Chapitre 4

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Tristan

Les portes de l'université, située à côté de Benevento, se tiennent devant moi. Trois portes en bois toutes aussi imposantes que le vieux bâtiment de l'université qui pourtant n'est pas si grand. Je marque un temps d'arrêt, respire à fond et me lance.

Je m'avance en terrain ennemi. Je ressens tout de suite ce sentiment oppressant m'indiquant que des créatures surnaturelles se trouvent autour de moi. J'ai presque peur. Presque. Parce que, après tout, je suis Le Traqueur ! Je suis craint par un grand nombre de ces démons. Néanmoins, rien en cet instant ne les empêcherait de me sauter à la gorge, s'ils savaient qui je suis vraiment. Et vu leur nombre, je ne pourrais rien faire pour me défendre. A cette idée, un frisson me parcourt l'échine. Je ne dois pas penser à ça. Il faut que je me calme. Je suis un simple étudiant qui vient d'emménager dans ce village. Personne ne doit percer ma couverture. Je dois me renseigner sur cette Ensorceleuse qui s'amuse à tuer des Chasseurs et attendre sagement les renforts avant de l'éliminer.

D'accord, respire, un-deux, expire un-deux. Je suis prêt.
Je marche dans les couloirs de l'université tout en croisant mes ennemis. Je vois tout de suite des dizaines de loups-garous. Il y a au moins trois meutes dans cette petite ville il me semble.
Henri avait raison, Benevento est un vrai nid à démons.

Un peu plus loin, j'aperçois un loup-garou et une humaine en train de s'embrasser. Berk, j'ai envie de vomir, qui pourrait embrasser un chien ?
Je dépasse quelques étudiants humains qui doivent certainement servir de nourriture aux loups et de sujets d'expériences aux sorcières. C'est fou qu'ils ne se rendent pas compte que la moitié de leurs professeurs et de leurs "camarades" sont de vrais monstres !

Mais quand on y repense c'est comme ça partout dans Aliumnos, même si c'est moins marqué qu'à Benevento. La seule ville d'Aliumnos qui n'abrite pas ces monstres est en fait Venator, la ville des Chasseurs, où est ancré notre quartier général, qui n'est autre que le Château.

J'arrive enfin à la cafétéria où le plus gros des étudiants se trouve. Je repère tout de suite trois sorcières, les premières que je croise depuis que je suis entré dans cette maudite université. Elles sont entourées par une quinzaine d'autres étudiants. Toutes les trois sont magnifiques, toutes ont le même genre de beauté féérique.
La première est blonde aux yeux incroyablement violets ce qui la rend étrange mais très attirante.
La deuxième est rousse et possède des iris émeraude ce qui est courant chez les surnaturels. Elle dégage une aura aussi attirante que dangereuse.
Et la troisième a les cheveux aussi noirs que les plumes d'un corbeau et ses grandes prunelles grises ne reflètent rien.
Elles ont un visage de poupée en porcelaine avec des traits fins et réguliers. Pas une imperfection. Elles incarnent l'image de la femme fatale. Elles sont rayonnantes, belles, pleines de vie. Ce n'est pas étonnant qu'elles soient entourées de tout un fan club. Je suis quand même surpris de voir parmi eux deux loups-garous qui ont l'air attaché à la sorcière qui se tient au milieu des deux autres, celle qui a de beaux cheveux roux. Elle est donc liée à deux loups. A noter. D'après son assurance et le ton qu'elle emploie quand elle parle, je comprends que c'est elle qui commande ici. A mon avis, elle doit être la plus puissante des trois. Mais, je l'imagine mal dans le rôle de l'Ensorceleuse.

Le monstre blond me remarque et m'apostrophe.

- Hey ! Salut, tu es nouveau ici ? C'est la première fois que je te vois.

Elle me lance un sourire aguicheur qui serait capable de faire chavirer de nombreux cœurs. Mais dommage pour elle, le mien est bien trop habitué à leur beauté irréelle et est donc insensible à leurs charmes. Cependant, j'affiche un grand sourire niais sur mon visage et m'approche du groupe. Tous les regards convergent vers moi et je sens qu'on me détaille de la tête aux pieds.

- Salut ! Ouais je viens d'emménager ici. Je m'appelle Tristan.

- Enchantée Tristan. Moi c'est Callie, répond la sorcière rousse. Et voici Sarah et Rebecca.

Callie me désigne tour à tour la fille blonde puis celle aux cheveux noirs. Sarah affiche un grand sourire séducteur tandis que Rebecca se contente d'un simple sourire de politesse.
Leurs admirateurs se présentent ensuite, les filles avec entrain et les garçons avec plus de méfiance, comme s'ils craignaient que je ne vole leur place dans le cœur des sorcières.

"Ne vous inquiétez pas je n'ai pas l'intention de devenir leur jouet" Pensé-je.

- D'où viens-tu ? Me demande Sarah en me faisant signe de m'asseoir à côté d'elle.

Je m'exécute et me lance dans un récit de mensonges auparavant approuvé par Henri. Je viens d'une ville pas très loin d'ici mais je ne m'entendais pas avec ma famille et suite à de nombreuses disputes, j'ai voulu vivre seul, avoir mon indépendance. Alors, d'un commun accord, ma famille et moi avons décidé que je me prendrai un appartement dans une ville proche de celle où elle réside et où je pourrai continuer mes études.
Comme tout bon Chasseur, j'excelle dans l'art du mensonge. Et c'est donc sans surprise que mes auditeurs affichent des expressions convaincues.

Après avoir fait connaissance, Sarah me raconte des anecdotes à mourir d'ennui sur l'université et notamment sur M. Banba, le prof de sport pervers.

- ... et quand elle s'est baissée pour refaire ses lacets, on a tous vu qu'il la matait ! Rigole-t-elle accompagnée par d'autres filles. C'était vraiment gênant pour elle et...

- Anastasia.

Tous les regards se dirigent vers celle qui vient de parler pour la première fois : Rebecca.

- Elle est revenue, continue-t-elle en attrapant la manche de Callie.

Callie et Sarah tournent alors la tête dans la même direction que Rebecca, c'est à dire vers l'entrée de la cafétéria. Je les imite et la vois.

Une jeune femme d'environ dix-neuf ans vient de faire son apparition et se dirige vers notre groupe. Elle est belle, très belle même. Mais d'un charme différent de celui des trois sorcières. Sa beauté est moins flagrante, plus tacite, plus naturelle. Elle n'a pas cette beauté surréaliste qui fait froid dans le dos. Au contraire, son physique donne l'impression d'avoir affaire à un ange mais son petit sourire sadique et cruel ne laisse pas de doute sur sa nature démoniaque. Elle a de magnifiques cheveux auburn volumineux qui bouclent sur les pointes. Sa silhouette est fine mais laisse deviner de belles courbes. Elle porte une courte robe bleue, couleur qui rehausse ses yeux d'un bleu intense. Une force incroyable se dégage de sa personne, elle parait sûre d'elle.

Je remarque ensuite qu'un jeune homme la suit de très près. Il doit avoir mon âge je pense. Sa démarche ne laisse aucun doute sur sa caste. C'est un loup-garou.
La fille arrive à ma hauteur et je croise son regard. Je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine mais je l'ignore. Car je l'ai trouvée.

Cette fille, c'est l'Ensorceleuse.

Aliumnos-L'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant