08/17

Dans un complexe souterrain, une équipe de scientifiques lance une expérience. Ils sont dirigés par une amirale blonde, cheveux lâchés, yeux bleus et froids. Elle se tient droite annonce :
—Début de l'expriment Banshee numéro 122. Guidez la vers la salle de l'Archon. Faite la passer devant le chasseur de prime.
Sur les écrans, un point rouge s'élance au travers le dédale que forme le complexe. D'autres points blancs s'y déplacent plus lentement, font demi-tour et suivent des chemins prédéfinis. Le point rouge les évite aisément, comme s'il connaissait déjà la topographie, ou sentait les autres points. Par moments, le point rouge en rencontre un autre, mais il ne ralentit pas, et l'autre disparait. Au fil de sa course, le point rouge se rapproche d'un point plus grand que les autres. Il s'arrête avant de l'atteindre.

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Il sait. Il sait que je suis là. Cependant, il ne sait pas tout. Les veines oranges de ma combinaison pulsent doucement dans l'obscurité. C'est ça qui m'a trahi. Il m'attend. Je vois dans sa tête que viseur thermique de son fusil est à hauteur de mon cœur. Il veut que passe le coin. Que je m'avance dans son couloir pour une derrière ruade désespérée. Il ne sais pas que je lis dans sa tête. Il ne saisit pas le danger qu'il court. Pour lui, c'est un contrat comme un autre. Attendre, abattre la cible, être payé, partir chercher un autre contrat.
C'est bien différent, cette fois. C'est une course. Une course pour la vie. Je ne suis qu'une coquille vide, sans souvenirs, mais je veux vivre. À n'importe quel prix. Et il veut me tuer. La solution la plus simple est la fuite. Hélas, j'ai vu dans la tête des autres gardes que le seul chemin pour sortir de la zone passe par ce couloir. Je dois l'abattre. Je sers dans ma paume le petit révolver de fonction ramassé sur l'un de ces soldats d'opérette. J'attends une nouvelle variable. Je réfléchis.
Je vois dans sa tête qu'il décide de lancer une grenade si rien ne bouge. Alors je bouge. Je reviens sur mes pas. Il tient sa position, sans lancer sa grenade. Il est surpris que je n'aie pas avancé. Il doute. Pas moi. Au croisement précèdent, une porte mène à un bureau factice. Il n'y a rien dans les tiroirs, mais au fond de la pièce, un cadre est cloué au mur. Un tournesol. Je le décroche et le dépose au sol. Je place la crosse de mon arme au centre et y appui de tout mon poids. Le verre de protection se fissure dans un léger chuintement. Je ramasse un morceau coupant et commence la découpe de mon habit lumineux. Lambeaux par lambeaux, je me débarrasse de cette seconde peau. Je ressens la morsure glacée de l'air conditionnée sur mon corps nu. Mais sans cette combinaison, l'obscurité devient mon alliée. Avec une bande de tissu blanche, je noue mes cheveux blonds en une queue de cheval près de ma nuque. Je sors du bureau. Il est toujours là.
Je retiens ma respiration. Après une seconde, je m'élance en direction du coude. Je prends de la vitesse. Mes pieds ne font aucun bruit sur les plaques de métal. Au dernier moment je saute bien haut, par-dessus son viseur. Je croise son regard. Je lis dans sa tête qu'il n'est pas prêt. Il m'a sous-estimée. Il sait qu'il a perdu, que je vais vivre. Et qu'il va mourir. La terreur se colle sur son visage, tel un masque plein de rides. Il lève le canon de son fusil. Trop lent.  Beaucoup trop lent. Un trou béant se forme au centre de son front. L'écho de la détonation se répercute dans les corridors. Mon bras tremble à peine. Je stoppe mon envol en me réceptionnant sur le mur pendant qu'il s'écroule en arrière. Je me laisse glisser puis je me précipite pour ramasser ses grenades et son arme. Je ne m'arrête pas. J'ai repris la course, la course pour ma vie. Dans le lointain, une forte pensée me parvient.
—Bien joué, petite sœur.


Réveil.

Sommeil et Mauvais RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant