Drake ne plaisantait pas quand elle disait que c'était un petit studio. Il doit bien faire la taille de ma chambre d'adolescente. Quand elle s'allonge sur le canapé et que je reviens avec des serviettes chaudes et des bandages, elle affiche une grimace de dégoût.
— Qu'est-ce que tu fabriques ?
— Je te donne les premiers soins. Tu saignes !
— Arrête, c'est juste une petite coupure.
Je lève les yeux au ciel.
— Tu parles des hommes, mais tu es pire qu'eux.
Elle sourit doucement avant d'essuyer sa lèvre du revers de la main.
J'applique du désinfectant sur sa coupure avant de bander son bras avec une gaze. Puis je m'occupe d'essuyer le sang sur sa peau. Le silence entre nous m'embarrasse et quand je m'approche de sa poitrine, j'ai l'impression que le moindre contact entre elle et moi pourrait créer des étincelles. Elle ne dit rien, elle se contente de m'observer. Le poids de son regard me fait trembler. D'une voix éteinte, elle me demande si j'ai froid. Je secoue la tête, mais en réalité, je suis glacée. Elle effleure ma joue de ses doigts fins avant de me dire qu'il y a une salle de bains juste à côté.
— Je peux faire le reste toute seule. Va prendre une douche. Les serviettes propres sont dans le meuble. Tu peux prendre des vêtements dans mon armoire aussi. Oh et... L'aspirine, c'est dans le tiroir de la cuisine. Tu ressembles à un zombie.
Deux fois dans la même soirée. Je secoue la tête, exaspérée.
— Toi, tu sais vraiment parler aux femmes.
— À l'évidence, oui. J'ai un joli palmarès qui le prouve. Allez, vas-y.
Je me lève en vacillant. L'adrénaline de la confrontation avec ce type est totalement retombée, mon mal de tête me reprend de plus belle. J'attends quelques secondes avant d'oser mettre un pied devant l'autre. Drake décide de me conduire dans la salle de bains elle-même. Comprenant que je n'arriverai jamais à prendre une douche toute seule, elle attrape un gant de toilette qu'elle trempe dans l'eau chaude pour le passer sur moi. C'est en croisant mon reflet dans le miroir que je vois enfin ce qu'elle veut dire par « zombie ». Mes cheveux sont emmêlés, mes lèvres sont craquelées, ma peau est sale et pâle et mon maquillage a coulé. J'ai du sang sur les joues, les mains, le corps entier. Mes vêtements sont dans un état désespérant. Je me suis écorchée plusieurs fois en tombant. Je ferme les yeux quand elle passe le gant sur ma joue puis sur mes lèvres. Je dois sûrement m'endormir parce qu'elle m'appelle plusieurs fois.
— Ne t'endors pas tout de suite, Heather.
Je la sens retirer ma veste puis ma robe. C'est à peu près au moment où elle passe son gant sur mes seins que je me réveille. Mais l'alcool a totalement engourdi mon corps. Alors je me contente de la regarder me laver le mieux possible. Elle s'attarde sur mon ventre, mes poignets, mon cou. Je trouve que la scène prend une tournure un peu trop sensuelle.
Je l'entends éclater de rire. J'ai dit ça à haute voix ?
— Oui ! Pour une hétéro, je trouve que tu te donnes beaucoup de mal pour transformer ce moment en quelque chose d'érotique.
— C'est toi qui es en train de caresser mes seins.
— Tu préfères dormir avec du sang partout sur toi ?
Je ferme les yeux en souriant. L'alcool me rend tellement téméraire. À moins que ce ne soit elle. J'ai l'impression que je peux tout lui dire. Même des choses incroyablement salaces, elle me suivrait. Alors qu'Eric, lui... Pourquoi est-ce que je pense à lui au juste ? S'il avait été là, ce soir, est-ce qu'il se serait battu avec ces gars pour moi ? J'ai du mal à l'imaginer en train de mettre un coup de poing à un délinquant. Mais Drake... C'était incroyable, sa façon de bouger, de calculer ses coups. On aurait dit qu'elle avait fait ça toute sa vie. Ce qui est sûrement vrai. J'ouvre à nouveau les yeux quand je sens le gant remonter le long de ma cuisse.
