23- En prison

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En prison,

À la N.F, c'est la panique ! Les Partisans d'Henri sont nombreux. Ils ne délogent pas de leurs idées obsolètes et provoquent depuis peu un vent de terreur. On ne déplace pas impunément des fondements anciens. On ne créé pas si aisément une nouvelle culture. On ne s'invente pas Dirigeant !

En prison, au chevet d'Henri, Elisa vêtue de cette horrible tenue orange, celle des prisonniers, médite sur une tactique d'évasion.

Elle doit enlever des mains le pouvoir à leur stupide fils et par dessus tout, évincer Capucine, cette ombre au tableau. Fort heureusement, elle est en étroite communication avec Élisabeth, qui par ses charmes et son intelligence, a réussi à se glisser parmi les membres du Conseil. Il faut qu'elle garde la tête froide ! Qu'elle reste maître de ses émotions !

Hadrien...ce fils qu'elle a tant de fois tenté d'éliminer. Déjà, in utero, elle martelait de coups de poings son ventre. Jamais elle ne lui donnait une parole douce. Tant de fois, elle l'avait maudit. Les paroles prononcées à son encontre furent comme des ficelles invisibles qu'elle avait tissées au dessus de la vie de son fils. Elle les tirait avec facilité, du moins, avant l'arrivée de Capucine.

« Tu ne seras jamais heureux »

« Tu ne connaîtras jamais l'Amour »

« Tu vivras dans le Rejet »

« Tu es un échec ! »

En lui imposant sa grossesse, en l'empêchant de faire son deuil de cet enfant si chéri : Antoine, Henri l'avait préparé à détester son seul héritier au pouvoir. La mort de l'enfant aimé, a causé bien des tourments : la distance s'était installée dans leur couple, la douleur s'était insinuée dans leur coeur et le Pavillon tout entier s'était assombri. En elle et en son époux, une haine insatiable s'était logée envers les enfants handicapés. Plus jamais quelqu'un d'autre ne souffrirait de perdre un enfant ! Plus jamais une femme de la N.F ne porterait un bébé mal-formé ou malade. Alors, cette aversion s'était nourrie de leurs tourments. Ils avaient mis en place des suivis médicaux pour toutes les femmes enceintes. Dès que la maladie pointait le bout de son nez, l'avortement était la clé. Lorsque les doutes surgirent, Elisa revoyait le visage doux de son fils, les peines traversées et sa ténacité reprit aussitôt vie. Ils avaient réussi depuis peu à intervenir sur le patrimoine génétique de l'espèce humaine. Le génie même de l'avancée médicale ! Ainsi, dans un futur proche, la N.F regorgerait d'enfants parfaits. Francis Galton avait à l'époque tout compris. Il est primordial de maintenir la lignée des grands hommes sur terre et d'éradiquer les parasites, telles que Capucine.

Elisa est dévastée par la bêtise commise par son fils, en annonçant hier soir que l'Art serait de retour sous toutes ses formes. Mais qu'avait-il en tête ? Ne se rend-t-il pas compte qu'il vient d'anéantir des années de travail à néant ? La poésie, la peinture, la musique...sont réservées aux faibles, aux rêveurs ! En donnant au peuple de l'espoir, Hadrien perdra tout contrôle.

Elle et son mari ont mis des années à mettre des lois en place sur la culture, l'éducation et le mariage notamment. Que va-t-il en être maintenant ?

Elisa a toujours été fascinée de voir comment chez les animaux, on peut faire une sélection pour n'en garder les meilleurs. Au final, tous en tirent profit ! Ainsi, elle et son époux, avaient mis au point ce procédé pour réduire les mariages inter-classes, éviter les mélanges d'union, préserver les qualités intrinsèques des classes supérieurs. Sauf que...Hadrien a épousé Capucine. Si seulement son mari l'avait écoutée...s'il avait tué Capucine...Et si...elle avait pu avorter d'Hadrien...si Antoine serait encore en vie...Ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Mais, on ne bâtit pas un avenir avec des si ! Alors, Elisa est en train d'échafauder un plan.

LIBRE  #wattys2017. Série Brèches (terminée, en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant