L'ange noir Damon (Spin-Off de Black Angels tomes 1 et 2)

Chapitre 55

Repartir est toujours difficile surtout que cette fois ci je ne vais pas revenir avant un long moment. Jusqu'à la fin de mon exil en fait. Six mois. Six mois à rouler et à ne pas la voir. Six mois à aller là où on me demande d'aller et à y faire ce qu'on me demande de faire.

Ma prochaine mission me ramène en Louisiane. La dernière fois, j'étais à Bâton-Rouge. Là, je dois aller à la Nouvelle-Orléans. Le berceau du jazz. Et qui dit jazz, dit festival. Et qui dit festival, dit la présence des plus grands musiciens. Je sais d'avance ce que j'aurai à faire : assurer la surveillance et le bon déroulement des concerts.

L'avantage dans ce genre de mission c'est qu'on peut écouter de la musique gratuitement, souvent aux meilleures places, près de la scène. Pourquoi se ruiner pour un billet d'entrée puis être mal installé?

506 miles. Le trajet me semble long. Et malgré que nous soyons en hiver, la douceur du sud a du mal à me réchauffer. J'ai froid. Malgré mes gants, malgré le foulard qui recouvre le bas de mon visage. Il est vraiment temps que je m'arrête et que je me repose un peu. Manger et dormir c'est tout ce dont j'ai besoin.

Alexandria, en Louisiane, sera mon étape pour la nuit. 303 miles déjà d'effectués. Je m'arrête au premier motel que je trouve, réserve une chambre, puis après avoir pris une bonne douche, je pars à la recherche d'un diner.

Au premier abord, j'aurai eu du mal à imaginer que cette ville, qui me semblait banale, puisse posséder un aéroport international. Première surprise. Ensuite, la ville est bien plus grande que je ne le pensais. C'est un Dallas en miniature. Buildings, quartiers résidentiels. Une ville quoi.

Je roule un peu, au hasard des rues, et tombe sur une avenue commerçante. Le bruit que fait ma moto n'échappe à personne et je ne compte plus les groupes d'adolescentes qui gloussent en me regardant passer. Désolé mais je ne fais pas dans les cours de récréation.

Quand je me gare un peu plus loin, devant un diner, j'ai encore droit à un fan club relativement peu discret au vu des chuchotements et regards appuyés. Je les ignore puis entre pour déjeuner. Assis à une table qui donne vue sur ma moto, que je surveille du coin de l'œil, je me rends compte que c'est le rendez-vous des lycéens ici. Par petits groupes, filles ou garçons, ou filles et garçons, ils sont là, à boire un milk-shake ou à manger une assiette de frites, entièrement recouvertes de ketchup. Ils doivent être élèves au lycée du coin puisque les garçons portent un blouson bleu aux manches blanches, probablement les couleurs de leur équipe de football américain. Ils rient, se chamaillent, heureux dans leur vie d'adolescents, loin des problèmes des adultes/ 

Je passe commande d'un bon burger frites, avec un coca, auprès d'une serveuse aux cheveux blancs. Quand elle pose mon assiette et mon verre devant moi, j'ai à peine commencé à manger qu'une gonzesse s'installe sur la banquette face à moi.

"Salut" dit elle

Je lève un œil inquisiteur vers elle et répond :

"Salut"

Quelques secondes pour l'observer et je baisse le regard vers mon assiette. Elle a tout de la petite bimbo lycéenne. La populaire. Entourée de sa cour de copines qui doivent se pâmer devant elle pour un oui ou pour un non. Blonde, yeux bleus, un décolleté qu'il laisse entrevoir une poitrine généreuse, et un rouge à lèvres si vif qu'il doit laisser des traces partout où sa bouche pourrait traîner. Le genre de gonzesses que je me taperai bien mais avec quelques années en plus. Mes warning se mettent en route et m'alertent aussitôt. MINEURE. MINEURE. MINEURE.

"Tu es nouveau? Je ne t'ai jamais vu ici" susurre t'elle d'une voix langoureuse

"De passage seulement"