11- Tu es celle rêvée

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1 an auparavant

La musique était affligeante. Les violons en parfaite harmonie avec les notes jouées par le virtuose au piano. Hadrien, lui, grattait les cordes de sa guitare électrique, accompagnant l'orchestre philharmonique d'Italie. Il flottait au dessus de ses problèmes. Il appréciait ses derniers jours de liberté, avant de retourner à la N.F. Avant de remettre son masque et de gouverner avec son père. Avant de mettre à exécution son plan.

Devant la foule, sur l'estrade, pour la première fois, il avait le sentiment d'être lui-même. Il s'était enfin retrouvé. Né pour être un artiste. Né pour faire passer des émotions.

Là, son être qui vibrait. Sa main gauche, plaquait les accords, sa main droite, grattait fiévreusement les cordes. Son pied droit, appuyait sur le pédalier. Les yeux fermés, il inclinait la tête. 

Pour la première fois depuis des lustres, il se sentait vivant.

Vrai.

Vulnérable.

Libre.

Quand enfin, vint l'épilogue, il prit le micro, entonna son chant. Sa voix cassée, parlait de son amour brisé à jamais.

De rêves volés.

D'espoirs anéanti.

De sacrifices.

De temps en temps, il rouvrait les yeux. Il percevait des visages inconnus qui le souriait. Il le leur rendait. La foule l'applaudit. Il fut comblé et il sut que le temps était venu de rentrer.

Sur le chemin du retour au Pavillon, Hadrien admira la vie se déployer sous ses yeux ébahis. Même la nature dansait. Les arbres, au gré du vent, se ployaient. Les feuilles qui jonchaient sur le sol se mirent à tourbillonner. Les insectes insignifiants accomplissaient leur danse. Elles buvaient le pollen des fleurs, les répandaient ensuite. L'essence même de la vie. Et que dire des oiseaux dans le firmament ? Leurs ailes déployées, ils s'élançaient vers l'inconnu.

La vie était si simple. C'est l'homme qui se la compliquait, parfois en la dénaturant. C'était le cas dans sa propre famille.

Dans la Bibliothèque de chez lui, son père exposait les oeuvres de son arrière grand-mère, Paula. Henri n'avait jamais fait la connaissance de sa grand-mère, une artiste de renommée, tuée pour ses tableaux. Ainsi, le Dirigeant Suprême à l'époque et son père, développèrent une aversion pour l'art. Aversion que n'éprouvait pas Hadrien. En grandissant, il ne put nier les émotions qu'il ressentait naître en lui à chaque fois qu'il les regardait.

Le musicien, avait un très mauvais souvenir de son grand-père, Alain. Celui-ci était responsable des attentats de la France. Il l'avait découvert, lorsque ce dernier, sur son lit de mort, avoua n'éprouver aucun regret pour les pertes qu'il a causées. Hadrien n'était encore qu'un garçon, mais, lorsqu'il entendit les révélations de son grand-père sur les atrocités, il eut mal. Après la mort de ce dernier, il s'enferma dans sa chambre et pleura durant des heures. Son père entamait son nouveau rôle en tant que Dirigeant Suprême, mais pour l'heure, il lui fallait enseigner son pleurnichard de fils.

— Hadrien, il faut parfois sacrifier des vies pour atteindre le sommet. Il a fallu montrer à tout un peuple qu'il courrait un danger, pour devenir LA SOLUTION dont il avait besoin. La France, à l'époque, était trop libre, trop tolérante, trop fragile. Nous l'avons purgé de ces vices !

Des sacrifices...aujourd'hui, le jeune homme en était conscient. Il mesurait tout ce que cela impliquait. Ce fut la raison de son retour à la N.F.

Il était différent.

Il était plus fort.

Il avait un plan.

LIBRE  #wattys2017. Série Brèches (terminée, en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant