Chapitre 3

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« Cher Journal,

Hier, j'ai croisé le poisson pourri avec sa nouvelle fiancée. Au passage, elle était très moche, si tu l'avais vu, tu aurais vomi direct, mais avec le temps, j'ai appris à ravaler mon vomi. Il était venu dans la même boutique que moi avec la même raison : trouver un gâteau de mariage. À coup sûr, ce poisson pourri va prendre le même gâteau que moi et celui-ci sera un exemplaire unique. Ne me demande pas pourquoi il sera en exemplaire unique, je ne le sais pas non plus, je suppose que la vie aime me faire chier.

Sauf qu'hier, je n'ai pas choisi le moindre gâteau. Pourquoi me demanderas-tu ? Eh bien ce ne sont pas tes affaires, stupide journal. Je sais que tu vas tout balancer à Myriam un jour ou l'autre alors jamais je ne te ferais confiance. Donc tu ne sauras rien et d'ailleurs, tu ne devrais même pas savoir ! Arrête de vouloir tout savoir de ma vie ! Tu es un journal intime, pas ma mère ni mon père ! »

J'arrache la page du journal et la mange. Voilà, tous mes secrets seront enfouis à tout jamais dans mon estomac. Dans les films, ils brûlent les papiers ou les enterrent, mais il y a toujours quelqu'un qui découvre la vérité. Moi, je ne ferais pas cette erreur, parce que je suis Spencer Parks.

— Et le monde entier sera à mes pieds un jour ! m'écrié-je sans m'en rendre compte.

Myriam me regarde bizarrement.

— Pourquoi tu parles toute seule ? Et qu'est-ce que tu manges ? me demande-t-elle en arquant un sourcil.

— Je répète une pièce de théâtre, je prétends avec un grand sourire.

— Tu ne fais pas de théâtre, rétorque-t-elle en fronçant les sourcils.

— Mais tu n'es pas un détecteur de mensonges donc tu ne sais pas si je mens.

— C'est du papier que tu manges ?

J'avale d'un coup le papier qui restait dans ma bouche. En vrai, c'est dégueulasse. Mais sûrement meilleur que du poisson pourri.

Voulant détourner son attention, je lui tends le catalogue du magasin de gâteaux.

— J'ai trouvé ça ! m'exclamé-je.

— C'est un catalogue.

— On va pouvoir choisir notre gâteau ! m'enthousiasmé-je.

— Spencer, tu as dit que tu te chargeais de tout et tout ce que tu prends me plaira, soupire-t-elle.

Elle a un air triste et j'ai l'impression d'avoir merdé quelque part. Je ne comprends pas. Elle me rappelle une dernière fois qu'elle espère que tout sera prêt à temps et quitte la pièce. Quelque chose ne va pas et je ne comprends pas pourquoi...

*

Le lendemain, je retourne au magasin de gâteaux. En vrai, c'est une pâtisserie, mais c'est tellement plus drôle d'appeler ça magasin de gâteaux. Cependant, quelque chose d'incroyable m'interpelle dans mon chemin. Je n'arrive pas à le croire. Comment ça peut être possible ?

Un camion à glaces !

Je me rue vers le camion et pousse tous les gamins de la file. C'est bon, ils ont tout leur mercredi après-midi pour attendre, pas moi. Bande de sales morveux !

— Madame ! Faites la queue ! s'exclame le vendeur.

Je lui lance un regard tueur et un gamin me fait un coup de pied dans le tibia.

— NON MAIS OH TU TE CALMES TOI ! crié-je au gosse.

— TU FAIS LA QUEUE COMME TOUT LE MONDE SALE CONNASSE ! hurle-t-il.

— VA VOIR TA MAMAN ET ME FAIS PAS CHIER !

Je m'attendais à ce qu'il parte en chialant, acceptant sa défaite envers la sublime Spencer Parks, mais il va voir sa maman en criant comme un cochon qu'on aurait égorgé et revient avec sa mère, tous les deux l'air furieux. Si Michael Bay était là, il mettrait forcément une explosion derrière eux. Et Vladimir Poutine.

— Mademoiselle, votre comportement est–

— Alors d'abord on dit pas mademoiselle mais madame, espèce de caca boudin, la coupé-je.

— Madame, se corrige-t-elle, l'air blasé. Votre comportement est inacceptable.

— J'ai le cancer.

Elle fronce les sourcils, comme si elle avait l'air désolée.

— Le cancer de la progéria, ajouté-je.

Soudainement, elle me gifle. Je ne comprends pas pourquoi.

— Arrêtez de vous trouver des excuses ! Et c'est très insultant envers les personnes réellement malades !

Le pire, c'est qu'elle a peut-être raison. Si seulement il y avait Michael Bay pour mettre une explosion, ça m'arrangerait bien quand même... Jamais là quand il faut !

— Vous n'êtes pas médecin ! rétorqué-je, fière.

Elle me montre sa blouse blanche.

— Ça ne veut rien dire.

Elle me fout sa carte de travail sous les yeux.

— Ça ne veut toujours rien dire, insisté-je.

— Vous devriez avoir honte !

— Ça ne veut encore rien dire.

Elle lève les yeux au ciel puis m'ignore pour prendre la glace de son fils. Ce dernier me tire la langue et je fais de même.

— Tu pues de la gueule, lance-t-il.

Sale gosse.

Tout ça, ça m'a dégoûté des camions à glace. Pour la peine, je vais dire qu'ils sont nazis. Après tout, ils l'ont bien mérité.

Je reprends donc mon chemin vers le magasin de gâteaux. Après, il va falloir que je choisisse tout un repas et ça va être compliqué ça.

J'entre dans le magasin et avec horreur, je revois le poisson pourri. Mais qu'est-ce qu'il fout encore là ? Pourquoi faut-il qu'il me pourrisse à ce point ma vie ? En plus, il y a sa truite avec lui !

Comme la dernière fois, je prends un catalogue et me cache derrière. J'espère qu'ils vont partir rapidement et ne pas me voir.

Et merde...

Mariage pluvieux, mariage arc-en-ciel [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant