Il fait nuit quand la dernière éleve sort de l'école de danse. Après vingt minutes d'attente dans le froid, mes doigts sont engourdis à leur extrémités et mes mains sont prises de tremblements. Mon père est en retard, comme souvent. Il a toujours eu du mal avec mes horaires et depuis que nous avons déménagé, ça ne s'arrange pas .
Une voiture fait un appel de phare, c'est lui. J'avance dans l'allée éclairée par un unique lampadaire. Mes pas résonnent, leur son se répercute sur les bâtiments qui sont de chaque coté de l'allée et un nuage de condensation sort de ma bouche. Je me sens soudain observé et j'accélère la cadence. Depuis quelques années j'ai fréquemment l'impression d'être suivis mais depuis que nous sommes ici, ma paranoïa est de plus en plus envahissante, surtout que je m'affole toujours pour rien.
Quand j'arrive à la hauteur de la voiture, je ne prend pas la peine de mettre mon sac de danse dans le coffre et monte à la place avant. Le chauffage est tellement fort que que transpire quelques secondes après avoir refermé la portière.
J'accroche ma ceinture, le sac de danse à mes pieds, pendant que mon père démarre. Il est au téléphone. Je parie que son interlocuteur est mon oncle, son frère et collègue. Il y a une dizaine d'années, ils ont décidé de monter une entreprise d'agent immobilier et avec le déménagement ils ont vue l'opportunité d'élargir leur zone d'activité à une deuxième régions.
Les quinze minutes de trajet se font avec la moitié d'une conversation. Ça ne me dérange pas plus que ça, mon père n'est pas un grand bavard, surtout avec moi. J'ai hâte que les jours se rallongent pour pouvoir aller à la danse en vélo et ne pas dépendre de quelqu'un .
En arrivant à la maison j'aperçois à travers la vitre de la portière, recouverte d'une fini couche de poussières, que les volets de la cuisine sont toujours ouverts .Maman a dû oublié de les fermer.
Je sors en prenant garde à ne pas taper la portière contre le muré qui longe mon jardin. J'ouvre le portail pendant que papa ferme la voiture et me rencontre que Dialyse est toujours couchée dans sa niche. Elle se fait vieille et elle a mal supporté le déménagement.
Dialyse, c'est ma chienne. C'est moi qui l'ai réclamée, choisie et nommée. Pour convaincre mes parents, je semais des images de chiens un peu partout dans la maison, de la table de chevet de ma mère au réfrigérateur. Quand mes parents ont accepté, et nous sommes aller au chenil le plus proche. Pendant que ma mère observait les chats, mon père et moi étions allés voir les chiens. Parmi le teckels rigolo et le croisé epagnol gracieux, j'ai été fascinée par la démarche pataude d'un bébé cane corso de quelques mois . Mes parents ont d'abord hésité en pensant à la taille adulte du molosse puis je ne sais par quel miracle, ont accepté sans que j'ai besoin de faire de caprice. Quand il a fallu lui donner un nom je trouvais que« dialyse » avait une sonorité agréable, sans avoir la moindre idée du sens de ce mot, j'avais cinq ans.
Je m'approche de sa niche et il suffit que je lui gratte le haut du crâne du bout des ongles pour qu'elle se lève et me suive à l'intérieur de la maison. Je ferme la porte derrière moi, papa va finir sa conversation téléphonique dehors.
J'ôte mes boots bleues nuits et les pose au pieds du porte manteau. Une légère odeur de pizza surgelais flotte dans l'air mais je ne vois pas maman dans la cuisine, je vais sans doute la croiser en allant dans ma chambre, la maison n'est pas bien grande.
Ma chambre non, plutôt notre chambre pour le moment. En effet je la partage avec mes frères, Dorian dix neuf ans et Maxence sept. Enfin je les tolère. Mon aîné, Dorian va dans quelques jours partir faire ses études à Paris et dort dans mon canapé-lit. Mon petit frère Maxence lui dort sur un matelas gonflable tant que sa chambre n'est pas habitable. Pour l'instant ce n'est qu'une pièce avec une fenêtre mal isolée, des dalles de carrelage cassées et une fuite dans le toit, en plein milieu de la pièce. Mes parents n'ont pas voulu qu'il y dorme, pourtant l'idée me plaisait : ça lui aurait appris la chance d'avoir une chambre bien chaude et il aurait pu dire à ses enfants que leurs grand-parents sont des tortionnaires ... Mais mes parents n'ont pas réussis à visualiser un gamin de sept ans vivre dans cette pièce.Tant pis...
YOU ARE READING
Les yeux aigues marines
Ficción GeneralAndréa viens de déménager et essaye de s'adapter à son nouvel environnement. Malgrè les coups durs, la vie continue et la danse, sa passion, rends ceux ci plus simple à gérer. Mais quand la vérité éclate, peut-elle continuer comme si rien ne s'était...