26- Rejetée

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Pourquoi est-ce que j'ai si mal ? Pourquoi je me sens à nouveau trahie ? Après tout Hadrien et moi ne sommes pas en couple ! Est-ce que je refoule les sentiments que j'éprouve à son égard ? Est-ce que je me voile la face ?

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Pourquoi est-ce que j'ai si mal ? Pourquoi je me sens à nouveau trahie ? Après tout Hadrien et moi ne sommes pas en couple ! Est-ce que je refoule les sentiments que j'éprouve à son égard ? Est-ce que je me voile la face ?

D'une certaine façon, j'ai commencé à prendre trop à coeur ce mariage. Malgré notre union forcée et les circonstances, je ne peux néanmoins nier qu'Hadrien a une place dans mon coeur. Et désormais je me sens libre, puisque c'est moi qui ait fait le choix de demeurer auprès de lui en tant qu'épouse. À cause de cela, je sens chaque parcelle de mon être souffrir de son aventure avec Elisabeth. Je suis dévorée par la jalousie. Lentement, elle ronge mon âme, fragilise mon coeur, corrodant toutes mes émotions les unes après les autres. Je ne suis qu'un vieux tuyau rouillé. Hadrien ne me regarde plus. Il n'a plus besoin de moi. Il m'a mise de côté, remplacée par Elisabeth, cette femme parfaite.

Ne dit-on pas « lorsqu'on perd quelque chose, on se rend compte de sa valeur » ? Ça y est, je l'ai perdu. Je dois me rendre à l'évidence, je suis tombée amoureuse d'Hadrien.

Maintenant, il me faut un plan. Un plan pour le reconquérir. Il doit comprendre que je tiens à lui et que je ne cherche pas à l'utiliser.

Je suis plantée dans mon atelier, devant une toile d'un blanc impeccable, des pinceaux dans une main, une palette de couleurs dans l'autre main. J'ai besoin de laisser libre cours à ma créativité, de faire appel à mes émotions pour exprimer mon désarroi. La peinture a toujours été mon exutoire. Pour autant que je m'en souvienne, Madelyne, elle, pleurait. Moi, je n'ai qu'à prendre des couleurs pour laisser couler ma peine, ma colère ou ma joie. Maman avait l'habitude de me répéter que c'est une sorte de thérapie. Certains mettent des mots sur leurs émotions, moi, j'y verse des pigments. Refouler et taire mes sentiments n'a jamais été mon fort. Je suis un vrai volcan. Madelyne implosait, moi j'explosais. Elle contenait tout devant son père pour éclater en sanglots avec moi. Moi, quand j'étais en colère, je me fichais de qui était en face de moi, je pétais mon câble, je criais ce que j'avais sur le coeur. Pourtant, ce matin, je ne suis pas parvenue à aligner deux mots. Je suis restée muette, destituée de ma dignité et de ma colère.

Là, je verse sur la toile mes doux souvenirs. Je réussis à dessiner le contour du visage d'Hadrien, ses cheveux ébouriffés, ses longs yeux ourlés de longs cils, sa bouche esquissant un sourire.

— Hadrien, murmuré-je, je suis prête.

Décidée à mettre à exécution mon plan, je me rue dans le dressing à la recherche de la tenue la plus adaptée à faire chavirer son coeur. Une robe ? Une jupe ouverte à mi-cuisses ? Un décolleté ?

— Capucine, fait une voix familière.

Je me rue dans ma chambre pour retrouver Madelyne tout en beauté. Il n'y a qu'elle qui peut porter du jaune canari avec autant d'élégance, sans avoir l'air ridicule. Même si elle n'a jamais eu confiance en elle, Madelyne, malgré ses maladresses, déborde de grâce.

LIBRE  #wattys2017. Série Brèches (terminée, en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant