18 février 2017, un samedi. J'ai attrapé la grippe, ou un virus qui lui ressemble. Un infâme chatouillis dans la gorge me fait tousser comme un vieux camion. Je crache comme un fumeur de chique. J'ai le nez bouché et je suis épuisée. Pendant plusieurs jours ! Quelle malchance ! Je ne vais pas pouvoir aller à l'atelier ! Un petit mail et hop ! Je préviens la prof que je serai absente. Le mardi arrive, je suis toujours clouée chez moi comme une chauve-souris sacrifiée au Moyen Âge. Je goûte le sublime délice de partager mon temps entre mes livres et les séries télévisées. De temps en temps je pique un somme sur le canapé. J'ouvre un recueil de poésie, je me sers une tasse de thé. Pourquoi chaque jour ne s'écoule-t-il pas ainsi, paisiblement, au diapason de soi même, libérée de toute contrainte autre que mes simples volontés ?
Réponse : parce qu'il faut payer le loyer et puis c'est tout !! Voilà !
En fin de journée, l'enseignante envoie un mail à tous les absents qui ont manqué la séance : elle nous explique que les participants ont terminé les lectures de leurs textes sur les migrants chinois et que nous passons au sujet suivant (tant mieux ! Adieu sujet morbide !). C'est très simple : elle nous donne la fin d'un texte, il faut imaginer le début. En l'occurence, dans la fin du texte qu'elle donne, c'est un objet qui parle (oui, oui : c'est surréaliste). Du coup, pour construire le début, il faut faire croire le lecteur que c'est une personne qui raconte son histoire. Et à la fin du texte, paf ! Le lecteur découvre qu'en réalité, le narrateur est un objet. Bah oui, vous savez, comme dans Harry Potter ! Un peu de magie !Le but de l'exercice est de nous faire travailler la chute d'un texte, c'est à dire le choc que ressent le lecteur quand il est surpris. Quasiment aussitôt me vient une idée : l'objet ne sera pas une télévision, comme le suggère le texte de la prof, mais une caméra de surveillance. Je ne peux pas m'en empêcher, il faut que je torde le cou à la consigne ! C'est plus fort que moi... Au début du texte, je ferai croire que le narrateur est un vigile dans un supermarché. Je tiens le texte, il faut l'écrire pendant que c'est chaud et clair dans ma tête. Il me manque un contexte. Surveillance, vigile, danger, ce sera un attentat. On en a connu quelques uns ces derniers temps, c'est donc un sujet d'actualité. Allez, hop ! je me lance, j'écris tout en une heure et je l'envoie non seulement à la prof d'écriture mais également à tout le groupe.
Quelques heures plus tard, SURPRISE ! Les participants me répondent qu'ils ont été abasourdis par mon texte ! L'enseignante s'y met en m'envoyant ses compliments et en disant que j'ai eu une excellente idée avec la caméra de surveillance : peu importe si l'objet qui raconte n'est pas une télévision ! Ce qui compte, c'est d'avoir poussé mon imagination et d'avoir respecté le principe. OUF !! Je n'en reviens pas ! En envoyant mon histoire par mail, j'ai échappé à la lecture en public et en plus, j'ai écrit un bon texte !! ça alors ! Me serais-je réconciliée avec l'atelier... et avec moi-même ?
Le texte de l'attentat existe bel et bien : vous le trouverez parmi mes oeuvres ;)
VOUS LISEZ
L'atelier d'écriture
CasualeAu début, j'étais terrorisée par mon atelier d'écriture. Après, je ne pouvais plus m'en passer. Voici mon témoignage !