— Tu vas me dire que le sang a filtré à travers ma robe et que je suis sale au niveau de ma cuisse ?
Je la vois sourire sous sa mèche bleue.
— OK, ce n'était peut-être pas nécessaire.
Drake relève la tête avant de murmurer :
— Mais je ne te vois pas lutter. Ni protester.
Nous gardons le silence quelques secondes tandis qu'elle remonte lentement jusqu'à ma poitrine puis mon cou. Quand elle est près de mon visage, nos regards se rencontrent. Je l'attrape par la nuque avant de l'embrasser à pleine bouche. Elle lâche le gant pour passer un bras dans mon dos et me ramener un peu plus contre elle. Nos langues se caressent, se découvrent. Sa peau est incroyablement douce, je sens ses muscles se contracter quand je m'aventure au niveau de ses hanches. Elle quitte mes lèvres pour atterrir dans mon cou. Sa langue trace un sillon jusqu'à mes seins. Elle dépose des baisers à la naissance de ma poitrine et la seule idée qui me traverse, c'est de défaire mon soutien-gorge pour aller plus loin. Beaucoup plus loin. Mais elle revient vers mes lèvres tout en maintenant mes bras au-dessus de ma tête, contre le carrelage froid de sa salle de bain. La pièce n'est pas chauffée, mais son corps est comme un incendie. Elle est brûlante et j'ai tellement froid. Elle m'embrasse à nouveau, mais cette fois, le baiser est bien plus doux. Je soupire de plaisir quand je sens ses doigts caresser ma cuisse en remontant très, très lentement.
Elle finit par laisser mes bras retomber le long de mon corps et moi-même, je crois que je vais m'effondrer. Elle m'attrape par la taille et m'entraîne dans sa chambre. Je ne fais pas attention à la pièce, je sens juste son odeur qui imprègne les draps sur lesquels elle me dépose avec délicatesse. Mes paupières sont tellement lourdes que je n'arrive pas à les ouvrir. Les sons sont étouffés autour de moi. Je ne sens plus la chaleur de son corps contre le mien et ça m'inquiète. Comme si elle était un rêve et que j'allais me réveiller auprès d'Eric.
Je ne veux pas me réveiller auprès d'Eric.
Mais je sens un poids se poser sur moi. Je comprends au toucher que c'est une épaisse couverture. Quelques minutes plus tard, je l'entends s'allonger à mes côtés. Je n'arrive pas à la regarder, mais je reconnais son odeur de cigarette. De toute façon, je n'ose pas ouvrir les yeux. J'ai bien trop peur qu'il ne s'agisse que d'un rêve et que tout s'arrête. Alors je risque une main vers son corps brûlant. J'hésite à m'approcher plus, alors c'est elle qui s'empare de moi. Je sens sa main caresser ma joue et la dernière chose que j'entends, c'est sa voix moqueuse qui murmure :
— Et après ça se dit hétéro. Il était temps que tu te réveilles, princesse.
***
Le chapitre n'est pas terminé ! Mais hélas je ne peux pas vous en montrer plus... pour les intéressés, la version ebook et papier est disponible à l'achat sur Amazon ou sur le site de ma ME : homoromance éditions
Le tome 2 est sorti, le tome 3 sort courant de l'automne !
Merci à tous ! ❤️
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AER Club T1 - "The Devil's Game" [Sous Contrat d'Edition]
RomanceFiancée à l'homme de ses rêves, riche héritière d'une puissante compagnie, ravissante et pleine de talents, Heather est heureuse et a tout ce qu'il faut pour réussir dans la haute société New-Yorkaise. Mais au-delà de cette image parfaite, les couli...